27 août 2016 6 27 /08 /août /2016 07:46

d'Alain Guiraudie

avec Damien Bonnard (Léo) India Hair (Marie) Laure Calany (Mirande) Christian Bouillette (Marcel) Raphaël Thiery (Jean-Louis) Basille Meilleurat (Yoan) Sébastien Novac (le producteur)

Film présenté à Cannes en Compétition Officielle

Argument: à la recherche du loup en Lozère, Léo rencontre Marie une bergère avec laquelle il noue une relation donnant naissance à un enfant. Mais en proie au baby-blues, lassée des hésitations de Léo, Marie l'abandonne avec le bébé et le laisse seul face à son rôle de père. Alors qu'il n'arrive pas à écrire son scénario Léo sombre peu à peu dans la précarité qui le ramène vers les causses de Lozère..

Rester Vertical

Après l'inconnu du lac et sa construction méticuleuse le cinéaste semble renouer avec "le roi de l'évasion" en s'affranchissant de toute règle narrative dite classique, avec ce mélange de rêve et de réalité, des jeux constants de bifurcations et des ellipses. Nous voici sans transition à Brest après avoir cheminé dans un causse en Lozère, du marais poitevin à la ferme de Jean-Louis (le père de Marie) Vallons languedociens filmés d'ailleurs en plans larges somptueux (d'où émerge Léo ou dans lesquels il se fond comme s'il était happé par une force invisible);et  la ville de Brest devient presque cinégénique dans son âpreté même ...

Ellipses temporelles aussi: le sexe de Marie filmé en très gros plan envahit l'écran telle l'origine du monde puis de ce même sexe surgira brutalement la tête de son nouveau-né dans la scène d'un accouchement filmé au plus près...

Mais après tout, ces "raccords" inattendus et déroutants ces "décrochages" et bifurcations ne sont-ils pas à l'image d'un parcours chaotique (que le prologue avait annoncé, quand Léo subitement faisait demi-tour )?  

En revanche les dépossessions successives dont est victime Léo ainsi que les étapes de la dégradation physique du vieux Marcel sont "précises" ou du moins tangibles. Point d'orgue pour Léo la scène sous le pont quand il est assailli par une meute de SDF en furie. Debout, assis puis allongé l'octogénaire Marcel est quant à lui devenu grabataire; sentant une fin prochaine il attend cette onction suprême celle d'une boisson létale et d'une sodomie quasi biblique - une des scènes les plus émouvantes et les plus tendres filmée avec le sens du cadre et un jeu de courbes dans l'entrelacs des deux corps...

Le spectateur déjà familiarisé avec l'œuvre de Guiraudie aura identifié ses thèmes de prédilection : misère sexuelle en milieu rural, homosexualité, refus de la notion clivante et anti-philosophique de "genre" (quoi qu'en aient pensé les manifestants hystérisés contre le mariage pour tous)

Ses interrogations (et le réalisateur n'a nullement la prétention d'y apporter des réponses définitives comme il l'affirmait hier soir lors de la rencontre) non seulement reflètent son époque (ce serait une banalité voire un truisme) mais il sait les transposer en une mosaïque de fragments, dignes d'une utopie à la fois politique et sexuelle

 

Un film à voir absolument

 

Colette Lallement-Duchoze

 

Rester Vertical

UN TRIO FORMIDABLE

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