de Frédéric Mermoud (France Suisse 2023)
avec Suzanne Jouannet (Sophie Vasseur) , Marie Colomb (Diane Le Goff), Maud Wyler, (professeur en sciences physiques) Maryline Canto (la mère de Sophie) Antoine Chappey (le père) Matthieu Rozé (l'interrogateur Polytechnique)
Sophie est une lycéenne brillante. Encouragée par son professeur de mathématiques, elle quitte la ferme familiale pour suivre une classe préparatoire scientifique. Au fil de rencontres, de succès et d’échecs, face à une compétition acharnée, Sophie réalise que son rêve, intégrer Polytechnique, représente plus qu’un concours… un vrai défi d’ascension sociale.
Le film s’ouvre sur des scènes de l’exploitation familiale. Motivée, Sophie « trime » avec méthode (nourrir les porcs dont les gros plans sur les défenses de leurs mâchoires avides et le groin rosâtre envahissent l’écran) ; elle assume aussi les tâches administratives (fournir les documents adéquats pour l’obtention d’une subvention). Se dessine en filigrane le choix politique d’une société qui privilégie la grande exploitation aux dépens des petits producteurs ou éleveurs (dont la famille de Sophie qui peine à "joindre les deux bouts".)
Lycéenne brillante en math, elle va (boostée par son prof), abandonner le projet initial -études universitaires courtes en IUT-, et emprunter « la voie royale », celle des Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles, en intégrant le prestigieux lycée Descartes à Lyon en MPSI.
A travers le parcours de cette lycéenne, "transfuge de classe", c’est tout un "système" qui est radiographié, mis à nu. Celui qui privilégie méritocratie, travail forcené, celui qui -sous couvert d’égalité des chances- reproduit la société les avantages d'une classe, les cloisonnements inamovibles, et la voie royale qui prépare les futures élites est précisément celle de la concurrence féroce. Victime de vexations et d’humiliations, victime de l’intransigeance de certains professeurs, soumise à un véritable rouleau compresseur, Sophie aura-t-elle la force de s’en « sortir » ?
Le film est bien trop appliqué dans cette démarche (dont le tempo est scandé par l’alternance entre séquences à la campagne et séquences au lycée, elles-mêmes alternant bizutage « bon enfant » et exigences quasi surhumaines de l’apprentissage, explosions de joie et de souffrances, rires et larmes, images d'élèves statufiés, en cours, lors des "colles" ou des "contrôles" écrits et étudiants qui "lâchent prise", cadrages sur le personnage principal et vues d'ensemble sur le groupe).
Film bien trop convenu dans la forme, dans le propos, dans la caricature (celle du jeune "macronien", celle de l’étudiant démuni hébété), dans les archétypes (le frère et les parents de Sophie, les parents et le frère d'Hadrien)
Cela étant il est soutenu par des acteurs talentueux dont le duo Suzanne Jouannet / Marie Colomb, Maud Wyler en prof de sciences physiques moins sadique qu’il n’y paraît
Vous avez dit entêtée, butée ? Sophie l’est assurément ! Or si elle veut entrer à l’X c’est précisément pour changer la société, de l’intérieur, ne plus être dépendant du pouvoir captif délétère de l’argent.
En cela le film s’inscrit dans cette tendance qui se profile chez certains jeunes : dire non au formatage séculaire de l’Ecole puis à l’asservissement….. aux entreprises du CAC40.
Avoir emprunté la voie royale a dessillé les yeux de Sophie
La voie royale un message d’espoir ??
Colette Lallement-Duchoze
« changer la société, de l’intérieur, » : Cela me fait penser à l'argument souvent avancé par les RH pour tenter de convaincre les nouveaux diplômés de rejoindre leur entreprise.
Comment peut-on imaginer qu’un jeune diplômé arrivant en « bas » de l’échelle puisse réellement « changer » une entreprise…
Même E. Faber, ancien PDG de Danone, s’est fait remercier alors qu’il essayait d’apporter un changement…
Le changement, s'il-y-a, viendra d'ailleurs.
Fabien 16/08/2023 11h40