29 juillet 2023 6 29 /07 /juillet /2023 05:09

de Fyzal Boulifa (Maroc 2022)

 

Avec Aïcha Tebbae, Abdellah El Hajjouji, Antoine Reinartz

 

Musique originale Nadah El Shazly

Sélection Giornate degli autori (Mostra de Venise) ·

Festival de cinéma queer lyonnais Écrans Mixtes : Grand prix Mastercard et double prix d’interprétation.

 

 

Fatima-Zarah traine son fils de 17 ans, Selim, de ville en ville, fuyant les scandales qui éclatent sur sa route. Quand Selim découvre la vérité́ sur leur passé, Fatima-Zahra lui promet un nouveau départ. Ils arrivent alors à Tanger, où de nouvelles rencontres leur donnent l’espoir d’atteindre la légitimité́ qu’ils recherchent tant. Mais ces aspirations menacent la relation fusionnelle qui les lie depuis toujours

Les damnés ne pleurent pas

Un « couple » chaotique et fusionnel à la fois. Elle Fatima-Zahra la mère, outrageusement fardée -le maquillage comme écran sur un passé peu glorieux ?-, croqueuse d’hommes, cabotine et pétulante à souhait et fière de l’être ; lui Selim 17 ans, taiseux et fougueux tout à la fois, l’enfant orphelin de père, en quête d’identité et de… travail. (Duo interprété par deux acteurs non professionnels Aïcha Tebbae et Abdellah El Hajjouji) Après des errances, de ville en village, après les "révélations"  comme autant de coups de poignard pour le fils, de déconvenues en déconvenues, l’escale à Tanger sera-t-elle la promesse d’un « nouveau départ » ? C’est un des enjeux de la narration !

Aux déplacements dans l’espace (le duo de damnés, forcément marginalisés, trimbale ses baluchons dans des installations provisoires) répond en écho le va-et-vient sentimental entre fusion et rejet; aux " occupations"  de la mère répondent celles du fils qui découvrira son homosexualité dans les bras d’un « chrétien blanc » (lequel représente ces « colons » friqués en quête d’expériences sexuelles tarifées ; mais son « portrait » est  nuancé !!)

Le réalisateur d’origine marocaine et vivant en Angleterre inscrit ainsi son film dans un contexte socio-politique précis (le poids des traditions, la vie dans les riads et l’homosexualité, le prototype du « bon musulman » polygame en la personne du chauffeur de bus) mais sans vraiment s’appesantir : l’essentiel est cette force qui émane du couple mère/fils: souvent désaccordé (damnés qui ne pleurent pas !!! et si larmes il y a, elles sècheront toutes seules) la force de l’espoir, de l’amour authentique qui survit malgré tous les malgré

En revanche Fyzal Boulifa, rend très palpable le sentiment de la honte. Ecoutons-le,  interviewé par le magazine Têtu: "(la honte) c’est pour moi la vraie thématique de fond du film! C’est la honte qui rend leur relation si volatile et si instable, et les empêche d’accepter l’autre. Leur relation est le reflet de la violence qui habite la société marocaine, et dont la honte est un moteur. On retrouve par ailleurs ces thématiques dans le cinéma de Douglas Sirk et de Fassbinder, où la société est critiquée grâce aux émotions intimes des personnages. La honte est un problème majeur, que ce soit au Maroc ou ailleurs. Quand on est gay, la honte est toujours présente, même en Angleterre, où les derniers scandales touchant des animateurs télé ont été la source de déferlements de haine"
"être out, au Maroc n'est pas possible. C'est pourquoi, dans ce film, je me suis concentré sur la construction et l’expression du désir chez des personnages issus de milieux et de culture différents"

 

Un film que je vous recommande !

 

Colette Lallement-Duchoze

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