de Maïwen (France 2022)
avec Maïwenn (Jeanne du Barry), Johnny Depp (Louis XV), Benjamin Lavernhe (La Borde), Pierre Richard (Le Duc de Richelieu), Melvil Poupaud (Le Comte du Barry), Pascal Greggory (Le Duc d'Aiguillon), India Hair (Adélaïde), Capucine Valmary (Louise), Noémie Lvovsky (La Comtesse de Noailles), Micha Lescot (Mercy), Marianne Basler, Luna Carpiaux, Suzanne de Baecque (Victoire)
Soirée d'ouverture, festival de Cannes 2023
Jeanne, jeune fille du peuple avide de culture et de plaisirs, utilise son intelligence et son charme pour gravir un à un les échelons de l'échelle sociale. Elle devient la favorite du roi Louis XV qui, ignorant son statut de courtisane, retrouve grâce à elle le goût de vivre. Ils tombent éperdument amoureux et, en dépit des convenances et de l'étiquette, Jeanne s'installe à Versailles où son arrivée scandalise la cour
Commentaire de Sege Diaz
Le phénomène du transfuge est à la mode et les commentaires à ce propos, parfois déraillent. Comment peut-on admirer ou s'identifier à une jeune femme qui se prostitue auprès des puissants peu ragoutants pour grimper dans l'échelle sociale ? Est-ce cela l'émancipation ? Dans quel but ? Non pas pour renverser l'ordre établi mais pour le conserver à son profit. Oh ! quelle révolution que celle de mettre à la cour des robes rayées que les courtisanes finissent par adopter par mimétisme opportuniste.
Certains critiques et la réalisatrice elle-même ont même vu dans ce film un contenu féministe. Or, ce long métrage qui est l'aboutissement du rêve de princesse d'une jolie jeune femme devenue cinéaste s'inscrit dans l'idéologie dominante des magazines Jours de France, Figaro Madame et Point de vue image du (grand) monde.
Nul doute que ce film co-produit avec les éminents féministes du Golf persique saura trouver fortune : notamment en Angleterre où la moitié de la population reste aliénée et attachée à la monarchie, en France où on s'indigne encore si peu devant l'injustice profonde, et en Amérique pour les mêmes raisons où le bonheur se résume au montant de son compte en banque.
Disons que les seules qualités de ce film reposent sur la richesse des costumes, et la photographie soignée. Pour le reste....les erreurs historiques se succèdent, pour exemple le peintre qui a installé son chevalet au milieu d'un champ pour faire le portrait de la Jeanne enfant. Il est bon de rappeler que ce sont les impressionnistes au 19ème siècle qui ont innové dans le domaine grâce à l'invention des tubes de peinture transportables.
Quant au choix douteux de Johnny Depp, quelle erreur de casting ! On l'imagine mieux dans Napoléon Bonaparte ...Clin d’œil au public américain pour faire entrer les dollars. On a évité le pire, Maïwenn avait d'abord songé à Gérard Depardieu pour interpréter Louis XV.
Un relent nauséabond d'admiration envers la monarchie amorale et hors-sol imprègne le film et le rend difficilement supportable. Les gaffes de la Du Barry ne nous font pas croire à une critique du grotesque des rites de la cour, bien au contraire.
Bref, un film qui a servi de prétexte à Maïwenn pour étaler son narcissisme et qui n'avait pas sa place dans la sélection du festival de Cannes 2023