De Quentin Dupieux (Belgique, France)
avec jean Dujardin, Adèle Haenel, Albert Delpy
Sélection Cannes 2019 Quinzaine des réalisateurs
Georges, 44 ans, quitte sa banlieue pavillonnaire et plaque tout du jour au lendemain pour s'acheter le blouson 100% daim de ses rêves. L'achat vire à l'obsession et finit par plonger le détenteur du daim dans un délire criminel....
Plus minimaliste qu’au Poste, aussi perturbant que Rubber (le pneu psychopathe ) moins trash que Wrong cops ( polar dégénéré) encore que… Le daim propose un univers humain aux couleurs marronnasses (à l’instar de la couleur du blouson 100 % daim), des paysages "naturels" comme floutés (anomalie du regard de Georges qui la communiquerait au spectateur ?) et surtout met en scène une forme de folie qu’incarne avec un certain brio Jean Dujardin.
Georges a décidé d’éradiquer le monde de tous les blousons ; sa mégalomanie le pousse à en être le seul détenteur. Et nous allons suivre son cheminement depuis ce "caprice" jusqu’à la schizophrénie, depuis une forme de dépression (style de malade... se plaît-il à répéter) jusqu’au meurtre. Comme il a reçu en prime (lors de son achat) un caméscope, il va s’amuser à filmer…à .se filmer (jouant son Alain Cavalier) imaginant un dialogue entre lui et son blouson. Denise, une barmaid (admirable Adèle Haenel) qui rêve d’être monteuse, sera son acolyte…
Ainsi et à l’inverse des autres films de Quentin Dupieux, la " folie" n’est pas dans la construction du récit mais elle habite le personnage principal: ce qui autorise à suivre sa progression, scandée d'ailleurs par le motif instrumental récurrent de Mort Stevens -tiré de la série Hawaii Five-0 - The Long Wait -
Mais comme dans d’autres films de ce réalisateur, il y a le film et l’histoire du film. Georges (double peut-être du cinéaste qui pratiquerait l'auto-dérision) est un piètre "réalisateur": il apprend son "métier" sur le tas en s’aidant d’un manuel et il est encouragé par Denise (elle a remonté dans l’ordre Pulp fiction et c’est franchement nul …) Il commande il cadre il impose de rares répliques à de rares individus de " passage" (cinéphiles accostés à la sortie de l’unique salle de cinéma dans un bled assez paumé par exemple) "je promets de ne plus jamais porter de blouson" . Et ce qu’il filme, Denise le voit sur petit écran tout comme le spectateur d’ailleurs (cf l’affiche)
Une étrange étrangeté, un humour comme "décalé", des cadrages qui rappellent parfois des "vignettes", une bande sonore qui convoque entre autres Jo Dassin (en ouverture) Et si tu n'existais pas.....autant de bonnes raisons (parmi d'autres...) pour aller voir cette comédie!
Mais il y a les irréductibles, ennemis farouches de cet univers déjanté !
Colette Lallement-Duchoze
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