Court métrage d'animation (stop-motion) de Bruno Collet (France 2019)
avec les voix de Dominique Reymond (Michelle) et André Wilms (Louis)
Récompensé dans plusieurs festivals
Sélection Oscars 2020
à voir sur
https://univers.lafeteducourt.com/serie/images-du-3eme-age-1077
Depuis peu, Louis, artiste peintre, et sa femme Michelle, vivent d’étranges événements. L’univers qui les entoure semble en mutation. Lentement, les meubles, les objets, des personnes perdent de leur réalisme. Ils se déstructurent, parfois se délitent.
Un court métrage de 12 minutes à ne pas rater !!! Il aura exigé 9 mois de travail avec une équipe de 40 personnes !!! Filmé avec des marionnettes (que l’auteur a dessinées puis sculptées) utilisant la technique du stop motion (24 photos pour former une seconde d’image) Pour des raisons de budget, "nous avons dû renoncer aux masques dont on recouvre habituellement la tête des marionnettes, chacun de ces masques correspondant à une expression du visage que viennent préciser différents types de bouches, de paupières et de sourcils aimantés. La tête est ici en mousse de latex peinte, comme celle des Guignols. A l’intérieur, un système de rotules guide les pommettes et la bouche. Cela donne une fluidité à l’animation du visage et permet de se concentrer sur les yeux et non la bouche, comme c’est souvent le cas dans l’animation en volume" . À cela s’ajoutent d’autres techniques, le dessin animé et les images de synthèse en 3D. (cf le téléphone qui fond, Michelle qui se métamorphose en billes de couleurs)
Un court métrage émaillé de références picturales (Louis en Van Gogh (cf autoportrait de 1889) le visage strié de lignes, un extérieur traité comme "la nuit étoilée" , le psychologue ressemblant à un Giacometti, et les visages des enfants à des Bacon) Ces références ne sont pas gratuites et ne sauraient se réduire à des « clins d’oeil » : elles aident à comprendre la psychologie de Louis (s’il a perdu la mémoire, resteraient inviolées des images liées à la pratique de son art ?)
Non pas un court métrage sur la décrépitude due à la maladie d'Alzheimer. Plus la maladie s'empare inexorablement de Louis, plus le film sera coloré. Bruno Collet avait découvert le travail du peintre britannique William Utermohlen atteint de cette maladie et ce fut un choc "ses toiles sont de plus en plus vives, composées d'aplats de couleurs pures. Puis à la fin de sa vie il est passé au noir et blanc sans traits car il n'arrivait plus à se confronter à son propre regard" Dans "mémorable" les doigts vont remplacer in fine les pinceaux (retrouver l'homme primitif affirme péremptoire Louis) et aux larges aplats de pâte couleur foncée (filmés en très gros plan, générique d'ouverture) se substitue une diaphanéité presque surréelle
Mémorable est avant tout un film d’amour (et la séquence où Louis « drague» sa femme alors qu’il ne la reconnaît plus est tout simplement bouleversante ; de même que le tendre dévouement de l’épouse est inébranlable )
Art Amour et ... Humour ligués contre l’inéluctable ?
Colette Lallement-Duchoze