19 février 2024 1 19 /02 /février /2024 08:10

d'Adrew Haigh (G-B  USA 2023) 

 

avec Andrew Scott Paul Mescal, Jamie Bell, Claire Foy

 

 

librement inspiré du roman  Strangers de Taichi Yamada

À Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a grandi.

Sans jamais nous connaître

Ouvrir ou ne pas ouvrir sa porte, celle d’un appartement à l’intérieur d’un immeuble géant mais déserté par l’humain (prodigieuse façade dont un plan prolongé envahit tout l’écran) ; une porte et ses connotations (ouverture sur un monde, autre car singulier, sur le passé revisité, sur les possibles peuplés de fantômes souvenirs ); faire coïncider les affres de la création (angoisse de la « page blanche ») et la recherche d’un passé dont on porte toujours les stigmates ; assumer son homosexualité ; caresser le grain d’une peau humer l’odeur tracer l’effilé du regard ou le contour d’un sourire capté dans l’intimité à la fois sensuelle et pudique  -Eros-; parler avec ses parents miraculeusement ressuscités -Thanatos- . Oui il y a tout cela dans le film d’Andrew Haigh où le personnage principal est de tous les plans (subtile tromperie du tout début où Adam est comme "vautré" dans sa solitude; mais il aura suffi  d'une alerte incendie, d'une rencontre inopinée pour que tout bascule   );  où les atmosphères (très travaillées) aux tonalités pastel le plus souvent ont ce quelque chose de cotonneux ou d’embué bleuâtre qui épouse la descente (ou remontée c’est selon) vers le souvenir l’orgasme la création ; où abondent les effets spéculaires; où la douloureuse impossibilité de faire le deuil ira s’amenuisant au fur et à mesure que se libère la parole (celle qu’on aurait aimé entendre, celle d’un père entre autres celle d’une mère encore plus corsetée dans ses clichés réducteurs sur les enfants « queer »  !)

Le tempo est assuré par ces allers et retours en train (de l’appartement à la maison de l’enfance) par l’alternance entre scènes familiales (avec la prégnance du réel même si Adam est plus âgé que ses géniteurs, il les « retrouve » le temps de ses visites tels qu’il les avait enserrés dans l’écrin mémoriel des années 70 80) et séquences dans l’appartement (où Adam vivait seul…) ,par le jeu sur les temporalités (présent et passé, présent et imparfait, passé et futur antérieur), par l’irruption du cauchemar (cris et images déformées de celui qui souffre d’un trauma originel, de ses démons intérieurs) qui contraste avec l’apparente quiétude (cf le sourire de l’acteur  Adam Scott ou les rires de Paul Mescal)  

On sera sensible (forcément tant le film nous y oblige) à la porosité de la frontière entre rêve et réalité (le fantôme est là palpable dans la contingence devenue nécessité) à toutes les thématiques abordées et incarnées par 4 personnages (deuil famille solitude orientations sexuelles)

Cela étant l'impression désagréable de l’artificialité  aura gâché  le simple « plaisir » de « regarder » ; (moins celui d’écouter « the power of love ou Always On My Mind )

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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