15 septembre 2021 3 15 /09 /septembre /2021 19:24

Documentaire réalisé par Gilles Perret et François Ruffin 2020

 

Mais qui m’a mis cette tête de con ?  » Ce n’est pas le grand amour entre le député En Marche ! Bruno Bonnell et l’insoumis François Ruffin. Et pourtant… C’est parti pour le premier « road-movie parlementaire » à la rencontre des femmes qui s’occupent de nos enfants, nos malades, nos personnes âgées. Ensemble, avec ces invisibles du soin et du lien, ils vont traverser confinement et couvre-feu, partager rires et larmes, colère et espoir. Ensemble, ils vont se bagarrer, des plateaux télés à la tribune de l’Hémicycle, pour que ces travailleuses soient enfin reconnues, dans leur statut, dans leurs revenus. Et s’il le faut, ils réinventeront l’Assemblée…

Debout les femmes!

Après "Merci Patron" et "J'veux du soleil !" François Ruffin persiste et signe avec bonheur un 3ème film en prise directe avec l'actualité : La vie des Assistantes de vie et femmes de ménages, ces femmes sans statut, si peu reconnues, en 2020 pendant le confinement dû au Covid. Le tournage s'est fait à Amiens et la région Nord où le réalisateur a été élu député en 2017, mais aussi en partie à Dieppe.

Comme d'habitude, un film coup de poing où on rit et on pleure. L'émotion est ici au service d'une belle idée : redonner de la dignité à ces femmes précaires qui malgré la difficulté de leur condition aiment leur métier. La méthode de Ruffin est efficace, il les accompagne dans leur travail, les écoute surtout, et se bat à l'Assemblée nationale ("usine à gaz où il ne se passe rien" confesse-t-il lors du débat) pour essayer de mettre fin à leur situation de quasi esclave. Il convoque ensuite une assemblée de femmes qui donne des frissons...

800 € par mois pour un lever à 5 Heures du matin et une fin de journée à 20 H. Ces femmes ne sont payées qu'à la tâche et font un parcours quotidien insensé pour se rendre d'un malade à l'autre, d'un chantier à l'autre.

On perçoit nettement  à travers ce film comment ces métiers du lien si utiles aux handicapés, aux personnes âgées isolées, dépendantes, ces métiers que Macron a reconnu hypocritement comme très mal payés pour ce qu'ils font, n'ont aucun statut ! Elles sont méprisées, ignorées par ceux qui nous gouvernent et font partie de ces 5 millions de pauvres en France.

Ruffin mène le combat, comme à son habitude, en commission parlementaire d'abord en tandem avec un député de la REM non choisi par lui, puis dans l'hémicycle pour qu'un véritable statut de Service public (Education nationale, Santé)  mette fin à l'ubérisation des métiers du social. Ses efforts sont cassés par la droite majoritaire, ses amendements retoqués les uns après les autres. Mais ses efforts  n'auront pas été totalement vains car ça et là, grâce à la mobilisation avec les intéressées menée tambour battant, il décroche quelques victoires dont la liste pas négligeable apparaît à la fin du film.

Avec Ruffin on ne sombre jamais dans le désespoir, certes il apporte la preuve que nous ne vivons pas en démocratie, que la haine de classe des nantis contre les pauvres existe bel et bien, mais il a le talent pour mettre en lumière ces  "derniers de corvée", leur redonner chair et dignité avec courage et lucidité.

 

Allez voir ce film qui donne à voir clairement avec humour sans pathos ce que pourrait être une société où l'économie serait au service de l'humain et non l'inverse. Et dites à vos amis d'y aller, ils seront surpris d'y apprendre tant de choses cachées.

 

Vu à Rouen à l'Omnia le 14 septembre. Sortie nationale dans les bons cinémas le 15 octobre .

 

Serge Diaz

 

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