5 septembre 2023 2 05 /09 /septembre /2023 02:54

d'Alex van Warmerdam (2021 Pays-Bas) 

 

avec Tom Dewispeleare, Frieda Barnhard

Günter, trouvé dans les bois en Allemagne à l’âge de quatre ans, a grandi dans une famille d’accueil. Quatre décennies plus tard, il mène une vie normale : il gagne sa vie comme acteur de théâtre, passe du temps avec sa fille Lizzy, a une liaison avec une femme mariée. Lorsqu’un homme sur un pont lui chuchote un mot étrange à l’oreille, il commence à s’interroger sur ses origines

N° 10

Si vous appréciez l’absurde ou l’humour à la Bent Hamer ou Roy Andersson vous apprécierez le 10ème film d’Alex van Warmerdam, et vous laisserez embarquer en absurdie, un voyage qui flirte avec la science-fiction et qui fait la part belle à l’iconographie (ne serait-ce que par le jeu de miroirs d’écrans et au final d’œuvres picturales)

Si au contraire vous êtes allergique à l’humour froid, aux incohérences, aux invraisemblances,  si vous êtes insensible aux détournements de clichés, passez votre chemin, encore que…

Voici dès le début comme une mise en abyme de la   "création " : le réalisateur "filme"  les répétitions d’une pièce de théâtre ; le metteur en scène est exigeant, intolérant; et chaque acteur est si imprégné de son rôle qu’il confond réel et fiction. Günter, l’acteur principal, est l’amant d’Isabel la femme du metteur en scène, lequel décide ex abrupto de  "changer"  les rôles et de substituer à l’intrigue traditionnelle le procédé du "collage abstrait" ; en fait c’est une mesure punitive à l’encontre de l’acteur/amant. Toutefois le concept de "collage" reste une clé/sésame pour le spectateur : ce N° 10° ne ressemblerait-t-il pas au beau d’Isidore Ducasse  beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie Hormis qu’avec le cinéaste néerlandais rien n'est laissé au hasard tout en donnant l'impression de l'imprévu  (Chaos organisé!)

Günter, un père célibataire, auquel Lizzy sa fille demande des explications pour une anomalie héréditaire (un seul poumon !!!), Günter un acteur espionné par le mari jaloux, par sa fille qui le prend en filature, mais aussi par de bizarres intermédiaires de l’Autorité catholique (le Prélat -seconde mise en abyme- semble être l’instigateur de tout ce que nous sommes en train de voir.... Représentant de Dieu, aux pouvoirs sataniques, il est le "guide" de Günter dans la recherche de ses origines ; laquelle doit puiser (sens propre et figuré) au plus profond des abysses (premier plan déchaînement des remous de l’eau) des forces telluriques avant d’emprunter un vaisseau spatial anthracite….vers des espaces interstellaires! (une autre planète??)

On passe du vaudeville au pamphlet contre l’église, de la farce sociale à la science-fiction et comble d’ironie tout est mis en œuvre pour que le spectateur n’éprouve aucun "sentiment" (empathie ou autre) tout comme les acteurs d’ailleurs : confrontés au malheur (cf Marius), ils restent figés dans le cadre, à peine ahuris dans leur immobilisme, ce qu’accentuent l’absence de profondeur de champ et la tonalité quasi monochrome grisâtre ou brunâtre ; embarqués dans une autre dimension,  ils ne sont nullement  "surpris"  comme si l’étrange le bizarre le surréel allaient de soi

Un film borderline, un film déconcertant que je vous recommande

Mais....j’entends déjà les contempteurs !!!

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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