Synopsis de ce film d'amour muet:
Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L'arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l'oubli. Peppy Miller, jeune figurante, va elle, être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l'histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l'orgueil et l'argent peuvent être autant d'obstacles à leur histoire d'amour.
Date de sortie : 12/10/2011
Un film de : Michel Hazanavicius
Avec : Bérénice Bejo, Jean Dujardin, John Goodman...
Avis de spectateurs ( trices):
Dans le cadre du mois du documentaire à Mont Saint Aignan à l'Ariel ce week end:
Festival France Terre d'Asile
programme:
http://www.montsaintaignan.fr/images/stories/Ariel/ariel_nov_prog.pdf
De Bertrand Bonello
Avec Hafsia Herzi (Samira) Céline Sallette (Clotilde) Adèle Barnol (Madeleine) Noémie Lvovski (Madame) Xavier Beauvois Jacques Nolot etc
Costumes Anaïs Romand
Ceci est un billet d'humeur; (ou mes réponses à des critiques lues et/ou entendues…)
2)"la scène de la mutilation revient trop souvent"
Si la scène est "montrée" plusieurs fois dans le film, bien se rappeler qu'elle obéit à une chronologie inversée. D'abord le cri et un plan sur le visage ensanglanté; puis les étapes à rebours qui ont conduit à ce "rite sacrificiel" (geste très "méthodique" du "bourreau). Une étude plus approfondie analyserait les moments précis où la scène apparaît (voir le scénario)
3) "un film trop esthétique"
Certes les cadres, les ambiances recréées, les costumes, les objets, l'architecture de la maison –avec ses couloirs, son salon, ses escaliers, etc.- et jusqu'à la présence d'une panthère sur un divan contribuent à faire de L'Apollonide un film très esthétique. Et chaque spectateur avec ses schémas culturels conscients ou inconscients y reconnaîtra Baudelaire (languides ou flamboyantes voluptés, morsures sacrées de la Chair, etc.) Courbet (l'origine du monde) Manet (l'Olympia) mais aussi Fernand Khnopff (la caresse). Après tout Bonello ne nous invite-t-il pas à voyager avec les artistes du XIX° siècle? Jeux d'oppositions aussi entre les femmes aux visages démaquillés, aux corps quasi dénudés en combinaison blanche et les mêmes fardées, toilettées, parées, parfumées pour accueillir les clients. Film esthétique mais non esthétisant.
4)"un film nostalgique sur les maisons closes"
Comme dans "le pornographe" ou "Tirésia" Bonello se refuse à tout jugement moral. L'arrivée d'une jeune fille, Pauline, dans ce monde clos, permet au réalisateur d'évoquer la condition de ces femmes recluses et condamnées à l'être –ne serait-ce que par l'énormité de leurs dettes. La scène d'auscultation, la lecture d'un texte d'anthropométrie, le cas de syphilis en disent long sur le statut des incarcérées du plaisir vénal. La cicatrice sur le visage de Madeleine ne suffirait-elle pas à elle seule à invalider la critique formulée?
5)les larmes de sperme sont d'un grotesque…"
Rappelons que dans un premier temps Madeleine dit avec émotion –à son amant- la fulgurance du désir, du plaisir qui a envahi tout son corps (et "mes yeux pleurent le sperme"); un plan montrera ces pleurs (mais n'est-ce pas le rôle de l'image de montrer ce qui est dit?)
Colette Lallement-Duchoze
Ouahooooo! Quel film ! inutile de rappeler le sujet que tout le monde connaît. J'avais peur de tomber sur un film qui fasse "téléfilm" et c'est tout le contraire. Au fait, qu'est ce qui fait qu'un film fait téléfilm ou pas ? quelqu'un peut le dire ?...Les acteurs sont excellents, Joe Starr compris, et le binôme Karine Viard/ Marina Foîs un régal. C'est joué à toute allure et ça laisse la place pour penser...plein de pistes de réflexion. J'ai surtout retenu que les boulots héroïques, si utiles à notre société en décomposition (profs, éducateurs, assistants sociaux, flics -et pas CRS-, infirmières, etc..) déglinguent la vie privée de ces derniers sans même que la société leur soit reconnaissante d'ê tre en première ligne du combat contre les conséquences de la misère matérielle ou morale. La fin du film est d'actualité et nous interpelle gravement.
Le film brosse un tableau de la maltraitance faite aux mineurs, sous plusieurs formes : du berceau à l'âge presque adulte...Courage des flics de base de cette brigade, lâcheté des cadres dépendant du pouvoir politique. Et dans toute cette vie à 200 kms/heure,
des moments de grande finesse comme cette petite fille qui ne sait comment avouer à sa mère son cauchemar "papa m'aime trop"...
C'est courageux de la part de la réalisatrice de rappeler que beaucoup de jeunes sont éduqués sexuellement par le biais des films pornos et qu'une fellation devient pour certain(e)s aussi banale qu'une giffle. Dérive idéologique...on aimerait savoir qui en est responsable ? - parents eux mêmes victimes de la misère sociale ou morale ? Et si on se servait de la Télévision pour éduquer parents et enfants au lieu de les abrutir avec des émissions toutes plus nuisibles les unes que les autres !
Enfin, ce film fait œuvre utile car il rappelle que notre pays s'est donné des lois qui protéger les faibles contre les désaxés de toute sorte, mais cela ne se fait pas sans une volonté forte ni sans des moyens qui peuvent disparaître parce que pas immédiatement rentables. Quelle erreur. Merci Maîwenn pour le service rendu à la société à travers votre film.
Et il y a encore beaucoup à dire, en bien, sur ce film riche, n'est ce pas ?...
serge Diaz
ce film passe en ce moment à l'Omnia
Si l'on se réfère aux "fameuses" toiles de Magritte "Ceci n'est pas une pomme" "Ceci n'est pas une pipe" – où le peintre nous invite à ne pas confondre un objet et sa représentation - alors oui ce que le spectateur voit en 75' "n'est pas un film" mais sa représentation. Nous voyons par exemple Jafar Panahi (filmé par Mirtahmasb) se pencher, marquer à l'aide d'un ruban adhésif sur le tapis de son salon les limites (murs, portes, escaliers) d'un décor où est censée évoluer l'héroïne d'un film à venir (jeune fille cloîtrée par ses parents fondamentalistes) mais dont le script a été refusé; nous l'entendons évoquer les mouvements de caméra, choisir un plan serré; en "mimant"il est devenu acteur … "Mais si on peut raconter un film, à quoi bon le faire"?
Au-delà de cette première interprétation, quelle leçon de cinéma!!
Nous allons suivre l'auteur cloîtré dans son appartement -il a été condamné, il est assigné à résidence-, durant une journée. La première séquence, en plan fixe, nous le montre en frontal, prendre son petit-déjeuner. L'extérieur s'invite : coups de téléphone à son avocate; sonneries -une voisine, hors champ, le supplie de garder son chien-; actualités diffusées sur l'écran; échappée sur les buildings alentour. L'intérieur s'épaissit: il faut nourrir l'iguane de sa fille; et à défaut de "faire un vrai film" regarder sur l'écran des extraits de films précédents (Sang et or) et les commenter –ce plan où sont cadrés en alignement: extrait du film, profil du cinéaste, masque/marionnette sur le mur du salon, est tout simplement bouleversant! Il dit l'impossibilité pour un réalisateur d'exercer son art !-
Et de même que Jafar Panahi va de sa table à l'écran, du salon à la cuisine, revient, fait volte face, de même l'iguane va du canapé à la bibliothèque, escalade, s'étire, revient, comme si les deux locataires étaient enfermés dans un temps qui "tourne en rond".
Quand Mirtahmasb va quitter l'appartement, Jafar Panahi prend le relais le filmant avec son portable; puis un plan sur la caméra isolée sur la table et cette parole prophétique "Ce qui compte, c’est que tout ceci soit enregistré et documenté. Que la caméra reste allumée."
La dernière séquence est le "voyage" en ascenseur avec le "préposé" aux poubelles; discussions, arrêts à chaque étage, ouverture/fermeture des portes, ramassage des détritus. Extérieur nuit; crépitements de la Fête du feu –une fête illégale-; Téhéran s'embrase, (prodromes d'une insurrection??); mais le cinéaste doit s'arrêter au pied de son immeuble, devant la grille (ne pas être pris en flagrant délit de filmer..). Humour et non-dits!
"Tout ce qui lui arrive est emblématique de notre situation" déclarait Mirtahmasb –lui-même sera arrêté le 18 septembre!!!-
Générique de fin: film dédié à tous les cinéastes iraniens….
"Ceci n'est pas un film" est plus que le témoignage d'un captif, c'est une force créatrice en marche contre les censeurs, un hymne à l'amour du cinéma !
« Ces bottes sont faites pour marcher, mais tu vas le regretter, car je mettrai ces bottes un jour ou l’autre pour te quitter ! ». Une comédie musicale de Christophe Honoré qui s’ouvre sur un défilé d’escarpins dans une boutique à Paris : des escarpins bleus, jaunes, roses, rouges ! Ce sont des chaussures que l’on enfile à la va-vite, que l’on retire au coin d’une rue, dans des marches d’escalier, que l’on vole, que l’on abandonne ; des escarpins usés qui traverseront au fil du film les ponts, les bords de Seine, qui accompagneront les personnages dans leurs moments d’euphorie, d’errance, de solitude ou de détresse.
Au cœur de la boutique, affairée autour des clients : Madeleine. Séduisante, « joueuse et rieuse », elle est interprétée par Ludivine Sagnier. Cette légèreté colle à la peau de l’actrice : Après « 8 femmes » et « la femme coupée en deux », elle incarne parfaitement ces rôles de femme-enfant, de séductrice invétérée au regard rieur. Cette fois- ci, elle se réfugie dans les bras d’un médecin pragois. Lors de leur première rencontre, un plan large les réunit le long d’un mur. Tout semble les opposer. Excentrique, elle porte une jupe beige et un manteau à pois. Lui parait plus sobre : costard, cravate. Il a tout pour plaire : un petit accent charmant qui tranche avec son allure sérieuse « C’est possible faire l’amour avec vous ? » déclare t-il. Il a tout pour plaire, en apparence, mais c’est « un pervers, un baratineur, un salopard » comme le criera Madeleine à sa fille. Cet homme charismatique prône le respect, « la dignité » pour ne pas « avoir envie de se cracher au visage le matin quand on se rase la barbe ». Et pourtant, il est scandaleux, irrespectueux, tente d’assurer un rôle de père qui le laisse démuni, s’emmêle dans ses paroles qui n’ont plus de sens ni de valeur. A l’image de ce « baratin », le français de Jaromil se détériore au fil du film. Il n’articule plus que quelques mots et finit par déclarer à Véra : avec ta mère, 3 mots : « amour, orgueil, plaisir».
Malgré cette légèreté apparente, le film recèle bien des drames et traite de thèmes sombres : l’abandon, la mort, l’amour déçu. Vera, la fille de Madeleine l’évoque « Je suis la fille d’une putain et mon père nous a abandonné. » Le rire est là pour camoufler le drame. Henderson déclare qu’il a quelque chose de «ridicule et stupide » à annoncer : il est peut être atteint du Sida ! Des scènes tragiques rythment le film : la mort de Vera dans un bar. Un peu d’Histoire pour ajouter au réalisme du film : l’invasion de Prague par les Russes, les attentats du 11 Septembre.
« Les filles légères ont le cœur lourd ». Cette chanson interprétée par Vera et Madeleine sur le quai d’une gare illustre une des problématiques des personnages du film. Comment échapper « aux douleurs de l’amour », au « poids du cœur », à ces « kilogrammes de sentiments » ? Comment fuir ce dont elles ne peuvent se passer ? En effet, cette comédie musicale met en scène des amours déçues, voire impossibles. Vera tombe amoureuse d’un homosexuel sidéen. Elle s’obstine à courir après un homme insaisissable incapable de répondre à ses attentes. Peu de plans les réunissent ensemble dans le même cadre comme pour mieux illustrer cette impossible union entre eux. Clément, lui est fou amoureux de Véra qui reste insensible à ses avances.
Face à ces intériorités insaisissables, les personnages ne cessent de chanter leur souffrance. De longs travellings accompagnent les personnages dans leur moment d’errance, le long de la Seine, sur les ponts, dans les gares. Chacun a le sien : Madeleine trompée, Vera face à son amour impossible, Clément lors de la mort de Véra… Aucun personnage n’y échappe ; et si le film s’attache à montrer des êtres ensembles, entourés ; c’est dans la solitude que le masque tombe et que les personnages se dévoilent. C’est à Madeleine de conclure à propos de l’amour dans les dernières minutes du film : « Mais alors dans cette histoire, vaut-il mieux être celui qui est aimé ou celui qui aime ? ».
A méditer et à voir absolument !
Anna Legros
"Les bien-aimés" passe actuellement à l'Omnia
Un film de Leonetti sur la déshumanisation, mais aussi "sur la guerre contre soi, contre l'autre" (affirme le réalisateur). Un film qui allie de façon inextricable et judicieuse fond et forme.
Un univers froid, glacial –dont rend compte le monochromatisme bleu métallique, images de David Nissen; oppressant –tout est mis en œuvre pour une décérébration collective -, sans perspective ni ouverture – images récurrentes de façades et de leurs carrés d'où se défenestrent certains employés; la direction a d'ailleurs prévu d'installer des filets de récupération…Un univers fondé sur la performance à tout prix, la délation, l'humiliation –le DRH, Philippe, admirable Sami Bouajila, accumule les tests d'émulation (certains sont mortifères). Des haut-parleurs, fusent les slogans réitérés d'une propagande univoque, ils scandent le quotidien de ces êtres devenus "inhumains" malgré eux. Et le sourire "forcé" (image récurrente en gros plan) de cet employé installé depuis des années dans une cabine à la sortie du parking en dit long sur cette déshumanisation forcée…Marie sera-t-elle le grain capable d'enrayer cette "superbe" mécanique?
Comme les deux personnages principaux Philippe et Marie (Julie Gayet) sont marqués à jamais par leur passé –la cicatrice au cou de Philippe, séquelle indélébile d'une tentative de suicide par pendaison, joue le rôle de métonymie-, le film repose sur de constants flash back (suicide de la mère de Philippe, environnement carcéral destiné aux orphelins, Philippe adolescent -Majid Hives- sauvé in extremis par la jeune Marie -Adèle Exarcopoulos-, etc…)
Pour ceux qui ne s'intéresseraient qu'au "fond", on peut sans extrapoler songer aux suicides chez France Télécom, avoir en mémoire les slogans de la politique ultra libérale qui conditionne le quotidien des employés...
Un film à ne pas manquer!
Colette Lallement-Duchoze
"Carré blanc" passe en ce moment au Melville
J'ai vu le film il y a deux jours, c'est le genre de film qui demande un peu de recul pour pouvoir en parler. J'en suis d'abord sortie sonnée, presque hostile tant il m'a paru désespéré. Avec le recul, j'ai (enfin...) compris que c'était un conte.
Nos trois héros sont des enfants abandonnés (jeunes adolescents) sorte de Petits Poucets qui jouent aux géants (petits durs au coeur tendre). A moins que les géants ne soient les adultes malveillants qui les entourent et qui pèsent tout le long du film comme une menace. Les scènes récurrentes de visites à la caravane du dealer et sa femme (on pense à "Louise Michel") sont à rapprocher de la visite chez l'Ogre.
Il y a aussi une fée (une femme qui les recueille pour la nuit dans sa maison-cocon) mais les enfants ne croient plus à la magie...
Puisque c'est un conte on aimerait croire quà la fin, ils partent vers le bonheur (ambiance fantastique, plan fixe sur la rivière et la barque qui s'éloigne au soleil levant).
Décidément j'ai eu besoin de recul pour apprécier, avec cette lecture tout s'éclaire, voilà qui mérite une
2ème séance
Jacqueline Marro
"Au revoir" passe actuellement à l'Omnia.
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