9 janvier 2017 1 09 /01 /janvier /2017 06:51

De Davy Chou (Cambodge France)

avec Sobon Nuon, Cheanik Nov, Mean Korn

 

Présenté à Cannes (Semaine de la Critique)

 

A propos du casting "pendant 4 mois j'ai arpenté avec mon équipe Phnom Penh et ses environs à la recherche des personnages [...] Le personnage de Bora je l'ai repéré en passant à moto dans la rue, alors qu'il était rabatteur pour des chauffeurs de taxi-van. Dy l'ami de Bora était ouvrier sur les chantiers de Diamond Island. Aza je l'ai trouvée sur Diamond island aussi. Solei est un peintre très talentueux. Seul celui qui interprète Virak avait une expérience de jeu: c'est un clown

Diamond Island

Argument: Diamond Island est une île sur les rives de Phnom Penh transformée par des promoteurs immobiliers pour en faire le symbole du Cambodge du futur, un paradis ultra-moderne pour les riches. Bora,18 ans quitte son village pour travailler sur ce chantier; il se lie d'amitié avec d'autres ouvriers de son âge et retrouve un frère Solei qui lui ouvre les portes d'un monde excitant ....

Diamond Island

Diamond Island est autant un récit de formation -celle de Bora : venu de la campagne pour travailler sur les chantiers de cette île près de Phnom Penh , séduit par les "artifices", par la découverte de l’amour, il "mûrira"…- qu’un film sur une nation en construction et dont Diamond Island est la métaphore

La scène d’ouverture nous plonge dans le milieu rural dont va s’extirper Bora (en écho suite à la mort de sa mère il peinera à retrouver l’arbre-liane, lui-même se confondant avec la végétation ...). Milieu campagnard comme matrice originelle (que Solei le frère retrouvé miraculeusement...a reniée depuis 5 ans….) ; matrice sur laquelle va se construire un autre univers auquel l’insert d’un montage numérique vantant le projet immobilier et la cité lumière donne son côté tapageur voire kitsch. Mais la réalité que vit Bora, le jour, au quotidien est tout autre : de vastes panoramiques sur les poutrelles les immeubles-carcasses de béton des plans plus rapprochés sur les baraquements destinés à ces ouvriers sous-payés (contraints de faire des heures supplémentaires au risque de leur vie) illustrent ce paradoxe apparent -mais inhérent au capitalisme mondialisé- participer à la construction d’un « paradis terrestre » tout en sachant qu’on en sera irrémédiablement exclu

 

Cette dialectique est au cœur de ce film à la fois solaire et ténébreux ; non parce qu’il joue sur les oppositions entre les scènes nocturnes et la dure réalité du quotidien mais parce que ce sont les lumières de la nuit et leurs phosphorescences -fête foraine, frisbees luminescents, dancings, etc.-  qui accompagnent les visages d’une jeunesse en quête précisément de "lumière" : corps en perpétuel mouvement, regards étincelants, sourires émerveillés, motos ou voitures décapotables, tout exprime la passion pour cette modernité incarnée ici même à Diamond island

Une insouciance apparente mais … Solei- le mélancolique et ténébreux- connaît le "prix" de ce rêve « occidental »

Et ce n’est pas pur hasard si le film se clôt sur un karaoké où des voix en se dédoublant chantent « faux » ...

 

Colette Lallement-Duchoze

 

PS que les spectateurs présents lors de la rencontre avec le réalisateur apportent ici leur point de vue!....

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