de Soi Cheang ( 2021 Hong-Kong, Chine)
avec Ka Tung Lam, Yase Liu, Mason Lee, Hiroyuki Ikeuchi
Présenté au Festival de Berlin ainsi qu’à l’Étrange Festival en 2021, ce film vient de sortir sur nos écrans (juillet 2023)
Dans les bas-fonds de Hong-Kong, un flic vétéran et son jeune supérieur doivent faire équipe pour arrêter un tueur qui s’attaque aux femmes, laissant leur main coupée pour seule signature. Quand toutes leurs pistes s’essoufflent, ils décident d’utiliser une jeune délinquante comme appât
Voici un polar à couper le souffle :-sens propre : utilisation somptueuse du noir et blanc, plans larges étonnants, courses effrénées et chutes à répétitions dans un dédale d’ordures de saletés de flaques nauséabondes, visqueuses dont la prégnance délétère est accentuée par la bande-son, jeux de contrastes entre l’imposante verticalité des gratte-ciel de la ville et les rondeurs crépusculaires des bas-fonds -royaumes des trafics en tous genres et des brutalités, pluie incessante qui transforme le bitume, le plastique autant que les visages …A cela il convient d’ajouter l’éclatement chronologique (le film serait un long flash back) et le jeu d’images « mentales » (Cham par exemple imagine, à partir d’un son ou d’une parole -, des scènes qui vont se succéder rapidement à l’écran ) et l’omniprésence de la violence (même dans les instants de « pause » la mort souveraine s’impose).
Pendant presque deux heures, le spectateur serait « mis à mal »???
Si le réalisateur a recours à des archétypes classiques (le duo de flics, la disparité de leurs méthodes, les milieux interlopes, un tueur en série fétichiste, une vengeance personnelle) il insiste simultanément sur une forme de résilience (et l’actrice incarne avec une maîtrise étonnante cette jeune femme qui veut se « racheter » et qui lutte contre les violences de tous les clans : utilisée comme appât par les flics, elle est devenue une balance pour les « siens » les trafiquants, elle doit être châtiée) ; le choix de la « fange » des « limbes » s’en trouve pleinement justifié.
« Cham m’a chargé de te dire qu’il était désolé et qu’il te pardonne »
Certes on pourra toujours déplorer d’évidentes insistances voire outrances (la bagarre interminable avec le tueur, les gros plans sur les blessures, l’acharnement dans les humiliations) et des invraisemblances (cf les empreintes découvertes dans les détritus, le flic qui court comme un dératé dans le capharnaüm du cloaque, même en l’absence de ses lunettes) N’empêche !!!
Limbo, un film à voir !!!
Colette Lallement-Duchoze