de Martin Provost
avec Juliette Binoche, Yolande Moreau, Noémie Lvovsk, Edouard Baer, François Berléand
Tenir son foyer et se plier au devoir conjugal sans moufter : c’est ce qu’enseigne avec ardeur Paulette Van Der Beck dans son école ménagère Ses certitudes vacillent quand elle se retrouve veuve et ruinée. Est-ce le retour de son premier amour ou le vent de liberté de mai 68 ? Et si la bonne épouse devenait une femme libre ?
Le public sera partagé. Forcément partagé…
Je ne remets pas en cause le genre choisi, celui de la comédie -pour évoquer à partir de faits vérifiables -ces écoles ménagères où l’on formait les jeunes adolescentes à leur futur rôle d’épouse, entendons de femmes entièrement dévouées à leur mari ; écoles dont la fermeture correspondra avec le mouvement d’émancipation féministe.
Mais la façon dont cette comédie est traitée…
Les acteurs -et quelle brochette- Juliette Binoche Yolande Moreau Edouard Baer Noémie Lvovsk (et même François Berléand qui disparaîtra dès la fin du "premier acte" -les passages écran noir servant de repère.dans le déroulé d’une intrigue qui a aussi la prétention d'être l'histoire d'une émancipation....) surjouent…
Certes on est dans la caricature….et le trait est grossi comme devrait l’être l’interprétation ? mais quand le grotesque et le mauvais goût s’érigent en valeur suprême… !!
Les trois éducatrices et les quatre adolescentes mises en avant dans le groupe des "futures bonnes épouses " sont réduites à des stéréotypes - bourgeoise corsetée dans son tailleur comme dans ses principes, jeune fille rebelle, jeune fille soumise, par exemple
Les références à l’actualité (l'action se passe au cours de l'année "scolaire" 1967/1968) : chansons (Adamo), danses, infos sur le mouvement étudiant à Nanterre, puis à Paris en mai, sont comme " plaquées" pour donner l'illusion du "vrai" . Par un heureux hasard l’école ménagère alsacienne que dirige Mme Van Der Beck (J Binoche) a été sélectionnée, elle doit se rendre à Paris (le chauffeur du bus ? La nonne -méconnaissable Noémie Lvovsk) ; c’est le début de la pénurie de carburant. Qu’importe ! On fera le reste du chemin à pied. Et ce sera cette séquence finale qui emprunte à la comédie musicale...autant saugrenue qu’inaboutie ...
Bref, une enfilade de clichés à l’humour souvent réchauffé dans cette comédie où l’on cuisine le lapin chasseur, prépare le trousseau, repasse les chemises avec une jeannette, où il faut apprendre les « 7 piliers » indispensables à la « bonne éducation » (Un os de lapin responsable de la mort du directeur lubrique chaud lapin ?. Non ce n’est pas le destin c’est le lapin gémit Yolande Moreau qui se sent responsable de la mort de son frère. Malentendus quiproquos et préjugés sur le clitoris ou encore expressions prises au sens littéral censées déclencher un "rire communicatif"..)
La bonne épouse n’est pas cette comédie ravissante jubilatoire intelligente encensée par une certaine critique, mais plutôt une comédie qui se prétend engagée mais d’une lourdeur pachydermique (Wilfried Rennehan Mondociné)
A vous de juger (quand l'occasion d'aller au cinéma se présentera de nouveau à vous puisque tout ce qui n'est pas "vital" doit momentanément disparaître de notre quotidien...)
Colette Lallement-Duchoze
Merci Colette pour cette délicieuse et sincère chronique ! vive la vie et vive le cinéma ! avec toi bien-sûr !
Maria Pinto
dimanche 15/03/20