4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 08:09

Documentaire réalisé par Sébastien Lifshitz (2023)

 

Présenté à Angoulême festival film francophone  (2023)

 

Festival des Arcs 15ème édition 

« Bienvenue dans ma vie », cette phrase, Sylvie Hofmann la répète à longueur de journée ou presque. Sylvie est cadre infirmière depuis 40 ans à l’hôpital nord de Marseille. Sa vie, c’est courir. Entre les patients, sa mère, son mari et sa fille, elle consacre ses journées aux autres depuis toujours. Et si elle décidait de penser un peu à elle ? De partir à la retraite ? En a-t-elle le droit, mais surtout en a-t-elle vraiment envie ?

 

Madame Hofmann

Des plans de rues urbaines, désertées par l’homme

Puis nous voici au cœur d’une unité de soins de l’hôpital nord de Marseille où Sylvie Hofmann, peine à planifier son agenda (le personnel testé positif ne peut être remplacé, tout comme l’hôpital ne peut héberger de nouveaux patients)

Elle-même sent son « corps » la lâcher (surdité soudaine)

Elle-même après 40 ans de service va bientôt partir en retraite.

 

Et voici que les premières séquences (muettes ou marquées par une forme de désespoir) résonnent de façon singulière ; et si la mort apparente de la ville (due au confinement) était la préfiguration d’autres morts (inévitables ?) celles de ces patients, victimes de tumeurs cancéreuses malignes, celle du corps hospitalier -dont le documentaire met en exergue tous les symptômes, (à la surdité de Sylvie répondrait celle d’un hôpital qui devrait gérer l’incurie des pouvoirs politiques ??) celle de sa mère (dont le franc parler aux paradigmes judéo-chrétiens est truculent) mère sujette à des cancers à répétition, porteuse de ce gène mortifère…dont a hérité la fille

Sensation douloureuse d’abandon -et de solitude !

 

Et pourtant ! Le réalisateur a su saisir l’instant, son frémissement et toutes ses vibrations. Le visage de Sylvie (souvent filmé de très près au volant de sa voiture comme dans l’espace  de soins palliatifs dont elle est responsable avec son équipe, par exemple) illumine de sa blondeur de son éclat azuréen de son sourire.

Hymne à la vie ?

 

En alternant vie privée et vie professionnelle, blancheur de l’hôpital et luminosité de la plage, plans d’ensemble et plans rapprochés, scènes de liesse (avec un côté délicieusement potache pour fêter le départ à la retraite par exemple ) et face à face plus douloureux, Sébastien Lifshitz capte une personnalité, celle d’une louve, d’une maîtresse femme, donne l’éclat du diamant à son sourire à son regard, sans verser dans l’hagiographie ni la sensiblerie (quand bien même l’émotion est là à fleur de peau) et l’aveu d’une prochaine mutilation pour contrecarrer une prédisposition inscrite dans les gènes résonne comme le cri d’une parturiente

 

Oui l’hôpital public est en danger et ses mutations, ses abandons, Sylvie les recense en toute lucidité tout comme elle a la conscience aiguë de ce que désormais elle devra construire (avec ses proches, avec elle-même)

 

Vu de dos le corps de Sylvie s’éloigne progressivement de la plage et de la caméra ; il va se fondre dans le flux d’une eau lustrale. Hyménée avec la mer et le soleil ?

 

 

Ce documentaire dédié à Sylvie comme le recommandait Sébastien Lifshitz présent lors de l’avant-première mardi 2 avril, sortira en salles le 10

 

A ne pas rater

 

 

Colette Lallement-Duchoze

Partager cet article
Repost0

commentaires

Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

Retrouvez aussi Cinexpressions sur Facebook

 

 

Recherche