5 septembre 2021 7 05 /09 /septembre /2021 05:54

de Bruno Dumont (France, Belgique, Allemagne, Italie 2020)

avec Léa Seydoux, Blanche Gardin, Benjamin Biolay, Emanuele Arioli

 

Présenté en compétition au festival Cannes 2021 

 

 

à ce synopsis: 

"Chronique de la vie frénétique d’une journaliste star de la télévision, prise entre la célébrité́ et une spirale d’événements qui entraîneront sa chute"

Je préfère celui-ci

entre drame et humour Léa Seydoux interprète une journaliste vedette de la télévision qui prend conscience de la vacuité de son approche de l'information

 

France

 

Un orage montait que nul ne voyait venir (Un demi-clair matin de Charles Péguy dont le réalisateur s’est inspiré)

 

Un début nerveux et qui « contient le tout » : rôle de la coache hystérique branchée sur les réseaux sociaux, avide de rendement ; interview avec le président Macron (afin de mettre en évidence les accointances entre le journalisme et le politique) ; dualité du personnage éponyme en harmonie d’ailleurs avec le « in » et le « off » des médias qui -et ce sont les propos du réalisateur interviewé par Cineuropa- ont totalement évacué le "off" : tout est beau, propre, hygiénique. C’est cela qui est cynique : le sourire de France quand la caméra s’allume et derrière, elle rigole

 

On reproche au réalisateur la surenchère ! Certes l’appartement et son luxe ostentatoire, les tenues vestimentaires de la journaliste/star, son maquillage, l’outrecuidance dans le « trafic » des reportages et l’obscénité à dévoyer la misère humaine, criant criard invraisemblable, tout cela pourrait « choquer » si ce n’était le miroir grossissant d’une réalité…

Et il me semble que l’on fait un mauvais procès à Bruno Dumont. Les médias ne m’intéressent pas plus que cela. La critique des médias, on la connaît et ce que je dis n’apporte rien. Ce qui m’intéresse, c’est France, rentrer dans ce personnage qui est à la fois son propre milieu, mais qui va s’en détacher

France c’est précisément l'histoire (fictive) d'une prise de conscience qui s’opère en plusieurs étapes et que scandent   les changements de lieux et de maquillages de regards et de propos ; le point de départ? Un accident de la circulation dont elle est responsable…. "mon métier, c’est mon métier. Je l’accepte. Il n’y a plus que le présent" conclut-elle après des déboires des velléités d’abandon et de rétractations comme un écho aux propos de Péguy?  Trouver la grâce dans le présent sans éliminer les turpitudes de la nature humaine

Que penser du choix du prénom et du nom France de Meurs ? On peut gloser sur l’opposition entre la graphie (évidence de la mort) et la phonétique (incitation à la pérennité) et invoquer Lacan. Mais la dichotomie  "formelle" n’est-elle pas au cœur de la problématique : ambivalence entre la gangrène qui paralyse  notre société de (et du) «"spectacle"  et la prise de conscience bouleversante de cet état des lieux qui pourrait déboucher sur la revendication d’un autre monde ? car France est   "le milieu et en même temps le moyen de le dépasser"

 

 

Des longueurs ? oui…mais.

La balade en voiture, les regards entre le père au volant et le fils, l’opposition entre le paysage inviolé et l’accident traité avec cette recherche du sensationnalisme du « spectaculaire »  (à l’instar d’ailleurs des faux documentaires signés France). Un drame capillotracté.

Les visites chez le psy (avec inversion des rôles ou clichés redondants)

Dans une clinique huppée (réservée aux ultra riches) l’intrusion d’une patiente, avec ce contraste facile entre la dégénérescence cognitive et la fierté de côtoyer les membres d’une jet set dont .....elle a oublié les noms…(même si cette séquence illustre la gangrène de la société du spectacle, et simultanément son impermanence?) 

L’interview de cette femme qui a vécu plus de 20 ans aux côtés d’un monstre…. est ambigüe (tout comme ses paroles se contredisent)

A vous de juger !!!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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