18 juillet 2021 7 18 /07 /juillet /2021 06:23

de Paul Verhoeven France 2020

avec Virginie Efira, Daphné Patakia, Charlotte Rampling, Lambert Wilson 

Sélection officielle Cannes 2021

Italie XVII° siècle.  Alors que la peste se propage Benedetta Carlini rejoint le couvent de Pescia en Toscane. Dotée de certains "pouvoirs" la jeune Benedetta va bouleverser peu à peu l'ordre des soeurs dans sa nouvelle communauté 

Benedetta

Le public rouennais avait découvert le cinéaste néerlandais grâce au festival du cinéma nordique avec deux films révélateurs de ses thèmes de prédilection -sexe, violence et religion- Turkish délices et la chair et le sang.

À 82 ans le réalisateur -qui adapte librement le livre de Judith C. Brown (« Soeur Benedetta, entre sainte et lesbienne ») n’a rien perdu de sa superbe, même s’il est moins sulfureux !! Ainsi la débauche de sang (faux stigmates, décapitations qui hantent les visions cauchemardesques de Benedetta, dos flagellés, par exemple) les zooms sur les bubons de la peste, le godemiché à l’effigie de la Vierge brandi comme une croix avant d’être inséré dans le vagin, les différents clones du Christ au sexe féminin, dont Benedetta est l’amante, les crises de possessions hystériques, relèvent presque du kitsch et font sourire. L’insistance sur la " monstruosité"  n’est-elle pas caricaturale dans son outrance même  ? (jusqu’à l’oeil du judas paré de toutes ses connotations)

 

On sait que chez Verhoeven c’est le corps (entendons la matérialité, la corporéité) qui parle en premier : verres brisés, tessons, étoffes, cliquetis (armes et ustensiles) détonations qui embrasent les cieux de leur fol ouragan, spasmes de l’orgasme. Une musique "concrète"  qui se mue en fracas tout comme Benedetta entremêle ses pulsions érotiques pour la novice Bartoloméa et celles pour son amant crucifié ! Et le corps dénudé de Virginie Efira s’impose lumineux de Désir à l’ombre des murs grisâtres du couvent de Pescia

 

C’est avec humour que Paul Verhoeven dénonce -à travers les personnages de la supérieure Felicita (Charlotte Rampling sublime) et du nonce (Lambert Wilson, comique décalé)- les outrecuidances de l’église catholique de l’époque (nous sommes au XVII° siècle) son inhumanité son âpreté au gain (et la séquence d’ouverture le prouverait aisément) sa cruauté ses hypocrisies

 

Par-delà le délire mystique et la puissance de la Chair, le film (qui n’est pas un brûlot) fait la part belle aux pouvoirs de la femme (damnée et adulée) et sans vraiment convaincre il peut « séduire » par son mélange d’humour et de noirceur

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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