25 mai 2023 4 25 /05 /mai /2023 09:43

de Valérie Donzelli (2022) 

avec Virginie Efira (Blanche, Rose) Melvil Poupaud (Grégoire Lamoureux) Dominique Reymond (l'avocate) Marie Rivière (la mère) Romane Bohringer (Delphine) Virginie Ledoyen (Candice)  Bertrand Belin (David) Laurence Côte (Catherine) Nathalie Richard (la gynécologue) 

 

 

scénario Audrey Diwan et Valérie Donzelli à partir du roman d'Eric Reinhard paru en 2014

photographie Laurent Tangy

 

Présenté à Cannes Première au Festival de Cannes 2023.

Quand Blanche (Virginie Efira) croise le chemin de Grégoire (Melvil Poupaud), elle pense rencontrer celui qu’elle cherche. Les liens qui les unissent se tissent rapidement et leur histoire se construit dans l’emportement. Le couple déménage, Blanche s’éloigne de sa famille, de sa sœur jumelle, s’ouvre à une nouvelle vie. Mais fil après fil, elle se retrouve sous l’emprise d’un homme possessif et dangereux.

Avertissement : La situation décrite dans ce film, une femme prise dans une situation de harcèlement perverse par son mari, est susceptible de perturber un public sensible.

L'amour et les forêts

Adapté du roman d’Eric Reinhard (paru en 2014) le film de Valérie Donzelli (co-scénariste Audrey Diwan) est une suite de longs flash-backs ; ainsi formulé ce constat serait tout à fait anodin, s’il ne s’inscrivait dans le contexte d’une "parole libérée". En effet dès le premier plan Blanche (saluons la prestation de Virginia Effira, son talent à restituer tant de nuances), le visage presque dévasté le regard comme lointain et pourtant déterminé, est face à une femme (avocate ? psy ?) et elle va DIRE son vécu:  l’emprise, la descente aux enfers, leurs cercles concentriques. Le film sera ainsi ponctué par ce dialogue, une ponctuation dont la fonction narrative et dramatique est évidente : la femme (on apprendra que c'est une avocate)  peut relancer la chronologie, réveiller un détail, susciter, questionner afin de mettre en évidence (et pour le spectateur et pour la victime) la façon dont se construit un système -le mécanisme de l’emprise-,  ainsi que les violences conjugales -qui d’ailleurs vont de pair avec les violences économiques- et au final entreprendre les démarches au pénal !

 

Valérie Donzelli en privilégiant les plans-séquences, non seulement fait monter la tension mais nous plonge en permanence dans la psyché de Blanche. Que Virginie Efira interprète les deux sœurs,  loin d’être une afféterie dans le traitement  de la sororité et de la gémellité, ou l’illustration d’une antinomie - l’introvertie (Blanche) et l’extravertie (Rose)-, relève d’un parti pris : si Rose est censée  "sauver"  Blanche, ne serait-ce pas Blanche qui va (irait) in fine au secours d’elle-même ?

 

Même si dès le début  on  "devine" qu’au terme d’un long parcours de souffrances, c’est à une nouvelle naissance que l’on est censé assister,  la cinéaste a  "construit" son film comme un thriller. A la mélodie du bonheur (première partie  empreinte  de mièvrerie, délibérément assumée ?) va succéder le cauchemar -savamment structuré d’ailleurs, de plus en plus anxiogène, depuis l’éloignement des autres, l’exil de soi, jusqu’à une forme de « folie » et la volonté d’en finir, en passant par l’enfermement, la dépendance, le harcèlement, l’inversion des rôles -le mari diabolique, un narcissique pervers (excellent Melvil Poupaud) tout en plaidant coupable avoue être la « victime ». Et la maison isolée est à la fois prison (c’est la maison de l’enfermement) et métaphore, le réceptacle d’une conscience. On devine les influences des maîtres incontestés dont se réclame Valérie Donzelli (Rohmer, Hitchcock et Demy pour l’interlude musical).

La palette des couleurs ira s’assombrissant, (l’escapade dans la forêt avec "l’amant" où la lumière diffractée éclaire en la saluant la joie reconquise, n’en sera que plus contrastée, d’autant qu’elle réapparaîtra furtivement tels des flashes)

 

Le mouvement le plus "convaincant" serait celui où à l’écran se succèdent à un rythme rapide -sans être trépidant- des mini scènes, comme autant de tableautins : Blanche au lycée, Blanche à la superette, etc. illustrant ses propos en voix off. (quoi qu'elle fasse, quel que soit le lieu , quel que soit le moment, elle est  harcelée épiée, une  spirale infernale  qui la conduira à.... 

Je voulais faire un film très sensoriel, très mental, qu'on ressente vraiment le point de vue de cette femme

 

 

Un film à voir ! assurément! 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

Ps pour les "problèmes"  d’adaptation (du roman à l’écran) cf France5   la grande librairie  du 24/05/2023

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