d'Abdel Raoul Dafri (France)
avec Johan Heldenbergh, Linh-Dan Pham, Olivier Gourmet , Lyna Khoudri
Alors qu’il n’est plus que l’ombre du guerrier qu’il était en Indochine, le colonel Paul Andreas Breitner se voit contraint de traverser une Algérie en guerre, à la recherche de son ancien officier supérieur : le colonel Simon Delignières, porté disparu dans les Aurès Nemencha, une véritable poudrière aux mains des rebelles.
Disons- le sans ambages, Qu'un sang impur ne convainc pas du tout.
Le réalisateur connu comme scénariste (Un prophète, Mesrine entre autres) s’attaque pour son premier long métrage à une époque-clé de la guerre d’Algérie (on est en 1960 soit un an après le plan Challe -tentative de négociation avec le FLN tout en gardant l’État français en position de force). Abdel Raouf Dafri en faisant la promo de son film, affirme avec aplomb "mon film montre avec justesse et vérité ce qu’étaient les comportements des rebelles algériens et des soldats français pendant cette guerre"
On laissera de côté les invraisemblances ("historiques") car après tout Qu’un sang impur n’est pas un documentaire mais une fiction s’inspirant de faits sinon réels du moins relatés
Le mini commando renvoie pour le recrutement aux "douze salopards" d’Aldrich de même que le colonel Simon Delignières rallié au FLN (interprété de façon outrancière voire grotesque par Olivier Gourmet) peut rappeler le Marlon Brando d’Apocalypse Now...
La scène d’ouverture donne le ton et pour le fond et pour la forme : violence qui gicle sans ménagement à la face du spectateur et refus de tout manichéisme – la barbarie n’est pas l’apanage d’un camp (comme le souligne l’ambiguïté de l’affiche?)
Et dès que l’on suivra le mini commando (pour la fiction Andreas Breitner qui " a fait" l’Indochine a pour mission -étrange mandataire que la mère de Delignières- de rapporter au moins une petite relique du fils qu’elle croit disparu…) on ne sera jamais épargné : massacres rackets et le sang (impur forcément impur …) qui dégouline. Tout cela accentué par la musique d’Eric Neveux
Comme s’il fallait tout ficeler à coup d'adrénaline, pour dénoncer la barbarie. Car et c’est là où le bât blesse: la volonté d’en mettre plein la vue va l’emporter sur tout le reste.
Les personnages sont souvent réduits à des caricatures ou récitent des formules toutes faites empreintes parfois de "moralisme" douteux, quand ils ne sont pas assoiffés de sang...
Les paysages (le film a été tourné au Maroc) sereins ou somptueux offrent leur sublime placidité à la déraison des hommes .
Mais un écrin ne fait pas un film
Colette Lallement-Duchoze