22 avril 2024 1 22 /04 /avril /2024 07:32

documentaire réalisé par Sonia Kronlund ((France 2023)

Il s'appelle Alexandre, Ricardo ou Daniel. Il se dit chirurgien ou ingénieur, argentin ou brésilien. Il vit avec quatre femmes en même temps, adaptant à chacune son récit, et même ses traits de caractère. Enquête à la première personne, avec l'aide d'un détective privé, sur un imposteur aux mille vies imaginaires.

L'homme aux mille visages

Sonia Kronlund a découvert l’immense imposture de l’escroc en 2017 (par le témoignage de Marianne pour l’émission « les pieds sur terre ») ; témoignage qui est entré en résonance avec son propre vécu (lequel est d’ailleurs rappelé dès le prologue « les hommes que j’ai aimés étaient souvent menteurs ») et après avoir consacré un livre à "l'homme aux mille visages"  elle va se lancer à la recherche de cet escroc ce "serial lover" , aidée par un détecteur privé …c’est le sujet de ce documentaire !

 

D’abord volontairement brouillé le visage de cet homme va se « révéler » (suite à l’entrevue avec une juriste) et au final ce sera de pied en cap qu’il apparaîtra à l’écran en une sorte d’épilogue assez savoureux ; la réalisatrice usant elle-même de subterfuges, pour le « coincer ».

Son documentaire frappe  par un montage « musclé » qui épouse le labyrinthe en forme de kaléidoscope où les multiples identités du « serial lover » la mènent en des lieux très éloignés,(Brésil Pologne France)  aux côtés de ces femmes abusées

Récit composite qui joue autant avec les temporalités qu’avec les lieux,  qui multiplie les points de vue, qui fait la part belle aux « confessions » des femmes « victimes de l’imposture » (signalons que ce sont pour la plupart des actrices qui endossent en la racontant la douloureuse réalité),

Un récit où intervient la réalisatrice: elle se filme dans le cadre aux côtés de ces femmes interviewées (que ce soit au volant d’une voiture ou à l’intérieur d’appartements) ou en frontal;  et sa voix va rejoindre  tel un écho celle de toutes ces femmes (une chorale polyphonique)

Récit aux allures de thriller parfois (la planque du détective dans l’habitacle de sa voiture dans l’attente de l'instant propice à…, les rideaux de l’appartement qui s’écartent, les voix off etc.)

Un récit qui n’a nullement la prétention de faire œuvre de psy, sur la mythomanie par exemple

Un récit à la vertu cathartique ? vengeresse (comme le dit explicitement Sonia Kronlund dans la toute dernière séquence) ?

 

Les réponses seront multiples....

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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commentaires

S
C'est un très bau cadeau que Sonia Kronlund offre aux femmes abusées par le Don Juan escroc, complètement nuisible, elle le dit elle-même à la fin du film. Sans porter de jugement, la folie++++ du mythomane brésilien en question nous force à rire alors que les conséquences de ses agissements ont des conséquences dramatiques (la femme enceinte qui se demande comment elle expliquera à son enfant ses origines). Un beau travail de cette réalisatrice qui nous régale chaque jour sur France Culture avec "les pieds sur terre" de 13 H 30 à 14 H. A écouter aussi pour ses tranches de vie le plus souvent souvent très intéressantes.
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