d' Amat Escalante (Mexique)
Avec Ruth Ramos (Alejandra) Simone Bucio (Veronica) Jesus Meza (Angel) Eden Villavicencio (Fabian)
Ce film a obtenu le Lion d'Argent du meilleur réalisateur lors de la 73ème Mostra de Venise
Moins violent moins vertigineux que Héli, « la région sauvage » n’en est pas moins troublant ; à la fois par sa puissance autant suggestive que démonstrative et par le mélange de réalisme (la dynamique familiale dans une région très conservatrice, entre autres) et de fantastique (qui emprunte à la SF et au cinéma d’horreur)
On ne peut raconter ce film -même sous forme de pitch- au risque de le dénaturer. Car dans la construction, la mise en place de ce qui est le cœur du dispositif (une Créature dispensatrice de volupté mais aussi de mort) se fait progressivement (cette Créature n’apparaîtra dans son entièreté opérationnelle qu’aux deux tiers du film…)
La succession initiale de plans ou tableaux -plan prolongé sur un météorite, sur une jeune femme dénudée encore frémissante de désir malgré une blessure au flanc...petite scène sur l’intime d’un couple ; vision d’une cabane dans une atmosphère embrumée et présence insolite d’un couple de savants d’un autre âge- ces prémices créent une forme de suspense tout en faisant coexister dénonciation sociale (le machisme du mari) et intrusion du fantastique.
La cabane et ce qu’elle abrite, comme lieu du refoulé, comme métaphore du Ça freudien… ? Peut-être, sûrement! Mais en fustigeant simultanément l’hypocrisie les humiliations subies par les femmes et l’homophobie Amat Escalante n’abandonne pas la veine de ses films précédents...
Cartographie des sentiments, des désirs et du refoulement ?
Veronica double pasolinien de Théorème ? Elle joue ici le rôle de passeur entraînant vers la cabane des délices ou de la mort, Fabian (l’infirmier qui a soigné sa blessure) et plus tard Alejandra l’épouse et mère, sœur de Fabian. En suivant de dos ces deux personnages l’oeil de la caméra (réalisateur ? Veronica ? ) devient celui du Conscient avant le basculement dans l’Inconscient
La dévoration (par le sexe par l’amour) ne rappelle-t-elle pas « possession » de Zulawski ? Peut-être mais sans sa beauté vénéneuse…
Tant de questionnements ! dont je vous laisse juge...
Colette Lallement-Duchoze