1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 14:07

Documentaire réalisé par Catalina Mesa (France Colombie 2016)

il est dédié à sa grand-tante 

 

femmes interviewées: Cecilia Bohórquez, Manuela Montoya, Elvira Suárez, María Fabiola García, Luz Gonzáles, Licinia Henao, Ana Luisa Molina, Celina Acevedo, Laura Katherine Foronda, Luz Dora Henao, Rosa Margarita Velázques ou encore Emilsen Ríos

 

 

Argument: 

À Jericó, village de la région d’Antioquia en Colombie, des femmes d’âges et de conditions sociales différentes évoquent les joies et les peines de leur existence. Leurs histoires se dévoilent l’une après l’autre, ainsi que leur espace intérieur, leur humour et leur sagesse. Chila, Luz, Fabiola, Elvira… tour à tour frondeuses, nostalgiques, pudiques et impudiques. Un feu d’artifices de paroles, de musique et d’humanité

 

Jericó, le vol infini des jours

 

Entre le premier plan sur un ciel où se grave un texte poétique sur le village de Jericó et le dernier où le même ciel est constellé de cerfs-volants nous aurons vu et surtout entendu huit femmes (dont une centenaire) évoquer leur quotidien leur passé leurs grands bonheurs et leurs grandes douleurs, leur conception de l’existence….Y aurait-il osmose entre la truculence de certains de leurs propos et les couleurs -souvent criardes voire kitsch des façades et des intérieurs ? En tout cas un lien très fort relie le cadre de vie – cuisine bibelots rosaires – et la personnalité de ces femmes filmées avec empathie et respect, femmes gardiennes d’une mémoire inviolée !

Les plans d’ouverture -panoramique sur le paysage alentour, avec ses plantations ondulantes, plongée sur les toits de tuiles, frontal sur des fenêtres et des portes très colorées, gros plans sur un détail du visage, un œil que l’on maquille , invitent le spectateur à se familiariser avec un environnement (même si parfois celui-ci ressemble à une carte postale), sorte de quadrillage qui va sous-tendre un autre maillage (celui des parcours de Vie) Écouter Chila, Luz, Fabiola Elvira Celina Licinia, c’est s’immiscer dans des récits où ce qui est fugitif éphémère va se figer dans la fixité de l’éternel ! De même que le village est une enclave dans la région d’Antioquia, de même sont préservées des traditions que la parole  exhume.

Les récits/parcours de vie, loin d’être fragmentés en huit portraits (première impression) convergent (la musique de Teresita Gomez assurant les raccords) vers des thématiques communes : religion, transmission de valeurs. On peut être « surpris » par l’omniprésence (objets et discours) de la religion aux accents de religiosité ; on le sera moins par cette volonté de léguer aux générations futures un patrimoine intellectuel et moral (à plusieurs moments d’ailleurs voici qu’apparaissent dans la croisée le visage de jeunes enfants et ce n’est pas pur hasard si au final ce sont un garçon et une fillette qui, maniant leurs cerfs-volants, guident vers le ciel le « vol infini des jours »)

 

Un fils disparu depuis 20 ans kidnappé par la milice et la mère traumatisée ne peut retenir ces perles de douleur qui sillonnent son visage mais très vite une force quasi insoupçonnée « il faut aller de l’avant » évitera le pathos conférant au personnage sa dignité. Un mari mort accidentellement laissant une veuve et 9 orphelins ?nulle lamentation dans la « confession » mais la mémoire vivace de l’être aimé ! Ou encore cet aveu « À 102 ans je dois me préparer à ma nouvelle Vie »

 

Une parole enluminure

Un film documentaire RARE à ne pas rater !!! (séances Omnia lundi 15h50 et mardi 18h)

 

Colette Lallement-Duchoze

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