de Ryo Takebayashi (Japon 2023)
avec Wan Marui , Makita Sports ,Hirofumi Suzuki
Votre boss vous harcèle ?Vos collègues vous épuisent ?Vous ne voulez plus retourner au bureau ? Vous n’imaginez pas ce que traversent Yoshikawa et ses collègues ! Car, en plus des galères, ils sont piégés dans une boucle temporelle... qui recommence chaque lundi ! Entre deux rendez-vous client, réussiront-ils à trouver la sortie ?
Entre l’instant où la cheffe de projet Akemi Yoshikawa (Wan Marui) se réveille dans ce bureau –où elle a d’ailleurs passé le week end avec ses collègues, afin de créer une publicité pour une soupe miso effervescente -, et le moment où elle décide d’abandonner son rêve (décrocher le job dans une autre agence de pub plus prestigieuse) que s’est-il passé ?
Ce « fameux » lundi sert de prélude (avant d’être leitmotiv) à une « boucle temporelle » -avec les mêmes démons à affronter (plus ou moins métaphorisés par ce pigeon qui vient se fracasser sur la vitre -rêve de liberté qui se brise sur le bloc de l’immanence ?, la panne d’électricité – moins le signe d’un dysfonctionnement que celui d’une troublante opacité voire cécité). Lundi ou la répétition de la veille, lundi ou le premier jour d’une semaine « ingérable », semaine qui ira se dupliquant… ad nauseam (unité de lieu, univers plus ou moins « carcéral », inserts et propos répétitifs, gestes mécaniques, etc.) L’exemple du « boss » (la cinquantaine) Shigeru Nagahisa dont les rêves appartiennent définitivement ( ?) au (à son) passé, est anxiogène (répétitivité saugrenue ou normative ?) surtout ne « pas devenir comme lui »
ET quand le film bascule (dernier tiers) que l’écran est saturé des planches d’un manga (conçu par le boss et réalisé manuellement par l’équipe) le spectateur comprend que la leçon (si apologue il y a) est double : satire d’un monde professionnel aliénant (boucle temporelle, éternel recommencement, répétitivité sclérosante) mais aussi émancipation par le collectif Ce que je veux, c’est réaliser le rêve du chef avec vous Le plus important, c’est qu’on sorte de cette boucle avouera Akemi Yoshikawa
Si le film référence Un jour sans fin est cité intentionnellement, n’est-ce pas pour s’en affranchir ? (laissons les exégètes comparer les deux films opposer aussi deux cultures…) Ne pas oublier la fréquence des suicides liés au surmenage (les karoshi) et se rappeler qu’au Japon le ministère du travail est aussi celui de la santé ….
Immersion survitaminée et empreinte d’humour, dans le milieu professionnel de la jeune génération japonaise « comme un lundi » est une comédie (légère et sérieuse à la fois) à ne pas bouder !!!
Colette Lallement-Duchoze