3 mars 2018 6 03 /03 /mars /2018 17:01

Documentaire réalisé par Bernhard Braunstein France Autriche

 

Dans la Bibliothèque publique d‘information, au Centre Pompidou à Paris, des personnes venant des quatre coins du monde se rencontrent chaque semaine, dans l‘Atelier de conversation pour parler français. Les réfugiés de guerre côtoient les hommes d‘affaire, les étudiants insouciants croisent les victimes de persécutions politiques. Malgré leurs différences, ils partagent des objectifs communs : apprendre la langue et trouver des allié(e)s et des ami(e)s pour pouvoir (sur) vivre à l‘étranger.

 

Atelier de conversation

Bernhard Braunstein a pratiqué lui-même cet atelier de conversation. Lors de sa venue en France en 2009, et ne parlant pas un mot de français il s’y était inscrit et avait rejoint un groupe d’étrangers, venus comme lui apprendre et/ou parfaire le français. De ce "café du monde" il réalisera un documentaire (entièrement filmé à la BPI Beaubourg)

 

Écran noir ; on entend la voix d’un animateur "aujourd’hui, on va parler des clichés, des stéréotypes" quelqu’un peut m’en donner la définition ?? Des visages vont apparaître, celui d’une Chinoise "c’est comme on dit des Chinois qu’ils mangent du chien ; or ce n’est pas vrai ; c’est seulement dans certaines régions" et son rire est communicatif. Elle est relayée par un Afghan qui pointe le cliché le plus horrible pour lui  "si on dit afghan aussitôt on pense terroriste"  le ton est donné ; l’altérité vécue dans le rire ou la  Douleur

 

Le dispositif ? Un cercle étroit. Les participants sont assis en rond sur des chaises orange ; à l’initiative de l’animateur -que l’on verra rarement mais que l’on entendra – ils vont se présenter (c’est la séquence d’ouverture) évoquer leurs sensations, sentiments, leur être-là sur une terre étrangère. Un microcosme d’où retentira la voix du monde!

Voici James, Mohammed, Sheila, Irteqa, Djamal ou Niho. Et bien d’autres. Ils sont kurdes japonais espagnols syriens afghans etc..Ils sont hommes d’affaires étudiants mais aussi réfugiés La caméra filme en gros plan ces visages qui parlent tout comme elle filme ceux qui sont à l’écoute. Cette proximité n’est pas voyeurisme ; elle capte des instants ; elle donne un corps une chair un regard à ce que, par une forme de commodité hypocrite, on appelle "les étrangers" cette masse indifférenciée -et "dangereuse" "il n’y a pas d’étrangers ; il n’y a que des gens que l’on ne connaît pas encore"

 

Quels sont les sujets de "conversation" qu’abordent ces "individus" ? Le mal du pays, la crise économique, la relation amoureuse, la solitude, les différences de comportement -dans le métro ou la façon de cuire le pain-, la difficulté à se procurer de la viande halal, à remplir de la paperasserie. On rit. On pleure. Il arrive que l'on "transgresse" la règle -bannir de la conversation les questions religieuses et politiques- comme fut tenté de le faire cet Egyptien copte…

 

Très peu de mouvements de caméra. Mais pour "contextualiser", l’espace dédié à la conversation peut être filmé vide de ses occupants. Un plan élargi nous fera découvrir l’immensité de la salle de bibliothèque alors qu’un plan d’ensemble à l’intérieur du hall saisit des personnes assises ou en marche dans le murmure de leurs activités. Une seule fois une vue en extérieur sur la ville au moment crépusculaire : un plan fixe prolongé -comme si les habitants s’étaient calfeutrés dans ces habitations presque inhumaines

 

Lors de la dernière séquence du film -et qui correspond à la fin d’une séance d’atelier- les participants sont filmés en plan moyen ; avant de quitter la « salle », ils semblent prolonger une « conversation » à deux ou trois… mais leurs échos feutrés nous sont désormais inaudibles ! Ecran noir !

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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