de Zhang Yimou (Chine 2023)
avec Teng Shen, Jackson Yee, Zhang Yi, Jiayin Lei
Synopsis. Chine XII° siècle. Une trêve intervient dans la longue guerre qui oppose l’armée intérieure des Song aux rebelles Jin du Nord avec la rencontre capitale entre Qin Hui, Premier ministre de la dynastie Song, et un représentant de l’état de Jin. Juste avant l’aube, l’ambassadeur est assassiné, et l’importante lettre qu’il amenait disparaît. Pour éviter d’être exécuté, un vieux caporal s’improvise détective pour l’état de Jin, tandis qu’un jeune officier le rejoint au nom de la dynastie Song. Et le duo a jusqu’au lever du soleil pour résoudre l’enquête, trouver le coupable, et espérer s’en sortir ...
Comme le précise le synopsis le film obéit à une unité de temps (ici celui du film presque 3h) unité d’action (retrouver la lettre volée) et de lieu (une forteresse tel un labyrinthe kafkaïen) Le réalisateur du « sorgho rouge » d’épouses et concubines » ou de la « cité interdite » manifeste un goût prononcé pour le tentaculaire, la musique tonitruante éclectique (le rap chinois côtoie des musiques traditionnelles) un rythme trépidant, la recherche du « gore » ( le sabre cliquète et rompt jugulaires avec fracas) du spectaculaire (qu’il s’agisse des scènes de torture, des rassemblements au nombre impressionnant de figurants dans le dernier quart du film) et cette opposition « comique » entre les révélations dites sur un mode mineur (voire chuchotées) et les gueulantes d’un hymne outrancièrement nationaliste outrageusement patriotique, pour un spectateur occidental (certains « vers » sont en résonance avec des réalités contemporaines --annexion de terres, ou prétendue réappropriation selon la rhétorique bien rodée de l’hégémonie… La Chine doit être réunifiée ; chant (le fleuve rouge) élaboré dans la Chine du XII° et qui se perpétue.... comme le signale le générique de fin
Pas de temps mort -tant sont nombreux les rebondissements-, des acteurs principaux convaincants dans ce film qui mêle astucieusement la comédie (on rit beaucoup…malgré les tueries à répétition) et la tragédie -et l’on peut songer au théâtre shakespearien ou à Kurosawa. Un film qui cartonne au Box Office, Rien à voir avec des scènes de guerre d’autres blockbusters (hollywoodiens par exemple) car tout est dans un « jeu » de dupes qui se double du jeu de « coups de théâtre » (twists au cinéma) de plus en plus « improbables, voire absurdes
Mais si l’on apprécie la mise en scène fulgurante (et ce dans le gris foncé de la forteresse) on peut déplorer l’aspect par trop alambiqué de l’intrigue (n’en jetez plus…) qui s’épuise, le maniérisme ((hormis l’épisode de la cerise ) qui semble se suffire à lui-même (ah ces vues aériennes à répétition, ces contreplongées trop chargées de sens,) les complications frappées d’inanité -du moins pour un spectateur occidental …
Oui ce film qui narre une trahison militaire tout en évoquant une loyauté clandestine, est à coup sûr un divertissement (une farce médiévale ??) mais son message (par trop évident) va à l’encontre de nos convictions profondes !!!
Colette Lallement-Duchoze