2 octobre 2023 1 02 /10 /octobre /2023 08:01

Documentaire réalisé par Yves-Marie Mahé (2023)

 

Un documentaire d'archives sur le festival mythique  qui eut lieu à Hyères de 1965 à 1983. Il  fut, après Cannes, le second festival le plus important en France, programmant les premiers et seconds films inédits et innovants de réalisateurs français et internationaux . 

Jeune cinéma

Sans voix off actuelle, adoptant l’ordre chronologique (mettre en évidence une évolution ?), le documentaire d'Yves-Marie Mahé tente de faire revivre un festival (créé par l’écrivain Maurice Périsset) avec son bouillonnement, ses effervescences ses contradictions mais surtout sa réflexion sur un cinéma hors des chemins officiels (ceux de Cannes par exemple) soit un cinéma "jeune" (au sens de avant-gardiste?) et  " indépendant "

Séquence d’ouverture : Godard est en train de tourner Pierrot le fou à Hyères avec J-P  Belmondo et Anna Karina. Nous sommes en 1965. C’est l’année de naissance de ce festival. Un festival méconnu ou tout simplement oublié ?

Or d’après les archives que le documentariste a exploitées, ce fut un authentique  laboratoire  pour un cinéma « différent » (Marguerite Duras refuse l’épithète « parallèle » quand en face il n’y a rien…)  Il a sélectionné les premiers films, des œuvres en marge de « la production courante » a permis à bon nombre de réalisateurs de se faire connaître du public (dont P Garrel C Akerman Marion Hänsel) d’ouvrir à l’internationale, de découvrir Med Hondo, (à un moment on apprend pourquoi le « jeune cinéma allemand » est le plus en vogue : à l’époque où en France n’existaient que 3 chaînes de télévision, il y en avait 11 en l’Allemagne ce qui mathématiquement multipliait les « chances » de distribution…) . Bien sûr il y eut des divergences des batailles  des contradictions (lors d’une table ronde à laquelle participent Chantal Akerman, Yvan Lagrange et Bob Swain éclatent des griefs fusent de violentes récriminations « ce festival n’est-il pas essentiellement nombriliste ?  Voyez Sami Frey, membre du jury refusant de  décerner un prix tant il se sent « illégitime » (peu d’œuvres sélectionnées auront leur chance )

Un documentaire  très riche en images d'archives, extraits de films, au rythme souvent trépidant mais qui a toutefois le défaut de ses qualités. L’ordre chronologique adopté n’est-il pas sclérosant dans la mesure où les « archives » se réduisent à une fonction purement « informative » ou jouent le rôle de "vignettes" (certes servies par des artistes de talent Emmanuelle Riva Bernadette Lafont Marie-France Pisier) Impression déplaisante de "collages". De sorte que l’on ne ressent pas vraiment l’inventivité incendiaire (et ce n’est pas la scène d’émasculation tirée de(?) qui prouverait le contraire tant elle semble complaisante). De plus l’essentiel est fait de reportages télévisés dont on voit trop les fâcheuses tendances ou  "ficelles"  : utilisation des images fixes (photographies ou titres de presse), filmées systématiquement avec un léger zoom pour donner un sentiment factice de mouvement et ne pas perdre l’attention du spectateur. (Thomas Grignon  "Hyères encore j’avais 20 ans")

Cela étant, Jeune cinéma aura au moins le mérite de faire "connaître" en la ressuscitant, une période essentielle de la cinéphilie française, son désir irrépressible de liberté ! sa revendication d’un regard nouveau (pour ne pas dire " neuf") où les silences confus du débutant Leos Carax, les distinguos pour le moins condescendants de Marguerite Duras le disputent aux condamnations sans appel d’un Chapier ! 

 

Colette Lallement-Duchoze 

 

 

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