De Pierre Salvadori
avec Adèle Haenel, Pio Marmaï, Vincent Elbaz, Audrey Tautou
Présenté au festival de Cannes , Quinzaine des réalisateurs, ce film a obtenu le prix SACD
Yvonne jeune inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. Une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies à tous les deux.
La scène d’ouverture est saisissante : une arrestation bien musclée; ce sont du moins les images qui s’imposent à l’esprit du garçon de 9 ans à partir du récit que lui fait chaque soir sa mère, veuve de Santi ce capitaine valeureux, mort au combat. D’emblée, on est au cœur même de l’imago ou de l’artificialité, de l’impact des mots, du rapport mot - image. Quand Yvonne (la mère) apprend la triste vérité : son mari était en fait un affreux ripou, elle est confrontée à un dilemme : soit continuer à mentir et ne pas altérer l’image du héros que vénère l’enfant; soit dire la vérité mais décevoir et peut-être traumatiser à jamais le garçonnet. Elle-même souffre d’avoir été injustement « au cœur du mensonge »
Mais sa démarche première est de « racheter » la faute de son mari qui a fait coffrer un innocent. Commence alors une série de gags (support de cette comédie) : Antoine, l’innocent, après 8 ans d’incarcération, a visiblement pété les plombs, lui le "gentil" est devenu une force diabolique incontrôlable ; Yvonne -qui est aussi flic- l’épie comme si elle était son ange gardien ; et c’est un chassé-croisé parsemé de quiproquos assez loufoques (qui forcément emportent le rire). Elle-même est "épiée" par un confrère éperdument amoureux…
Mêlant moments de répit aux envolées poétiques et très "littéraires" (incarnées par Audrey Tautou la compagne d’Antoine), gags à répétitions (ce psychopathe dont la "confession" est toujours reportée alors qu’il trimbale les morceaux de ses victimes dans des sacs en plastique…), comique de situation : un curé au cœur d’une soirée sado-maso, etc.., et presque ad infinitum, des "projets" avortés ou contrecarrés, tout cela fait que la volonté initiale de "rédemption" vire non pas au cauchemar mais au comique désopilant…à la farce bouffonne
La récurrence de la scène inaugurale va progressivement se délester des affects et oripeaux de l’héroïsme, tout comme le questionnement sur l’artifice, le mensonge, le jeu dangereux des apparences s’en viendra percuter le roc de l’immanence !
Une comédie certes enlevée, et des acteurs qu’on devine heureux dans leur rôle…
Est-ce pour autant La comédie de l’année ? Comme on le rabâche
À l’instar de l’affiche saturée de pub, cette comédie pêche par des excès : répétitions inutiles et longueurs qui en altèrent l’esprit de "saine" déraison (je vous invite à commander une bouteille de cognac avec du pain quand l’être "aimé" ou supposé tel, n’est pas au rendez-vous...)
Colette Lallement-Duchoze