6 juillet 2021 2 06 /07 /juillet /2021 05:12

d'Agnieszka Holland (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Irlande) 2020

 

avec Ivan Trojan, Josef Trojan, Juraj Loj,  Joroslova Pokornd

Dès son plus jeune âge, Jan Mikolášek se passionne pour les plantes et leurs vertus médicinales. Il devient l’un des plus grands guérisseurs de son époque. Dans la tourmente de la guerre et des crises du XXe siècle, il consacre sa vie à soigner sans distinction les riches comme les pauvres, les Allemands nazis sous l’Occupation comme les fonctionnaires communistes d’après-guerre. Sa popularité finira par irriter les pouvoirs politiques. Accusé de charlatanisme, Mikolášek doit alors prouver le bien-fondé de sa science lors de son procès

 

 

 

Le procès de l'herboriste

 

En faisant   "revivre"  le personnage de Jan Mikolasek (1889-1973)  la réalisatrice propose dans "le procès de l'herboriste" (titre originel "le charlatan") une réflexion sur les rapports entre la  "médecine non officielle"  et le pouvoir politique surtout quand ce dernier  est autoritaire (euphémisme), sur la puissance  d’une relation amoureuse et surtout sur la complexité  d’un être cruel et généreux, démoniaque et bienfaiteur, tout cela, sur un rythme soutenu que renforce le leitmotiv musical. Elle procède par alternances entre le passé de cet homme (son milieu social, il est fils d’horticulteurs, sa passion pour les plantes, son apprentissage, auprès de Josefa Muhlbacherová ) et le présent à partir du moment où il n’est plus  " protégé" par Antonín Zápotocký, président de la Tchécoslovaquie communiste de 1953 à 1957  C’est d’ailleurs sur la mort de ce dernier que s’ouvre le film… (lequel se clôt sur le « procès »)

Alternance aussi entre intérieurs et extérieurs, duos et scènes de groupes, entre Ombre et Lumière. Cette dernière dichotomie illustre en l'épousant, l’ambigüité du guérisseur. Un  "monstre" moins parce qu’il a "pactisé"  avec les différents régimes (nazi puis communiste) mais parce que ses démons intérieurs (qu’il tente en vain de juguler par des mortifications) dictent sa conduite -cruelle et sadique -…Un "bienfaiteur" talentueux  qui a voué sa vie à la  " guérison" des autres (sans distinction de classe) et la récurrence de la scène (observer les urines, diagnostiquer, traiter avec un savant dosage de plantes) le prouverait aisément.

Agnieszka Holland ne juge pas; mais elle explore les zones les plus grises avec un sens aigu du suspense. Au tout début du film on éprouve de la sympathie pour ce personnage, victime toute désignée d’un système coercitif, mais plus il gagne en épaisseur plus le spectateur ( convié au procès) s’interroge… 

Si la mise en scène est  "soignée" (à la fois austère et lumineuse), si le choix de certains "motifs"  récurrents est signifiant (couloirs escalier grilles comme révélateurs d’un parcours dédaléen ou d’un espace mental perturbé) le film pèche cependant par certains excès : bruitage trop illustratif, traitement caricatural des représentants nazis et communistes (visages qui éructent de haine), très gros plans insistants voire complaisants sur des meurtrissures  des plaies   …

Au final  un « mystère », inviolé! 

L’essentiel aura été la dénonciation d’un système   "totalitaire", à travers le parcours d’un homme à l’âme tourmentée

Colette Lallement-Duchoze

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