13 mai 2023 6 13 /05 /mai /2023 08:04

de Laura Citarella (Argentine 2022; 4h22)

avec Laura Parades (Laura) Ezequiel Pierri (Chicho) Rafael Spregelburd (Rafa) Cecilia Rainero (Normita) Juliana Muras (Juliana) Elisa Carricajo (Elisa Esperanza) Veronica Llinas (Romina)

 

Grand prix du jury Festival international de Films de Femmes 2023 

Une femme disparaît. Deux hommes partent à sa recherche aux alentours de la ville de Trenque Lauquen. Ils l’aiment tous les deux et chacun a ses propres soupçons quant aux raisons de cette disparition. Les circonstances vont cependant se révéler plus étranges que prévues. En deux parties et douze chapitres, « Trenque Lauquen » croise les récits de ses différents personnages et cartographie une ville. De la découverte d’une ancienne correspondance amoureuse dans une bibliothèque à de mystérieuses apparitions près d’un lac, la pampa n’a pas encore révélé tous ses secrets…

Trenque Lauquen Parties 1 & 2

Ton corps est la carte de ma vie. Sans ton corps je suis perdu 

 

Une narration toute en entrelacs, avec ses échos, ses glissements, ses superpositions, ses fondus enchaînés ; avec ses emboîtements (enchâssement de récits) ses flash-backs et leurs changements ou télescopages de points de vue, ses effets de circularité concentrique (à l’image de ce lac pierre angulaire du Tout) avec ces temps qui s’anamorphosent, ainsi s’éploie Trenque lauquen diptyque dédaléen (chacune des deux parties qui le structurent dure plus de 2h).

Laissons-nous embarquer dans cette aventure que n’aurait pas reniée un Raoul Ruiz par exemple. Le labyrinthe servant de « motif » -il re-lie espace et temps (la ville et ses mystères, la pampa et ses immensités, le château d’eau, ET le labyrinthe de la mémoire) et à l'intérieur de ce labyrinthe une image récurrente , la boucle – celle du lac, et celle qui enserre les ventres ronds des femmes enceintes - dans l’horizontalité du paysage

 

Le chapitre 12  de la deuxième partie nous « ramène » au tout début (I,1)  dans une chronologie inversée. La « fuite » interprétée par un, deux personnages (I,1) est vécue par Laura elle-même (II,12) Quitter définitivement Trenque (intrigue) et simultanément adopter un seul point de vue (narration) : Laura seule (un seul personnage mais évoluant dans des paysages multiples).

 

La réalisatrice se plaît aussi à « mélanger » les genres. Dans la première partie dominent les codes du roman policier et de la romance amoureuse alors qu’en II sont exploités ceux de la SF et du fantastique  (annonce fin I d’une présence suspecte dans le lac ; séquence de la serre d’abord auréolée de mystères en II)  Même si l’errance avec ou sans destination précise (et le lien est très étroit entre nature et aventure) est fondamentale - avec comme accompagnement musical, cette ballade récurrente, La canción de los caminos (La chanson des chemins)

 

La première partie met au premier plan deux hommes Rafa (le compagnon de vie de Laura) et Ezequiel (le compagnon d’enquête, secrètement amoureux) momentanément convertis en « détectives » à la recherche de Laura  - une chercheuse universitaire, botaniste et pigiste dans une radio. Un indice ? le mot sur le pare-brise « adios adios me voy me voy adieu je m’en vais. Or leur quête fait écho (telle une mise en abyme) à l’investigation menée par Ezequiel et Laura concernant une « mystérieuse » disparue Carmen Zuma institutrice dans les années 60,  dont la correspondance avec un « amant » italien a été retrouvée par hasard  (?) dans les pages du livre à la bibliothèque. Cette correspondance serait « vécue » par Rafa comme le miroir de sa propre histoire et par Ezéquiel comme la projection de sa romance secrète (il prête d’ailleurs sa propre "image" à l’amant de la disparue !)

 

Si le film a obtenu le grand prix du meilleur long métrage de fiction au festival de films de femmes de Créteil c’est qu’il fait la part belle (surtout en II) à ces femmes fortes bienveillantes protectrices amantes aimantes : Juliana la directrice du programme radio où travaille Laura -elle-même débusque dans ses recherches les destins hors du commun tel celui de Lady Godiva ; le couple Elisa Romina prenant en charge -secrètement- le « monstre de la lagune », la patronne de la pulqueria (qui va nourrir réchauffer Laura dans sa vertigineuse errance)

La disparition de certaines femmes (Carmen et Laura) est  vécue telle une déshérence par  les "survivants"  (cf extraits de la  correspondance et  le désarroi de l'amant italien)

 

Laura botaniste était venue à Trenque  faire l’inventaire des orchidées ; or dans sa recension, il  en manque une…

Le spectateur lui-même est pris au piège des « omissions » dans ce film-mystère ; omissions  ou  fleurs manquantes ?

 

Laura s’éclipse ; désormais hors du champ de notre vision comme engloutie dans la vastitude du paysage, un monde revisité

 

Va-t-elle disparaître -une seconde fois ?

Définitivement? 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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7 mai 2023 7 07 /05 /mai /2023 07:11

de Simon Rieth. (France 2022)

 

Avec Simon Baur, Raymond Baur, Maïra Villena

 

 

Présenté en compétition à la 61e Semaine de la critique du Festival de Cannes. 2022

Grand prix du meilleur film au Festival international du film fantastique de Neuchâtel.

Festival international du film fantastique de Bruxelles : Silver Raven du meilleur long-métrage.

Royan, 2011. Alors que l’été étire ses jours brûlants, deux jeunes frères, Tony et Noé, jouent au jeu de la mort et du hasard... Jusqu’à l’accident qui changera leur vie à jamais. Dix ans plus tard et désormais jeunes adultes, ils retournent à Royan et recroisent la route de Cassandre, leur amour d’enfance. Mais les frères cachent depuis tout ce temps un secret...

Nos cérémonies

 

L’ambition était de réaliser un film sur un amour fraternel très fort puis m’est venue cette idée de résurrection et de mise à mort comme une métaphore de la relation entre les deux frères dont je me suis servi pour raconter cette histoire

 

Un film ovationné à Cannes. Un film qui a séduit la critique. Osons quelques bémols!

Les décors enserrés dans des cadres soignés au millimètre près, une orchestration très sophistiquée (qu’il s’agisse des intérieurs -maison église- ou des extérieurs - plage forêt- dans le choix des couleurs des plans du format scope), la catatonie, la transe fiévreuse à répétition consécutives à l’accident (et l’intrusion de l’élément fantastique : résurrection après l’accident qui clôt le long prologue ou première partie),  tout cela est surligné, tout comme la bande-son est sur dimensionnée, tout comme l’écran peut être envahi (jusqu’à saturation) d’une couleur monochrome (rouge de préférence !)

 

Contrairement à ce que prétend le jeune cinéaste, seul ce qui est hors champ est auréolé de mystère  (dispute violente des parents par exemple et qui sera le prélude à leur séparation); car la plupart du temps tout est inscrit dans des prémices lisibles (quand bien même le « genre » se rapprocherait du fantastique)  Les masques et armures factices (celles des frères enfants) renvoient aux combats moyenâgeux qui précisément passent par une « mise à mort » ; le passage de l’enfance à l’âge adulte (soit 10 ans après) présenté comme le passage des jeux de hasard à des jeux de pouvoir ;  le choix de prénoms aux évidentes connotations (Noé, Cassandre) ; en voyant le frère cadet « préparer » lieu et accessoires, le spectateur « devine » que c’est le prélude à la « cérémonie » de la pendaison ; le lustre -ses oscillations où la lumière se diffracte dans un sourd fracas sur les « cristaux de verre » - comme annonciateur de « drames »  ou rappel tout simplement d'une relation parentale toxique; les supplications auxquelles ne peut déroger le frère cadet Noé (il se sait investi d’un pouvoir, celui d’un démiurge qui décide de la vie et de la mort), le plan final qui, en démultipliant le personnage, Tony,  atteint de la maladie de la mort,   sert de « bilan conclusif »

 

Les deux frères Baur sont (dans la vie) des athlètes de haut niveau ; dans le film leurs corps dont la chair les muscles sont magnifiés (caressés par la caméra et la lumière) expriment une sensualité toute sculpturale qui rappelle la statuaire grecque. On retiendra la scène de wushu ( ?) filmée en travelling au  soleil couchant où coexistent la magnificence et la noirceur !! Comme si les éléments naturels (et ils sont essentiels dans le film) épousaient l’ambivalence de la fusion fraternelle !

 

Mais après tout,  la saturation, le choix d’images trop marquées, trop contrastées, les métamorphoses (corps en décomposition tel celui d’un reptile) et la musique par trop accentuée - qui m’ont fortement agacée-,  participent d’un choix délibéré ! et la dynamique du film ne serait-elle pas résumée dans l’extrait de l’Apocalypse de Jean ? (lu lors de l’enterrement du père) J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle car le premier ciel et la première terre avaient disparu." Auquel cas, s’imposerait une discussion éminemment philosophique !

 

A vous de juger!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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6 mai 2023 6 06 /05 /mai /2023 07:53

de Kelly Reichardt  (USA 2022) 

avec : Michelle Williams (Lizzie), Hong Chau (Jo), André Benjamin (Eric), Heather Lawless (Marlene), Judd Hirsch (Bill), John Magaro (Sean)...

À quelques semaines du vernissage de son exposition, le quotidien d’une artiste et son rapport aux autres. Le chaos de sa vie va devenir sa source d’inspiration...

Showing up

La « papesse » du cinéma indépendant a -et c’est tant mieux- plus de laudateurs que de détracteurs ! Voici une réalisatrice qui a toujours privilégié le lien qui unit individus et environnement –(un barrage (Night moves) cf Night moves - Le blog de cinexpressions)  la forêt , l'espace naturel (first cow cf  First cow - Le blog de cinexpressions); soit la manière dont est dicté un comportement dans tel contexte. Dans ce dernier opus présenté en compétition officielle à Cannes  en 2022 c'est  Portland plus précisément  une communauté d’artistes qui vit en marge du centre-ville, une communauté jouissant apparemment d’une totale liberté loin des tracas de la société moderne et la caméra nous promènera du campus à l’atelier 

Voici Lizzie une sculptrice stressée avant le « grand jour » de son expo. Quoi de plus « normal » ? (à noter ici que l’actrice Michelle Williams, une fidèle de Kelly Reichardt, qui interprétait la mère, artiste fantasque, dans le film de Spielberg est ici surprenante attifée en vieille fille bougonne). Or son quotidien est perturbé par des problèmes « matériels » (une chaudière en panne et l’impossibilité de prendre une douche ; Jo sa voisine et propriétaire prépare elle aussi une exposition et ne peut accéder à sa requête !) quotidien entravé par des problèmes familiaux (des parents "bizarres", un frère "malade " -on aura reconnu l’acteur John Magaro qui interprétait Cookie dans First cow) et comble de l’absurde ( ?) par la prise en charge d’un pigeon que son chat a grièvement blessé.

Au récit, Kelly Reichardt privilégie l'ambiance et c’est du décalage entre le  "sérieux" austère de Lizzie et le prosaïsme des éléments perturbateurs que naît l’humour. De plus n’est-ce pas dans le contraste entre les positions acrobatiques des figurines  aériennes (certes figées dans le temps et l’espace) et l’apparence terne renfrognée sévère de la sculptrice que s’opère une « transfiguration » ?

Au plan d’ouverture -long travelling latéral sur des dessins, croquis préparatoires-, répondra en écho un long travelling sur les statuettes exposées lors du vernissage ; sculptures en céramique sur lesquelles se penchent certains visages alors que se déclinent les « discours » de sachants, truffés de clichés ! Et l’essentiel du film se situe entre ces deux plans avec cette « marque de fabrique » qu’est le décalage entre les échelles. Une sculpture sur le point d’être achevée est filmée telle une personne vivante, alors que sur son socle et adossée à d’autres elle semble rapetissée ; le plan final qui voit s’éloigner Lizzie ne se réduit pas à un travelling arrière mais le personnage progressivement s’amenuise jusqu’à disparaître alors qu’au premier plan une feuille d’arbre semble se dilater !! avant que -pour le générique de fin-  l’écran ne soit envahi par ces nœuds que des mains expertes font défont, tissent emberlificotent ; un autre  "médium " que la glaise comme métonymie de la création? 

Un essentiel donc fait de petites mésaventures et tout l’art de la réalisatrice est de rendre « signifiant », vivant l’insignifiant. Voici un chien affalé sur le pas de porte, si vous désirez entrer ou sortir vous devez impérativement passer par -dessus. Une erreur de cuisson pour la céramique ? mais la sculpture ne gagne-t-elle pas en authenticité ? A peine entrés dans la galerie les  " invités" ne tarissent pas d’éloges (alors qu’ils n’ont RIEN vu et qu’ils sont plus préoccupés par le buffet… ) L’épisode du pigeon mériterait à lui seul tout un commentaire ! il illustre les liens étroits qui se tissent entre le quotidien de Lizzie et sa création, ses créatures. Nous la surprenons en train de rompre le bras d’une statuette avant de le recoller, comme si elle « rejouait » la brisure, puis la réparation, de l’aile du volatile. Dans son rôle de « soignante » elle est plus efficace qu’avec son frère et ce n’est pas pur hasard si le frère avec délicatesse rendra au pigeon sa liberté ; un « envol » ô combien symbolique

Un film à ne pas manquer ! quoi qu’en disent les détracteurs vilipendant  un minimalisme ennuyeux 

 

Colette Lallement-Duchoze

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5 mai 2023 5 05 /05 /mai /2023 11:55

de Mehdi Hmili (Tunisie 2021)

 

Avec Afef Ben Mahmoud, Zeineb Sawen, Iheb Bouyahia, Sarah Hanachi, Slim Baccar, Noomen Hamda, Fakher Wahchy, Hakim, Boumsaoudi, Noureddine Souli et Elyes Rebhi

Amel est ouvrière (et déléguée syndicale) dans une usine à Tunis. Son patron la met en relation avec un homme d’affaires qui peut permettre à son fils d’intégrer le club de foot local. Profitant de la situation, l’homme tente d’abuser d’elle. La police les surprend mais c’est Amel qui est finalement déclarée coupable d’attentat à la pudeur et d’adultère. À sa sortie de prison, elle part à la recherche de son fils dans les nuits underground de Tunis, peuplées de prédateurs et d’une jeunesse en quête de liberté.

Amel &  les fauves

La violence est contenue dans le titre lui-même (les fauves ? la police corrompue et la société patriarcale et classiste ; l'esperluette - ou la conjonction  "et" ? vu le contexte a le sens de  parmi , en opposition à, face à ). Après une séquence d’ouverture où triomphent la légèreté, l’humour, les "signes" d’une symbiose affective et surtout l’espoir d’un futur plus lumineux, c’est à un présent cauchemardesque que seront confronté.e.s Amel et son fils !.

Amel est la femme contrainte de  subir : un mari alcoolique, un patron injurieux, un viol, un emprisonnement, et à sa sortie de prison dans sa quête quasi désespérée -à la recherche de son fils- nous sommes entraînés dans une véritable descente aux enfers, celle-là même que vit Moumen …sur fond de corruption de la police de la justice. Le réalisateur -qui s’est inspiré de son vécu- filme sans complaisance la vie tunisienne nocturne dans sa spécificité foisonnante violente et charnelle (on est loin des images clichés destinées aux touristes). Aux "monstres"  diurnes répondent les "fauves" de la nuit. Et la caméra très proche des visages et des corps met précisément l’accent sur des vies fracassées dans une Tunisie de l’après Ben Ali (on est loin de la révolution du Jasmin…. )

Non pas démontrer mais montrer ; montrer la noirceur l’âpreté à travers deux populations les jeunes et les femmes. Car précisément « Ceux qui ont fait la révolution se sont vus exclus du processus démocratique. Conséquence, les jeunes ont délaissé la politique et la société civile. J’avais besoin de filmer ce chaos. J’ai voulu parler de cette catégorie sociale qui a fait la révolution et que l’on a vraiment utilisée et usée. »

Pari réussi ? impression mitigée… Si ce film a véritablement agi comme une thérapie (« J’avais besoin de dire des choses, à mes proches notamment, et de filmer des situations que j’ai vécues pour pouvoir passer à autre chose. et c'est à sa mère que Mehdi Hmili dédie son film  (cf générique de fin),  qu’en est-il pour un public non tunisien ? Des images choc, du sang, un rythme souvent effréné (dans les courses poursuites, la délation généralisée et le crime impuni)  C’est le chaos post révolutionnaire, c’est l’univers des femmes isolées et des « mineurs sans perspectives » ; c’est le monde de la prostitution, des drogues dures, de la criminalité. Mais à force de vouloir tout dire, tout montrer (même sans misérabilisme) ne risque-t-on pas l’éparpillement et la redite ?  La peinture des milieux de la nuit (le cabaret pour Amel, les lieux underground pour le fils) est trop souvent étirée dans le temps et le recours aux plans tremblés,  aux nombreux cuts censé illustrer la frénésie (factice cela va de de soi) tombe à faux

Mais on retiendra le parcours d’une mère aimante confrontée à des choix « impossibles » comme à autant de dilemmes !

Et si l’intérêt majeur de ce film (« courageux » certes) était dans le maniement de l’ambiguïté… ??

 

Colette Lallement-Duchoze

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30 avril 2023 7 30 /04 /avril /2023 10:23

de Hajime Hashimoto  (Japon 2020)

 

avec  Yûya Yagira, Min Tanaka, Hiroshi Abe

Peintre étudiant, Shunrô est exclu de son école pour son impétuosité et son style marginal. Soutenu par un galériste qui détecte son génie, Shunrô va devenir Hokusaï, l’un des plus célèbres peintres d’estampes japonaises, mais aussi la cible à abattre de ses détracteurs.

Hokusai

Une composition qui rappelle certains tableaux, des plans fixes -propices à la contemplation-, une structure à la chronologie éclatée, malgré le découpage formel en diptyque (Edo 1785 Edo 60 ans après) une volonté de ne pas verser dans l’hagiographie celle d'un peintre mondialement connu (et reconnu) pour sa vague, et son influence sur la peinture en Occident dans la seconde moitié du XIX siècle, lui le maître incontesté de l’estampe ukiyo-e (littéralement  "image du monde flottant") : tel est bien le parti pris du réalisateur dans ce  "biopic" . Saluons aussi l'évidente méticulosité dans la reconstitution de certains quartiers d'Edo  ou des intérieurs de geisha et dans le choix des costumes ainsi que le travail sur les lumières.

Geste du peintre, pinceau qui calligraphie l’espace vierge, processus de création dans un contexte de violence institutionnalisée,  tout cela va culminer dans ce plan qui enserre les deux Hokuzai -le jeune et le vieillard- en train d'élaborer une œuvre. Moment hors du temps ? temps momentanément suspendu ? Or dans la narration cette séquence se situe précisément après des œuvres inspirées par le meurtre de l’ami écrivain (qui a préféré « sacrifier » son statut de samouraï ; écrire n’était pas seulement une gageure mais l’affirmation d’une soif de liberté)

 

D’ailleurs "la violence" -celle de la censure- surgit dès le début du « biopic » : nous assistons au saccage d’une librairie, jugée subversive ; nous verrons aussi des artistes  "vendre" leurs œuvres  dans la clandestinité. Le pouvoir juge l’art "moralement corrupteur?"   Il faut avouer  que pour un spectateur occidental qui n’est pas versé dans l’histoire du Japon, les ellipses et les allusions le privent de toute contextualisation. La version française aurait été amputée de 30 ‘ ? mais il n’est pas sûr que ces trente minutes aient servi d’écrin explicatif à nos interrogations !! Au moins aurons- nous compris que ce que nous admirons aujourd’hui fut enfanté dans la douleur voire la barbarie!  : Voici des samouraïs chargés de faire respecter l'ordre, voici un peintre Utamaro,  emprisonné, c'est "qu'on ne doit pas peindre les maisons closes, la vie des plaisirs ou les petites gens,  et la fameuse vague aurait été  jugée révolutionnaire 

 

Un peintre (1760 1849) très prolixe (plus de 30 000 dessins) un peintre aux multiples identités, (plus de 120 noms ou pseudo) un peintre témoin de son temps (dont le vieux monde conservateur) et luttant contre les injustices Il faut le voir à 70 ans partir avec son baluchon Mon corps me lâche. C’est maintenant que je vois des choses que je ne voyais pas et ce sera la série des vues sur le Mont Fuji.

De l’émulsion brumeuse au mouvement de fougue, -que perçoit puis ressent, presque viscéralement, Hokusai (avant de renverser sur son visage un bol de bleu de Prusse !)  et qu’il immortalisera dans la Grande Vague de Kanagawa–  n’est-ce pas aussi la dynamique qui anime ce   "biopic" ? 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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29 avril 2023 6 29 /04 /avril /2023 05:46

D'Emin Alper  (Turquie 2022)

avec Selahattin PaşalıEkin KoçErol BabaoğluErdem SenocakSelin YeninciKazim Sinan DemirerNizam NamidarAli Seçkiner Alici

 

Un Certain Regard Cannes 2022

 

Emre, un jeune procureur déterminé et inflexible, vient d’être nommé dans une petite ville reculée de Turquie. A peine arrivé, il se heurte aux notables locaux, bien décidés à défendre leurs privilèges par tous les moyens, même les plus extrêmes...

Burning days

Pour dénoncer les méfaits de la corruption, l’instrumentalisation de la peur (pénurie de l’eau) à des fins électoralistes, le réalisateur a choisi le thriller (et les titres des différentes parties qui le composent le prouveraient aisément), thriller efficace et sophistiqué entraînant le spectateur dans les dédales d’une conscience sur fond d’homophobie (le film aura maille à partir lors de sa sortie en Turquie,  plus pour son traitement de l’homosexualité qui est... suggérée, que pour la critique du régime d’Erdogan).

 

Voici un jeune procureur décidé à venir à bout de ce qui gangrène le système -il convoquera condamnera les édiles locaux -fortement impliqués -entre autres-  dans la gestion de l’eau et des armes !!

Son cadeau de bienvenue ? la mise à mort d’un taureau tué à balles réelles…. la longue coulée de  sang, la course folle des habitants hystérisés, que le procureur  "suit"  hébété au volant de sa voiture,   signes avant-coureurs de son propre destin ??

Dès la scène inaugurale, les échanges avec deux "personnalités"  au sourire béat -propos souvent équivoques, parole comme exercice du mensonge- , contiennent en creux les accusations futures.  Ce "festin"  (titre ô combien ironique!) sera l’élément déclencheur…

De nombreux flash-back (spontanés ou impulsés par les "révélations"  du journaliste Murat) sur le déroulement de cette soirée imbibée au raki,  tenteront de recomposer un puzzle (Emre drogué a-t-il été témoin de l’agression de la jeune gitane ? aurait-il participé au viol ? et quel rôle joue le journaliste (charisme et regard concupiscent)? Or ces flash-back ont surtout pour vocation de "mettre en image" les pensées, les souvenirs, les cauchemars du personnage principal  !!  - dont les "contradictions"  sont illustrées par le flou et les vacillements !  --et partant de solliciter une participation active du spectateur!  Et les  pressions exercées par le milieu judiciaire, la manipulation de l’opinion, les déclarations contradictoires de la gitane, contribuent  à  "piéger" ce jeune  procureur,  "étrange étranger" qui a osé enfreindre  l' "ordre établi"  dans ce village d'Anatolie, fût-il celui du pire désordre immoral  ...

 

Les dolines (gouffres creusés par l’épuisement des nappes phréatiques) sur lesquelles s’ouvre et se clôt le film (un plan majestueux dans un décor quasi lunaire ) se parent d’une beauté convulsive tant elles reflètent le  "paysage mental"  de la localité Yaniklar, (et pourquoi pas celui d’un pays) ; gouffres qui engloutissent des décombres, ceux de la démocratie  mise à mal par la corruption, le népotisme, le musèlement de l’opposition (dans le film on brûle les locaux de la presse qui dénonce, preuves à l’appui, les prévarications),  la crédulité des peuples (les habitants effrayés par la pénurie de l’eau se laissent manipuler et très vite seront cette foule vindicative prête pour une "justice immanente" et pourquoi pas un  lynchage !!!) 

Au début nous voyons Emre au  "bord du gouffre" (cf l'affiche) , à la fin , même décor,  dans une semi obscurité, il sera ….(ne pas spoiler !)

 

 

Des scènes à couper le souffle ! un scénario palpitant ! la musique de Stefan Will, partition de cordes dissonantes, alternant glissando et ostinati, enrichie de quelques éléments percussifs, cela suffit à balayer d’éventuels reproches (abus de flash-back ! par exemple)

 

Un film à ne pas rater !!

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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28 avril 2023 5 28 /04 /avril /2023 08:16

 

 

 

 

 

 

 

En route pour la 22ème !

Avec plus de 1100 films reçus pour cette 22ème édition, nous avons encore trouvé de quoi nous rincer l'œil ! 

Et le temps est venu de vous en partager un échantillon, à savoir les 18 courts métrages qui nous ont le plus touchés, par leur décalage, leur sensibilité ou leur audace ; et de nous retrouver avec des invité.e.s pour des moments de partage et de convivialité.

 

 

 

 

 

 

En short

Mais il n’y en a pas que pour les grand·e·s… Avec l’école ou en famille, les jeunes cinéphiles en culottes courtes auront de quoi aiguiser leur culture et élire leur film préféré.

 

 

 

 

 

 

 

 

Soirées thématiques

Et puisque le court est toujours intense, d’autres séances auront lieu pour les courtivores qui ne s’en sont pas encore mis assez sous la rétine. Des thématiques variées, servies sur un plateau par nos partenaires (nouveaux ou de longue date) pour faire la fête, se questionner et découvrir l’envers du décor du cinéma.

 

 

 

 

 

 

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28 avril 2023 5 28 /04 /avril /2023 05:42

de Wissam Charaf  (Liban 2022)

avec Clara Couturet, Ziad Jallad, Darina Al Joundi

Beyrouth, Liban, aujourd’hui. Ahmed, un réfugié syrien, et Mehdia, une travailleuse domestique migrante éthiopienne, vivent un amour impossible. Alors que Mehdia tente de se libérer de ses employeurs, Ahmed lutte pour survivre du commerce de déchets métalliques ,  il est touché par une maladie mystérieuse....

Dirty difficult dangerous

Un film  "étrange" qui mêle tragédie, légèreté absurde et fantastique ; un film qui tient autant du conte que du réalisme social, politique et même géopolitique ; et pour en apprécier le bien-fondé surtout ne pas dissocier les différentes approches car c’est précisément sur fond de romance (venue de temps immémoriaux) que les réalités -résumées dans les 3 d du titre- vont émerger (la traite des employées de maison venues d''Afrique et d'Asie, le racisme antisyrien d'une grande partie de la population libanaise , dont les autorités tirent de substantiels bénéfices,- les trafics d'organes, le dénuement des camps de réfugiés,  les pratiques inadaptées de certaines ONG  et, au passage,  une dénonciation de certains médias  épris de scoop misérabiliste….dans un esprit mercantile).

Menue frêle elle claudique, il la soutient même en l’absence du bras protecteur. Des rues de Beyrouth désertées (ici comme dans les films de Tati la vie humaine est évacuée, place à la fable) aux camps de réfugiés, des intérieurs d’appartements aux quais de l’embarcadère, des vues en contre plongée (Ahmed arpente seul la rue , son cri Fer, cuivre, batteries est à la fois un cri de survie et un chant d’amour, elle l’attend elle l’entend) aux plans plus larges voire panoramiques des contrées environnantes (une partie du film a été tourné en Corse cf générique de fin) voici l’histoire de Mehdia femme de ménage éthiopienne, et d’ Ahmed, ferrailleur syrien qui a survécu à l’explosion d’une bombe. Ils s’aiment. Une romance racontée à la manière d’un Keaton (voire d’un Kaurismaki ?)

L’humour et les excès (cf les pleurs de Mehdia quand une Sri lankaise risque de lui  "voler" sa place d’employée de maison) les fausses références à la mythologie (Ahmed filmé tel un demi-dieu comme auréolé d'un prestige quasi surhumain) les métaphores multiples accolées au métal (métaphore de la guerre qui contamine le corps, la peau du ferrailleur qui se métamorphose littéralement sous nos yeux ; éclats de bombe, pourrissement et douleur de l’exil,) les passages insolites du sordide au " merveilleux"  (cf la parenthèse enchantée dans un palace ou tout simplement le gourbi transformé en couche de verdure luxuriante comme hors de l’espace et du temps, qui abrite en les enserrant les amoureux, cf l'affiche ) l’irruption "contrôlée" du fantastique (à l’apparition sur l’écran de télévision de Nosferatu répond en écho l’ombre portée sur les cloisons de l’appartement quand le colonel, -par mimétisme ?- ne s’aventure pas dans la chambre de l’employée pour… l’égorger avant de gémir tel un enfant « au secours je suis tombé » ) tout cela est mis au service  d’une aventure amoureuse confrontée aux pires menaces, aux pires situations mortifères.

Mehdia, Ahmed ! Un couple à la croisée de « chemins » (sociétal sentimental et religieux quand bien même la foi chrétienne de Mehdia est plus proche de la religiosité) dans un film qui nous aura entraîné -et pour notre plaisir- dans les sentiers de l'humour  et du fantastique,  de la sensualité et  de la mélancolie . comme  pour mieux appréhender le " réel " !!!

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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23 avril 2023 7 23 /04 /avril /2023 12:45

 

Comme chaque été, la petite Salomé retrouve le village familial, niché au creux des montagnes portugaises, le temps des vacances. Tandis que celles-ci commencent dans l’insouciance, sa grand-mère adorée meurt subitement. Alors que les adultes se déchirent au sujet des obsèques, Salomé est hantée par l’esprit de celle que l'on considérait comme une sorcière.

 

Alma viva

Saluons la démarche de cette cinéaste portugaise (dont Alma viva est le premier long métrage) : filmer le « mystique » dans la rudesse montagneuse, tisser des liens entre le « réel » (et quelle réalité que celle des conflits familiaux suite au décès de l’aïeule !!) et l’invisible (celui qui a hanté la « sorcière » et qui continuera à hanter la petite !) faire cohabiter le tout viscéral organique palpable et le tout a-normal, extra-ordinaire et ce, à travers le personnage de  Salomé (-interprété par sa …fille) cette gamine persuadée d'avoir hérité des pouvoirs médiumniques de sa grand-mère bien-aimée, Avó 

La réalisatrice lors de la rencontre à l’issue de la projection à Angers (festival Premiers plans) affirmait avoir rendu  hommage à une région à ses habitants à leur culture, hommage aussi au cinéma (thématiques déjà traitées dans mes courts métrages) bref c’est une histoire de famille…. élargie

 

Souvent sa caméra est si proche des personnages (outre le duo Avo/Salomé) qu’elle en devient « tactile » comme pour associer, simultanément, le toucher la découverte et l’exploration et la « sensorialité » peut être proche de la sensualité (cf Salomé sur la mob). Plusieurs plans vont d’ailleurs isoler deux personnages enlacés ou tels des gisants (la grand-mère et Salomé, Salomé et sa mère, Fatima et sa nièce)

 

Voici un très gros plan sur un œil. Qui regarde ? et quoi ? le plan s’élargit : Salomé, les bougies, le mort.

Dès ce premier plan apparaissent en filigrane deux thématiques:  celle de l’œil, du regard (et le rôle de l’oncle aveugle sera significatif , car sa cécité lui donne accès à des choses muettes, à l’indicible ; un complice le chien, dont le regard va au-delà des regards humains !!!) et celle de la mort, (c'est elle qui ouvre et clôt le film);  vers la fin, dans la séquence du cimetière voici un plan en plongée, sur la famille réduite à sa plus simple expression et le groupe d’instrumentistes qui par deux fois avaient accompagné le cortège funèbre, avant que ne s’accomplisse le « miracle » de la pluie dont le ruissellement effacera les souillures !!! ) ; mêler le rite chrétien et le  mysticisme païen c'est ainsi que la mort -partie intégrante de la vie- est traitée (ou perçue?)  

 

Le plan final, vaste panoramique et vue aérienne sur l’environnement fait de lacets (circulation des humains) dans les montagnes austères (nature) nous invite, après avoir quitté l’âme du village Trás-os-Montes (de l’autre côté des monts »), à déceler dans cette cartographie  le réalisme magique inscrit dans l’âme même du paysage

 

Colette Lallement-Duchoze

 

NB L'incendie n'a absolument rien à voir avec des images d'archives (feux de forêts qui ont dévasté le Portugal) ; il s'agit d'un "trucage" et cela s'inscrit dans la condamnation de la famille pour sorcellerie  

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22 avril 2023 6 22 /04 /avril /2023 07:30

URSS, 1938. Staline purge ses propres rangs. Les hommes du NKVD qui mettent en œuvre la répression sont eux-mêmes arrêtés et exécutés. Capitaine zélé du NKVD, Volkonogov se sait parmi les condamnés et s’échappe. Dans sa fuite, il va chercher à expier ses fautes en recueillant le pardon des familles de ses victimes...

Le capitaine Volkonogov s'est échappé

C’est la « grande Terreur » : des centaines de milliers de personnes sont condamnées sur la foi d’accusations arbitraires, d’aveux extorqués sous la torture, et ce même dans les rangs staliniens. Le capitaine Volkonogov qui a vu le commandant Gvozdev se jeter par la fenêtre sait qu’il risque d'être convoqué pour « réévaluation ». Il s’enfuit de ce bâtiment qui abrite le NKVD. Mais que fuit-il réellement ?

 

Le film épouse le rythme de la course du capitaine, un capitaine traqué par son supérieur et ses propres fantômes, un capitaine à la recherche d’un hypothétique pardon ! (et l’acteur Yuriy Borisov, que nous avions vu dans Compartiment n°6 incarne avec brio la folie dévastatrice du  personnage). Le présent de cette double traque se mêle à un passé plus ou moins proche que restituent de nombreux flash-back. Et nous voici plongés dans un univers qui, à s’y méprendre serait celui d’une dystopie…-, où  la décrépitude, la saleté et la vétusté   - bâtisses, appartements communautaires, caves - sont  la métonymie de la déshumanisation, de l’agonie programmée ! L’ère nouvelle qu’impose Staline est illustrée, pour ne pas dire symbolisée, par ce « zeppelin » 1938. Or cet immense objet oblong que l’on regardera (fasciné ?) de la fenêtre en contre-plongée ne concourt-il pas à   faire peser sur chaque Russe la sensation d'être surveillé'Suicides exécutions (une seule balle dans la nuque permet d’économiser le temps et les munitions…) délation à tous les étages, triomphe de la mort et de l’arbitraire ! C’est la paranoïa du dictateur, épaulé par le NKVD! Ses membres? dès la scène d'ouverture l'accent est mis sur la culture du corps; des jeunes athlètes au crâne rasé jouent au volley dans une immense salle lambrissée puis Volkonogov et son pote Verretennikov s'adonnent à une "lutte" entre "chiens". Jeunesse insouciante? la suite démentira  cette première impression.!!!

 

Convaincu (après une vision) que le « pardon » (d’au moins une personne) lui ouvrira les portes du Paradis,  le capitaine Volkonogov s’acharne à le quémander auprès de familles dont il a exécuté iniquement, cyniquement, sournoisement, sadiquement un des membres (les flash-back qui le « montrent » à l’œuvre insistent -et c’est souvent à la limite du supportable- sur les corps meurtris torturés désarticulés dégoulinant de pleurs et de sang). 5 personnes consultées,  une démarche  identique : rappel de la formule méthodes spécifiques,  annonce de l’exécution  que jusque-là les autorités avaient maquillée, et demande insistante du pardon ; « va te faire enculer » ce sera la première réponse. Cuisant  échec avec les quatre autres   (ici les co-réalisateurs en "variant"  à la fois  les contextes et les réactions, ont élargi la vision de Leningrad, et rendu palpables la peur  et l'assujettissement  à la doxa!) 

Mais au final, voici, inattendue une séquence où la lenteur des gestes, où les mains de l’agonisante telles celles de dieu, où la toilette mortuaire et l’étreinte souriante dans la mort, accordent au « fuyard » une forme de réconciliation à défaut du paradis ( ??)

."peu importe que j'y croie ou non, ce qu'il y a ... c'est que je sais que je n'y ai pas droit".

 

Certes le film souffre de quelques longueurs, de redites, et d’une insistance (parfois complaisante) sur le sordide mais ces quelques bémols ne sauraient entacher les qualités de ce film audacieux et….engagé !

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

Le capitaine Volkonogov s'est échappé

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