de Hong Sang-Soo (Corée du Sud 2022)
avec Ki Joo-bong, Kim Min-hee, Song Se on-mi, Park Mi-so, Kim Seung-yun, Ha Seong-guk
Présenté au festival de Cannes 2023 Quinzaine des Cinéastes
Synopsis : Deux conversations en alternance à Séoul : une ancienne actrice est sollicitée par une débutante tandis qu’un vieux poète reçoit un admirateur. Les deux vedettes esquivent les questions existentielles de leur interlocuteur, la première songe à sa récente reconversion et le second bataille avec son sevrage d’alcool et de tabac.
DE NOS JOURS…, à la manière d’un haïku, invite à guetter ce qui importe intimement, ce qui fait le sel, chaque jour, de notre vie.
J'ai rêvé qu’une fleur me parlait (Sungwon l’ex actrice)
Deux portraits croisés (une actrice à succès reconvertie dans l’architecture, un poète vieillissant célébré par la jeunesse et qui fait l’objet d’un film documentaire) filmés en une vingtaine de plans, deux récits en alternance, deux conversations apparemment distinctes sur la transmission, mais avec des échos, des points communs ou des effets miroir (les deux appartements, les deux "apprentis comédiens" la présence de la guitare, les procédés d’attente, les nouilles pimentées, les questions sur le sens de la vie, les jeux de séduction -terriblement sournois malgré les sourires de circonstance) -
Ainsi d’une séquence à l’autre, d’un appartement à l’autre, d’un trio à l’autre, -et le spectateur est guidé par les informations qui s’affichent en bas de l’écran -encore que parfois il y a discordance entre le texte informatif et la séquence qui suit…!!, voici des " situations" qui frappent par leurs similarités- et comme à l’accoutumée voici une exploration des "possibilités formelles de la narration cinématographique" (recadrages, brusques zooms avant, c’est la spécificité du cinéaste sud-coréen). Ici il s’agit de transmission (talent et passion) et alors même que les deux personnages de référence esquiveraient les questions existentielles, ils s'accordent sur un précepte/principe "vivre sans se mentir à soi-même", professent un "art de vivre" de type épicurien , (l'ex actrice est en "post-dépression" et le poète privé d'alcool et de tabac peine à respecter son sevrage thérapeutique!!!) …. Art de vivre teinté d’humour dont témoignent entre autres la séquence du jeu pierre-feu-ciseaux ou le dernier plan avec un zoom avant sur le poète, alors que par-delà sa terrasse s’éploient majestueusement les toits de la ville
J’ai vu de jeunes spectateurs quitter la salle…. Il est vrai que le Verbe est primordial, que le dispositif narratif et scénique à la Rohmer peut dérouter, que les questions apparemment naïves du jeune admirateur comment on transmet les expériences? « Pensez-vous que la poésie est essentielle à notre époque ?« c’est quoi l’amour ? » ou « c’est quoi le sens de la vie ? et qui suscitent un rire moqueur, participent en fait (à) d’une forme d’autodérision,
Même si De nos jours est empreint de drôlerie (cf les contradictions des personnages "consultés") et qu’il déploie une charte du " savoir-vivre", ce n’est assurément pas (pour moi tout du moins) le film le plus convaincant de ce réalisateur prolifique (cf Ha ha ha, Turning gate, Un jour avec un jour sans, Hotel by the river et surtout le très beau Le jour d’après où le traitement du noir et blanc était digne d’une estampe)
Colette Lallement Duchoze