11 octobre 2015 7 11 /10 /octobre /2015 06:14

De Tarzan et Areb Nasser

Film présenté au festival de  Cannes  (section Semaine de la Critique)

soirée du 9/10/2015

Un film réalisé par deux frères palestiniens, (vivant en Jordanie) produit par la France et le Qatar, tourné en Jordanie (un garage aménagé en salon de coiffure) il n'en a pas fallu plus pour susciter une discussion où visiblement le journaliste/cinéaste palestinien qui animait le débat à l'issue de la projection, peinait à se faire comprendre. À la question "peut-on parler de film palestinien"? il tentait d'affirmer et de prouver qu'on ne saurait donner le label "palestinien", quand la production influe trop sur la création... Qu'il n'y a pas d'infrastructure pour le cinéma en Palestine encore moins à Gaza. Que le réalisme apparent de Dégradé se heurte à la "réalité" (le "quartier de Gaza" censé être reconstitué, l'absence de commentaire en faveur du Hamas -alors que c'est le vote des femmes qui aurait assuré sa victoire en 2007 -l'histoire du lion volé eut lieu précisément cette année-là-; des dialogues absurdes dans le contexte ou stéréotypés, un simulacre de microcosme -les femmes confinées dans le huis clos ne sauraient constituer un panel de la société gazaoui etc. etc.)...Malgré les précautions oratoires d'usage et les prétéritions, on a vite compris que ce film n'a pas eu grâce à ses yeux....et on le comprend!

Dégradé

argument: un salon de coiffure où sont confinées plus de 10 femmes; une famille "mafieuse" qui après avoir dérobé un lion au zoo de Gaza l'exhibe juste en face, pour narguer le "pouvoir" -en l'occurrence le Hamas lequel tentera par la force de mettre fin à ce "cas de figure"; et les femmes enfermées en subiront les effets collatéraux...

 

Un lieu clos donc, (serait-ce la métaphore de la bande de Gaza?); un espace confiné qui se prête ainsi à la théâtralisation; confinement où il est encore plus aisé de poser la caméra sur un visage pour l'isoler, un groupe, faire une vue d'ensemble. Ces femmes -une divorcée, une jeune future épousée, une étrangère, une junkie, une religieuse, la mère et sa fille, une autre sur le point d'accoucher, etc. -  attendent les soins (épilation coiffure massage- , comme dans Venus Beauté??); elles discutent librement (sexe drogue famille conditions de vie) avec humour parfois -quand il s'agit des conditions de sécurité -passages obligés aux check-points-, du rationnement, des coupures d'électricité! Le "dehors"? On l'aperçoit, on le devine (conversations téléphoniques) et surtout on entendra sa rumeur explosive quand il sera investi par les armes. Le salon se fissure emporté par la force sismique des détonations...

Dégradé? Le terme désigne une certaine coupe de cheveux.  Il est vrai qu'au niveau du montage et de la "progression dramatique" le film avance par paliers: et inutile d'être fin expert pour repérer qu'au crescendo dans la narration répondent en écho les "dégradés" des lumières et couleurs (jusqu'à la déflagration)

 

MAIS la surenchère (dialogues puis détonations), les "crépages" de chignon, le choix archétypal de femmes frisant la caricature, celui d'une cible unique (le Hamas et sa mauvaise gestion), le prétexte d'un fait divers datant de 2007 pour ausculter une société plus récente, le négligé ou la facilité dans certains rendus, une facticité évidente, font que ce film (il a suscité l'engouement du public cannois, mais c'était dans le cadre de la Semaine de la Critique....) ne peut prétendre à aucun de ces deux labels : film d'intérieur,  film palestinien!

 

 

CLD

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