de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk (Ukraine 2022)
avec Oleksandr Yatsentyuk, Stanislav Potiak, Solomiya Kyrylova
Présenté en avant-première à la Quinzaine des réalisateurs Cannes 2022
Dans une région rurale aux confins de l’Ukraine (Carpates) , Pamfir, véritable force de la nature, retrouve femme et enfant après de longs mois d’absence ( il a travaillé en Pologne)
Lorsque son fils se trouve mêlé à un incendie criminel, (il voulait brûler les papiers de son père pour le forcer à rester jusqu'au carnaval , la fête Malanka le 13 janvier), Pamfir se voit contraint de réparer le préjudice.
Mais devant les sommes en jeu, il n’a d’autre choix que de renouer avec son passé trouble. Au risque de tout perdre.
Depuis l’invasion de l'Ukraine en février 2022 l’intérêt pour le cinéma ukrainien est des plus vifs et chaleureux (exposition dans les festivals, possibilité de distribution). Or le tournage de certains films est bien antérieur à l’invasion et les thématiques ne concernent pas le conflit …Tel est bien le cas du premier long métrage de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk . Il serait vain -voire tendancieux -, de l'analyser à l'aune des événements récents !!!
Affirmer que le film tient du polar, de la tragédie (antique), du conte etc. qu’il brasse plusieurs genres (dont le western et la chronique familiale sur fond de carnaval rural) est une évidence ; le problème est de savoir si précisément cette richesse du spectre narratif ne dessert pas le propos (cf intentions du réalisateur « je voulais dire que s’il y a un absolu, alors celui-ci a toujours un effet secondaire. L’un des points clés était pour moi la question de la conscience, la notion de moralité pour celui qui décide de faire, ou de ne pas faire, quelque chose. Il s’agit en fait du prix à payer pour ce choix. Je veux raconter le récit existentiel d’un être humain et de son combat, d’un homme désespéré qui, pour en arriver au système idéalisé, enfreint un certain nombre de normes éthiques et de lois humaines ».
Or force est de constater qu’un esthétisme artificiel (cf le cadre inondé de rouge ardent par exemple) des lourdeurs, une caméra par moments trop virevoltante, des dialogues trop appuyés, une noire férocité qui confond dès le début humain et bestialité (Pamfir ne respire pas il grogne, et ce tout au long du film ce qu’accentue la bande-son) les allusions trop christiques (cf le dernier plan sur Nazar), la surabondance du « dire » et du « montrer » qui bloque une forme de respiration ou gèle toute poésie, tout cela (et bien d’autres choses) ne saurait faire du serment de Pamfir un film abouti. Même s’il est traversé çà et là de fulgurances (cadrages et couleurs qui rappellent le Caravage pour certains intérieurs ou forêts bleuâtres et glacées de cette région des Carpates à la frontière roumaine). Et même si la prestation de Oleksandr Yatsentyuk (dans le rôle de Pamfir, le roc !!!) et la justesse de Solomiya Kyrylova (qui interprète Olena l'épouse de Leonid.... Pamfir) forcent l'admiration
Au moins aura-t-il l’audace de proposer le tableau d’une Ukraine méconnue (cette région rurale empêtrée dans ses trafics de contrebande avec la Roumanie, et soumise à l’omnipotence despotique de mafieux : Oreste… "celui qui se tient sur la montagne" en est l’archétype)
Colette Lallement-Duchoze
PS: Pour le "contenu" on peut établir quelques parallèles avec le film roumain R.M.N : un point de départ identique : retour du père après des mois de travail à l’étranger (Allemagne, Pologne), critique en filigrane de l’Europe, exploration de contrées laissées en jachère (Transylvanie Carapates ukrainiennes), encore que...cf les festivals "à l'est du nouveau", récurrence de certains thèmes -forêt nature et bêtes-, croyances ancestrales empreintes de religiosité, avec cette remontée de pulsions viscérales, -illustrées par le carnaval la fête Malanka ou les déguisements- , qu’exploite …..l’extrême droite !!