De Nora Fingscheidt (Allemagne)
Avec Helena Zengel, Albrecht Schuch, Gabriela Maria Schmeide
Festival de Berlin prix du Meilleur premier film
les Arcs film festival prix du public
Benni a neuf ans. Négligée par sa mère, elle est enfermée depuis sa petite enfance dans une violence qu'elle n'arrive plus à contenir. Prise en charge par les services sociaux, elle n'aspire pourtant qu'à être protégée et retrouver l'amour maternel qui lui manque tant. De foyer en foyer, son assistante sociale et Micha, un éducateur, tenteront tout pour calmer ses blessures et l'aider à trouver une place dans le monde.
Si le thème semble assez rebattu (cf La tête haute, Mommy pour ne citer que les films les plus récents) Benni vaut surtout pour l’interprétation hors norme de la jeune Helena Zengel : une tête d’ange -cheveux blonds yeux bleus- qui va contraster -surtout dans les scènes de crise aiguë - avec la violence du comportement, et les éructations au vocabulaire argotique. Benni une enfant de 9 ans hyperactive, un électron libre fougueux ; le titre original systemsprenger (dynamiteur de système) rend bien compte de l’énergie sauvage et indomptable qui fait "exploser le système" (on apprend à un moment qu'elle a subi un traumatisme -viol? infanticide? et que son visage doit être épargné )
Crier son désarroi son manque affectif (la mère impuissante, irresponsable, "immature" diront certains) Crier Oui ! mais quand on n’entend que sa propre voix en écho… ???
Le constat est amer ; toutes les tentatives pour "canaliser la violence", toutes les tentatives d'intégration dans des structures d'accueil (école, famille d’adoption, foyer ) semblent vouées à l’échec. Et pourtant les travailleurs sociaux ont oeuvré avec amour et patience!!! ainsi Mme Bafané (assistante sociale) ou Micha (éducateur); mais pour Benni qui semble les "aimer" ne sont-ils pas que des pis-aller?
Le film est construit selon la dynamique tension /accalmie, qui impose un rythme binaire rémissions/rechutes, tendresse/fureur ou selon un point de vue extérieur espoir/déception. Si ce tempo est trop répétitif (et risque de lasser) force est de reconnaître que les faits ne sont pas toujours prévisibles et que la mise en scène pallie cet éventuel "défaut" Rythme trépidant, caméra à l’épaule qui virevolte, gros plans sur un visage désarmant, fondus enchaînés en rose (rose comme les habits de Benni) musique expressive (dissonante ou enfantine) comme reflet d’un chaos intérieur
Un film à voir assurément !! (L'Omnia aux Toiles)
Colette Lallement-Duchoze