8 décembre 2023 5 08 /12 /décembre /2023 06:52

d'Alice Rohrwacher (Italie 2023) 

 

avec Josh O’Connor, Carol Duarte, Isabella Rossellini

 

 

Présenté en Compétition officielle Cannes 2023

 

Festival du film italien de Villerupt (2023) Amilcar du jury de la critique et Amilcar du jury des exploitants 

Argument: Chacun poursuit sa chimère sans jamais parvenir à la saisir. Pour certains, c'est un rêve d’argent facile, pour d'autres la quête d’un amour passé… De retour dans sa petite ville du bord de la mer Tyrrhénienne, Arthur retrouve sa bande de Tombaroli, des pilleurs de tombes étrusques et de merveilles archéologiques. Arthur a un don qu’il met au service de ses amis brigands : il ressent le vide. Le vide de la terre dans laquelle se trouvent les vestiges d’un monde passé. Le même vide qu’a laissé en lui le souvenir de son amour perdu, Beniamina.

La Chimère

Eclatement de la chronologie avec changements de format, mélange de réalisme et de fantasmagorie, de burlesque et de satire sociale, références -dont certaines appuyées - à Fellini et à la commedia dell arte, contraste entre l’apparente placidité du personnage principal et la fougue primesautière de ses acolytes pilleurs de tombes, opposition entre forces chtoniennes et apolliniennes sur fond de trafic, de marché noir, présence d’une figure tutélaire dans un univers en ruine. Oui il y a tout cela dans le film d’Alice Rohrwacher ce qui en fait sa singularité son charme sa richesse mais aussi ses « limites » Ne serait-ce que dans cette multiplication de "fils directeurs" (dont le rouge qui, s’il est saisi, va détricoter la robe de  l’amoureuse perdue  et partant le souvenir ??? comme le suggère la construction circulaire du film qui s’ouvre et se clôt précisément sur ce "fil rouge"). Multiplication qui va de pair avec des dissonances et des disparités de traitement (autant la réalisatrice excelle dans l’évocation de ces néo  Vitelloni ,  autant certains épisodes (dont la vente aux enchères sur le bateau) sont peu convaincants  . Dès lors ne pourrait-on pas comparer le film à un patchwork?  Tant pour la forme -de l’hétéroclisme surgiraient certains "morceaux"  mieux travaillés et/ou singularisés- que pour la musique -chansons de saltimbanques et fantômes d’un opéra « muet » -incarné précisément par Italia !!!

 

Voici un archéologue doué d’un incroyable " flair", (grand découvreur de cavités …) qui à l’opposé des tombaroli n’est pas attiré par l’argent mais par une Chimère (dans ses sens propre et figuré) incarnée par Beniamina : le film s’ouvre d’ailleurs sur un superbe plan où la lumière accompagne le sourire de l’aimée alors que la voix de l'amoureux retentit d’adieux feutrés ; nous sommes en fait à l’intérieur du rêve d’Arthur, ce voyageur qui  "revient"  dans son village  natal ( ?) voyageur dont se moquent les passagères, le bonimenteur vendeur de chaussettes ou le contrôleur (jamais une fonction n’aura été autant déterminante par  ses secrets- le symbolisme du  fameux trousseau… de ...clés). Le train reviendra telle la métonymie de tous les « voyages » dans le temps et l’espace. Adulateur de Flora (mère de la femme aimée, elle croit tout comme lui au retour de Baniamina) il (re)prend possession d’un boui-boui témoin du passé ( ?) tout comme les tunnels sont les entrailles de la terre, terre si féconde en "trésors"  terre qui abrite les âmes de tous les disparus et surtout ces Etrusques dont les rites funéraires ont laissé pour l’éternité( ?) tant d’objets « sacrés » ou du moins sacralisés) et auxquels les « pilleurs » rendent hommage….à leur façon…émerveillement et vénalité! 

 

Un film qui exalte une forme de solidarité dans une Italie des années 80 où les individus étaient parfaitement intégrés à leur environnement, leur culture ou leur histoire (fête de village, habitations biscornues...). Tout comme la réalisatrice rend hommage à une forme de cinéma patrimonial (?) 

 

Argument suffisant  pour découvrir La Chimère  et ses fantômes éternels ?

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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7 décembre 2023 4 07 /12 /décembre /2023 08:48

de Martin Provost (2023)

 

avec Cécile de France (Marthe) Vincent Macaigne (Pierre) Stacy Martin (Renée) Anouk Grinberg (Misia) André Marcon (Monet) Grégoire Leprince Ringuet (Vuillard)

 

présenté au festival de Cannes 2023  Cannes première

 

sortie janvier 2024

 

vu en avant-première mardi 5/12 en présence du réalisateur 

Argument: Pierre Bonnard ne serait pas le peintre que tout le monde connaît sans l’énigmatique Marthe qui occupe plus d’un tiers de son œuvre. Maria Boursin, alias Marthe de Méligny, s'est fait passer pour une aristocrate italienne ruinée le jour où ils tombèrent fous amoureux l’un de l’autre. Elle ne savait pas encore qu’elle allait devenir le pilier d’une œuvre gigantesque, aujourd’hui considérée comme une des plus importantes du début du XXe siècle.

Bonnard, Pierre et Marthe

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

(Verlaine Mon rêve familier)

Pourquoi ce sont  toujours les femmes qui posent nues? (Marthe)

Parce que ce sont les hommes qui les peignent  (Pierre)

Martin Provost lors de son passage à Rouen (mardi 5/12) a évoqué la genèse de ce film. Contacté par la petite nièce de Marthe, il fut d’abord réticent ; puis à la « faveur » du confinement, de la proximité géographique aussi (il habite non loin de la « roulotte » où ont vécu Pierre et Marthe) il décide de faire un film ; non pas sur Marthe mais sur le couple, en mettant en évidence vivacité sexualité ce qui est organique charnel et lumineux. Pour le personnage de Marthe Il dit s’être inspiré entre autres de l’Indolente de Françoise Cloarec. Mais attention pas de biopic (il abhorre ce terme) pas de « reconstitution historique » (même détestation) pas de « réalisme » ; en revanche la « recréation d’une forme poétique » et le choix d’une lumière unique (précisément celle qui manque à toutes les reconstitutions…)

Or force est de constater que la trame scénaristique (même avec un découpage en 4 mouvements signalés à chaque fois en bas de l’écran) est souvent redondante pour une « anatomie du couple » à la prétention picturale. Que les débordements intempestifs, la complaisance affichée pour les galipettes, les simagrées,  les crépages de chignon hystériques (entre Marthe et Misia la mécène, entre Marthe et Renée la jeune amante de Pierre Bonnard) nuisent à une œuvre qui se veut « recréation poétique ». Que les plans qui reviennent à intervalles réguliers sur la main qui dessine -que ce soit celle de Vincent Macaigne ou d’un double peu importe- n’ont absolument rien à voir avec le « geste créateur » il en va de même pour ces « coups de pinceau» (or n’est-ce pas le cas de figure que récuse précisément le cinéaste « faire vrai ou du moins vraisemblable » ?) Que le discours des « visiteurs » Monet Alice Vuillard vantant les produits du terroir, en vue d’un piquenique, a cette emphase inappropriée, contrefaisant le naturel (autre paradoxe entre les intentions affichées et leur "rendu") Que dans la dernière partie les signes extérieurs du vieillissement (Vincent Macaigne au dos qui ploie sous les ans, Cécile de France grimée) frisent la caricature voire le ridicule (certains cinéastes refusent cet excès de pseudo réalisme au traitement si complaisant et facile). que et que…

Cécile de France est certes pétulante de légèreté, colérique quand il se doit. Mais jamais cette alanguie vibrante d’ondes sensuelles et quand elle s’adonne à la peinture esseulée animée par une rage jalouse Martin Provost loin de l’exalter en fait une hallucinée…Vincent Macaigne tout en retenue reste de bout en bout ce timoré même quand il doit se dévêtir et rejoindre la nudité de la femme aimée dans un bain d’effervescence lustrale

Un film assez classique pour une représentation peu convaincante du couple Bonnard.

Un bémol toutefois : la complexité du personnage féminin. Marthe assume être une « transfuge de classe », elle s’est inventé un passé une identité à l’insu de tous (hormis de sa famille qu’elle aide financièrement…) elle s’accomplira en créant. Des pastels dont on sait que le « grain velouté traduit des textures soyeuses et vaporeuses tout comme la fugacité de la lumière »

Et si in fine le commentaire que Pierre Bonnard est censé formuler face à un tableau du Caravage (il est alors à Rome avec Renée qu’il doit épouser) était comme la mise en abyme du film de Martin Provost ? La jeune femme est exaltée par la fougue, les tourments et l’amoralisme du peintre italien ; Pierre Bonnard, admiratif certes,  avoue qu’il ne pourra « jamais opter pour cette tendance »

 

Colette Lallement-Duchoze

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6 décembre 2023 3 06 /12 /décembre /2023 09:23

de Wim Wenders (2023 Japon)

 

avec Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano, Aoi Yamada

 

 Prix d'interprétation masculine (Koji Yakusho)  Cannes 2023

Argument: Hirayama travaille à l'entretien des toilettes publiques de Tokyo et semble se satisfaire d'une vie simple. En dehors de sa routine quotidienne très structurée, il s'adonne à sa passion pour la musique et les livres. Il aime les arbres, et les prend en photo. Une série de rencontres inattendues révèlent peu à peu son passé.

Perfect days

Un "thème"  qui n’a rien d’original (on pense bien évidemment au Paterson de Jim Jarmusch, ( Paterson - Le blog de cinexpressionsavec Adam Driver dans le rôle d'un chauffeur de bus, auteur et poète à ses heures ou encore au rituel répétitif de Jeanne Dielman).

Au départ une commande :  la ville a sollicité Wim Wenders pour un documentaire sur les " toilettes hi-tech"  d'un quartier de Tokyo, Shibuya . Mais renouant avec le   "voyage cinématographique"  de Tokyo-Ga (1985), le cinéaste, plus de 30 ans après, va créer une  fiction qui  "sublime"  le quotidien d’un « Sisyphe des chiottes » (expression ô combien savoureuse!!!…) un agent d’entretien bossant pour la société "The Tokyo Toilet." Sublimer? moins par  l’élégance de gestes toujours recommencés, de gestes ritualisés chorégraphiés,  que grâce à  ces captations parfois furtives d’une feuille qui tombe d’un regard qui se dérobe(rait) d’un sourire (il illuminera d’ailleurs les derniers plans), grâce à cette façon de filmer le vertige du réseau labyrinthique  urbain (tant transversal que vertical) ou  de faire cohabiter solitude d’une chambre monacale et  présence   de la  littérature !

En optant pour  le format « dit carré » le cinéaste non seulement enserre son personnage (gros plans sur son visage par exemple) mais a toute latitude pour varier l’apparente routine : il ponctue le périple en camionnette par des titres de rock vintage différents (Lou Reed Patti Smith The Rolling Stones, the Animals, Otis Redding…) et comme de surcroit Hirayama est poète et photographe à ses heures, voici une nuance de jaune de vert un rai de lumière diffractée –Sur les lieux mêmes du travail, diagonales ou profondeurs de champ alternent avec plans très rapprochés ou gros plans sur les mains gantées alors que dominent des couleurs froides, pour faire advenir l’inattendu ?..Mais surtout dans ce faux « road movie » Wim Wenders fait la part belle aux rencontres qui en de courtes scènes denses et comme habitées permettent au spectateur de mieux cerner un personnage peu loquace.  De même le film est entrecoupé par des séquences oniriques (en noir et blanc, elles ont été créées par Donata la femme de Wim Wenders ) comme autant de haïkus ? comme autant de « virgules » sur la partition du Temps? 

De l’arte povera à l’écran ? Je  ne pense pas mais plutôt beauté fugace des petits riens (et peu importe dès lors si l’on frôle parfois la mièvrerie)

 

Colette Lallement-Duchoze

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1 décembre 2023 5 01 /12 /décembre /2023 06:11

Documentaire de François Caillat (2022)

Ce documentaire raconte la métamorphose d'un garçon, issu d'un milieu sous-prolétaire picard, en star de la vie culturelle française. Édouard Louis, devenu en quelques années l'écrivain porte-parole d'une génération, engage chacun à faire de la transformation permanente un nouveau mode d'existence

Edouard Louis, ou la transformation

Disons-le sans ambages : ceux qui ont lu les textes d’Edouard Louis (depuis « Pour en finir avec Eddy Bellegueule ») ceux qui ont pu discuter avec lui lors de son passage à Rouen (2x) n’apprendront pas grand-chose du documentaire que lui consacre François Caillat (rejet homosexualité  hontes fuite réinvention ) En revanche le réalisateur invite à nous interroger sur le dispositif  choisi pour illustrer "la transformation" 

 

Tout d’abord il filme Edouard Louis  sur les lieux de son enfance, de son adolescence, la Picardie, Amiens ; lieux vides désertés par l’humain ; dans le cadre,  des lambeaux de verdure, d’habitations, des vues plus panoramiques alors que le visage d’Edouard Louis envahit l’écran ou qu’il est filmé en plan américain et que tel un commentateur il nous « montre » le lycée, le cinéma le théâtre, les lieux de sa « transformation » assumée. Un personnage iconique au regard bleu acier au sourire enjôleur ? un mégalo dont la parole ne serait pas  spontanée,  car passée  au crible de l’analyse bourdieusienne… ? Bien sûr que NON  !!! Les références ne sont jamais afféteries -quoi qu'en pensent certains qui confondent élégance et    maniérisme 

 

Le documentariste a choisi pour l’énonciation ce mélange d’un « je » (mais débarrassé de ses égratignures il n’est plus l’écorché des premiers textes) et d’un « il » de mise à distance (d’autant plus prégnant que nous voyons interpréter par des comédiens les textes de l’écrivain ou récités par l’auteur lui-même en studio d’enregistrement) Comme si le discours sur « le transfuge de classe » s’était banalisé !

 

Mais ne nous méprenons pas cette « remontée » dans le temps va se focaliser (cf le titre « ou la transformation) sur un « moment » décisif -car  libératoire -, où l’adolescent adulte influencé par « retour à Reims » de Didier Eribon a choisi la "métamorphose"…Or  ce qui à l'époque était vécu comme un aboutissement (le lycée, l'option théâtre) se révèle être un nouveau départ (rien d'étonnant donc à ce que l'écrivain d'aujourd'hui, et/ou  le "personnage" du documentaire insiste(nt) à plusieurs reprises sur cette prise de conscience).  Et comme le substantif transformation implique un « mouvement » (cf le préfixe « trans ») le réalisateur a opté pour un « mouvement » permanent : voyez Edouard Louis casqué qui enregistre sa voix en lisant ses propres textes et simultanément défilent des images sur un écran. Une parole -faussement-  statique, en déplacement permanent ? La mobilité comme essence d’une trajectoire ?  (qui serait illustrée par ces mouvements chorégraphiés, ce cheminement vers…quand le « personnage » est filmé de dos ou ces alternances entre pauses et courses)

 

Décortiquer le processus de l’intime et aussitôt le mettre en perspective (sociologique ou philosophique) c’est précisément le substrat de ce film « comment se réinventer » car l’autobiographie d’Edouard Louis a d’emblée la vertu de l’universel Chaque fois que l'on dit 'je change', on donne la possibilité à d'autres de dire 'je veux changer'".

N'est-ce pas une raison suffisante pour aller voir ce documentaire ? Souvent bouleversant tant dans l’analyse des déterminismes sociaux que dans le courage déployé pour s’en extirper …

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

PS On attend la parution de L’effondrement consacré  au  frère aîné mort à 38 ans

 

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30 novembre 2023 4 30 /11 /novembre /2023 06:21

de Bertrand Mandico (2023)

 

avec Elina Löwensohn, Christa Theret, Sandra Parfait, Julia Riedler, Claire Duburcq, Agata Buzek, Nathalie Richard, Françoise Brion

 

Présenté à la Quinzaine des Cinéastes,  Cannes 2023

 

Synopsis au choix:

 

Gardien des enfers, le cerbère a toujours sa gueule de chien, mais il est bipède et s'appelle Rainer, a les seins et la voix d'une femme, un blouson de cuir clouté et un appareil de paparazzi toujours prêt à lancer ses flashes. Depuis l'au-delà, il nous raconte les réincarnations successives de Conann la barbare, amazone sanguinaire venue de la nuit des temps.

 

Parcourant les abîmes, le chien des enfers Rainer raconte les six vies de Conann, perpétuellement mise à mort par son propre avenir, à travers les époques, les mythes et les âges. Depuis son enfance, esclave de Sanja et de sa horde barbare, jusqu’à son accession aux sommets de la cruauté aux portes de notre monde...

Conann

Un univers visuellement et musicalement très particulier (fantasque pour certains) c’est une évidence. Mandico a en effet habitué son public à ses délirantes  allégories; mais ici le carnage,  le passage abrupt du noir et blanc (les abîmes le chaos) à la couleur (le purgatoire), le visqueux à la Cronenberg, nous plongent dans le cru (dévoration) et le barbare (sens multiples) à partir d’un récit assuré par  Rainer- incroyable Elina Löwensohn.! Rainer le démon à tête de chien, est non seulement la voix qui raconte, il est celui qui  "filme",  qui photographie la mort, celui qui  renifle  pour corrompre ; il emprunte au langage de Shakespeare et par rapport à la dynamique interne il ira s’humanisant alors que Conann se déshumanise (contrepoint à la barbarie ?). A noter que par moments l’image suffirait sans l’apport redondant du verbe !

 

Si le générique donne le ton - des néons, des lettres de sang, des stigmates qui marient (élégamment ???) putrescence et sensualité-, on retrouvera tout au long du film ce goût si prononcé pour les surimpressions, les longs travellings, alors que les personnages (apparente multiplicité mais unicité fondamentale) devant des écrans créent des mises en abyme dans un univers où la barrière entre la vie et la mort ne peut être traitée que par une forme d’expressionnisme. Entièrement tourné de nuit ce film ne représentera jamais le ciel (on est coincé avec Conann et sa mémoire à tiroir ; la caméra enserre les personnages tel un dragon le plus souvent en plongée,  affirme le réalisateur; filmé à la  grue et en plongée Conann adopte en effet le point de vue "flottant" des "morts" qui surplomberait "le monde des vivants", en une vaste orgie "dégoûtante" - de l'aveu même de Rainer-,  (mais après tout la barbarie n'est-elle pas un monstre que l'on génère et/ou que l'on ingère  ???) 

« Le film a été tourné au Luxembourg dans une ancienne usine de sidérurgie ; endroit très inspirant avec d’incroyables capacités d’accueil de décors : ici ma vision de New York 1998, là le temple antique démesuré, ailleurs champs de bataille avec damier surréel ou petit lac et bunker englouti (extrait entretien dépliant UFO distribution)

 

Conann LA barbare est interprétée par 5 femmes à des âges différents ; Conann ou  la « relecture » féminine d’un mythe qui avait été « popularisé » au cinéma par un Arnold Schwarzenegger (super testostéroné !!) Car  Mandico part précisément de son « contraire » ou plutôt il remonte à la mythologie celte et propose une "barbare"  polymorphe traversant les âges. S'ouvrant  sur le réveil (?) d'une vieille femme amnésique il se déploie en un long flash back  -depuis  l'épisode de la  jeune fille témoin du massacre de sa mère jusqu'à la Reine des Enfers-, soit les différentes formes de barbarie .qui ont traversé les siècles (chaque métamorphose étant incluse  dans la précédente!). De même il revisite un genre « laissé à l’abandon et pourtant envoûtant » (celui du pacte faustien de la « diablerie » René Clair Marcel Carné Jean Cocteau) ; et il se plaît à faire cohabiter l’ancien et le nouveau, le médiéval et le contemporain (cf la présence d’une voiture argentée ou d’un fusil d’assaut)

 

La dynamique du film ? Comment peut-on trahir ses convictions ses idéaux ses désirs comment on s’endurcit au fur et à mesure que l’on vieillit"  Et si la vengeance est « un acquis narratif jamais contesté » c’est précisément une forme de barbarie. 

Le sens? Conannn n’est pas un monde clos dans un océan mais une succession d’éclosions en eau trouble 

 

Ingère ou crève (dernière partie) 

 

 

Un film à ne pas rater!

 

Colette Lallement-Duchoze

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27 novembre 2023 1 27 /11 /novembre /2023 07:18

d'Anthony Chen (Chine 2023)

avec Zhou Dong-yu, Liu Hao-ran, Chu-xiao Qu

 

Festival de Cannes 2023 : sélection officielle, Un Certain Regard

Argument: C’est l’hiver à Yanji, une ville au nord de la Chine, à la frontière de la Corée. Venu de Shanghai pour un mariage, Haofeng s’y sent un peu perdu. Par hasard, il rencontre Nana, une jeune guide touristique qui le fascine. Elle lui présente Xiao, un ami cuisinier. Les trois se lient rapidement après une première soirée festive. Cette rencontre intense se poursuit, et les confronte à leur histoire et à leurs secrets. Leurs désirs endormis dégèlent alors lentement, comme les paysages et forêts enneigées du Mont Changba

Un hiver à Yanji

Un trio  se forme sous nos yeux pour un prétendu voyage « retour à la vie »

Voici Haofeng financier dépressif venu de Shanghai pour un mariage, Nana guide touristique insatisfaite (le secret d’une carrière brisée sera dévoilé, alors qu’un très gros plan sur une cicatrice est plus qu’incongru) et Xiao l’ami cuisinier et l’amant par intermittence.

 

Aux effets de symbolisme un peu trop appuyé(s) (les blocs de glace que l’on retourne, comme pour « dégeler » exhumer la « vraie vie » ou ces glaçons que l’on croque, le labyrinthe de glace où l’on se perd pour mieux se retrouver) au jeu de métaphores (sur la rigueur de l’hiver, l’implacabilité de la frontière, les clivages dus aux appartenances nationales et linguistiques) s’ajoute une intensité sensorielle (crissements des pas dans la neige, ambiances électriques (électrisantes) des boîtes de nuit, virées en moto) une intensité censée jouer le rôle de contrepoids au « vide existentiel » des trois protagonistes ou de pallier ce même vide

 

Hélas ! tout cela est peu convaincant.

Impression désagréable d’improvisation, de remplissage, d’étirements inutiles, triomphe du « mauvais goût » dans la (trop) longue scène avec l’ourse..... pas si mal léchée.

Et ce, quand bien même les étendues sauvages des monts Changbai (pause et fin du voyage « initiatique ») sont filmées avec la sidération et la chaleur des découvertes, telles  de stimulantes  épiphanies !!

 

On retiendra la scène où l’on voit un troupeau de chevreuils perdus à la …frontière de la Corée du Nord, une frontière solidement grillagée !! Serait-ce une (re)mise en cause de l’artificialité des frontières ? surtout quand elle se double d’une discrimination sociale ? On cherche un « voleur » (cf les affichettes qui tapissent les cloisons des lieux publics) Or ce malotrus échappé de Corée du Nord a plus de valeur (vénale) qu’un citoyen né en Corée du Sud honnête de surcroît ???  propos anodins ? simple rumeur colportée? Non 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 05:09

Court métrage d'Enzo Martinez (27' France 2023)

 

avec Agnès Soral, Pierre Hancisse, Marie Kauffmann, Olmo Hidalgo

 

Festival de films francophones CINEMANIA Canada 2023 sélection officielle

Festival international du film francophone de namur (FIFF) Belgique 2023 Compétition internationale

 

 

Adaptation d’une des scènes de La Réunification des deux Corées, de Joël Pommerat (tectonique des cœurs plus que géopolitique) créée aux ateliers Berthier en 2012

 

 

Inquiets par le comportement étrange de leur enfant Antoine depuis son retour de classe de neige, un couple de parents souhaite rencontrer Daniel, son professeur

Une nuit particulière

Apathique, notre enfant pleure, il fait des cauchemars ; il ne s’est rien passé ? j’aimerais comprendre (propos de la mère) 

Non à part cette soirée dont je vous ai parlé à mon retour (Daniel s’adressant à la proviseure)

Une nuit particulière (celle de tous les « dangers »  imaginent les parents, celle de l’amour sans connotation de pédophilie selon  le professeur)

Voici un dispositif (multi)frontal : Daniel face aux parents et face à la proviseure, tout comme il est face à sa conscience, avec ces visages tantôt rapprochés tantôt éloignés, et parfois élargissement du cadre quand les quatre personnages sont "recasés" in situ (une salle de classe bien particulière où les chaises sont dressées à l’envers, l’humain ayant provisoirement déserté, tout comme ce plan furtif sur le blanc quasi mortuaire du lavabo). Chacun des quatre  semble incarner un archétype (le must étant la proviseure, louvoyant, soucieuse avant tout de la notoriété de son établissement). La parole de l’enfant sera restituée, déformée par le prisme du discours parental, parents affolés qui n’auront retenu que ce qui prête à confusion et partant, ce qui entache l’intégrité de leur enfant (l’abus des adjectifs possessifs prouverait s’il était besoin que l’enfant est leur  "bien inaliénable" et que certains comportements éducatifs sont l’apanage.... des parents). Et quand le père d’origine étrangère s’exprime dans sa langue maternelle on peut imaginer que l’accusation est sans appel.

Voilà un professeur accusé de pédophilie (le mot n’est jamais prononcé mais amplement suggéré) Son  "crime" ? avoir voulu réconforter un gamin harcelé par les autres, un gamin brimé (l’incontinence urinaire révélatrice du trauma) : il fallait changer les vêtements, poser délicatement le corps sur un lit hors de la vue de ses agresseurs Mais précisément dans l’accomplissement de ce rituel -et en écho l’éveil de Daniel hors de son lit-suaire ? l’eau lustrale de la douche  qui suinte  sur le corps ? - le professeur sera désormais l’agresseur : Oui il a fait preuve d’amour Oui il aime Antoine comme il aime ses enfants, ses 25 élèves. Et si précisément ce dont souffrait Antoine était un "manque d’amour ? c'en est trop pour le ...père !!!

Et la perle qui larmoie au coin de l’œil filmée en très gros plan, un aveu ?  La séquence finale, et  le miroitement de l'eau comme sépulture? Tout est dans l'ineffable ou plutôt dans le rejet ou l'acquiescement  du  "dit",  de ce qui est "proféré"  Daniel serait-il coupable? son plaidoyer pro domo une piètre défense? Les parents obnubilés par les marques d'attouchement pédophile ressassent-ils les mêmes accusations (même voilées) comme moyen d'auto persuasion? 

Obéissant à une dynamique interne (qui culminera dans la scène de violence verbale et gestuelle avec cette amplification sonore propre aux acmés de la tragédie), ce court métrage aux couleurs bleutées (le plan d’ouverture sur la vertigineuse compacité de l’établissement scolaire que le martèlement des pas accompagne comme unique bande-son se mue en habitacle de solitude) interroge le mot et ses connotations, la relation professeur/élève, le poids de l’administration et plus de 10 ans après la création de Joël Pommerat, a des résonances bien  « particulières » dans notre société 

Un court métrage de 27’ à ne pas rater !

Colette Lallement-Duchoze

 

ps  ce court métrage sera diffusé sur France 2

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25 novembre 2023 6 25 /11 /novembre /2023 08:29

de Molly Manning Walker, (Grande Bretagne 2023)

 

avec Lara Peake  (Skye ) Enva Lewis .( Em)   Mia McKenna-Bruce (Tara)

 

prix Un certain regard Cannes 2023

« Afin de célébrer la fin du lycée, Tara, Skye et Em s’offrent leurs premières vacances entre copines dans une station méditerranéenne crétoise ultra fréquentée. Le trio compte bien enchaîner les fêtes, cuites et nuits blanches, en compagnie de colocs anglais rencontrés à leur arrivée. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur électrisante des premières fois… Jusqu’au vertige. Face au tourbillon de l’euphorie collective, est-elle vraiment libre d’accepter ou de refuser chaque expérience qui se présentera à elle ? »

How to Have Sex

Ambiance fluo, corps à demi dénudés, musique électrisante, soirées (et journées) bien arrosées, drogue ….et si l’euphorie n’était que de façade ? c’est du moins ce que la réalisatrice en se focalisant sur le cas de Tara va progressivement imposer au regard du spectateur

 

Le sexe comme injonction sociale : à 17 ans Tara (excellente Mia McKenna-Bruce) se sent « complexée » d’être encore vierge ; bien décidée, elle « vivra » le dépucelage comme un rite de passage « obligé » (ne risque-t-elle pas de ne plus être « désirable » si elle n’est pas « expérimentée » c’est du moins ce qu’insinue son entourage). Suffoquer tout en donnant le change, un calvaire ! et si en outre la relation n’est pas consentie ! Le film est suffisamment limpide dans son message pour éviter l’ambiguïté, ne pas embrouiller, embourber les esprits,

Car il s’agit bien de viol, et du trauma qui s’ensuit. Seul flashback dans ce film à la chronologie linéaire la « scène » sera restituée partiellement et comble d’ironie dans sa composante la plus banale (certains continuent à s’interroger benoitement sur la ténuité de la frontière entre consentement et contrainte ; or le consentement va bien au-delà d’un simple oui ou non). Alors que Paddy bafoue sans vergogne les notions ; joue-t-il le Béotien quand il veut « récidiver » ???

 

En filmant au plus près les personnages comme pour les enserrer dans l’étouffement (Tara marchant seule au petit matin dans un décor de détritus, semble fouler tout autant le sol que son cauchemar intérieur) la réalisatrice dont c’est le premier long métrage (récompensé par un prix un certain regard à Cannes) interroge (avec subtilité parfois) la sexualité en ses composantes audacieuses et troublantes. Sa caméra virevolte (ambiances chaudes cris et gueulantes dans les lâchers prise et les beuveries) mais sait aussi se poser et il suffit d’un regard au bord de l’implosion qui larmoie pour que surgisse à l’écran un trouble intérieur

 

Drame psychologique bien plus que comédie légère (se méfier des titres ambigus à fausse valeur programmatique) How to have sex résonne telle une mise en garde (négation du corps de la femme)

 

Enlevé et sémillant, triste et perturbant ce film a cependant tous  les défauts  de ses qualités

Cherchez l’erreur !

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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24 novembre 2023 5 24 /11 /novembre /2023 06:30

Documentaire réalisé par Ana Sofia Fonseca (Portugal 2022)

 

 

 SÉLECTIONS OFFICIELLES FESTIVALS 2023

Soeurs Jumelles à Rochefort • Cinespaña à Toulouse • Festival International du film de La Roche-sur-Yon • Effervescence à Macon • Prix du Public Festival 2 Cinéma de Valenciennes 2023 • Prix du Public Festival IndieLisb

Argument: Cesária Évora chante son titre Sodade en 1992, la faisant reconnaître internationalement à 51 ans. Longtemps simple chanteuse de bar au Cap-Vert, la légende que l’on connaît n’a pas toujours connu la gloire sinon la pauvreté. Femme profondément libre, généreuse et bien entourée, la “Diva aux pieds nus” a su finalement faire briller sa musique à travers le monde tout en restant fidèle à son Cap-Vert, la consacrant reine de la Morna et reine des cœurs.

Césaria Evora, la diva aux pieds nus

Une des forces majeures de ce documentaire de facture assez classique mais très riche d’images d’archives inédites, est de transformer le portrait de la « diva » en un dispositif polyphonique. Il y a bien évidemment la voix de Césaria -sur scène, dans l’intimité avec ses proches,  dans les coulisses, face à sa dépression et à sa dépendance à l’alcool, face aux forces vives capverdiennes qui l’ont façonnée, et dans son combat de « femme libre » -  Mais aussi celle de son mentor et producteur José da Silva qui en 1980 n’était que cheminot et qui a misé sur elle, celle de sa petite fille Janete -à laquelle elle consacra Esperança Irisada ; leurs voix nous parviennent quand ils rassemblent leurs souvenirs SANS QU’ils apparaissent à l’écran au moment de l’interview alors qu’ils peuvent apparaître au moment des faits.

Un tel dispositif s’inscrit dans cette volonté de ne pas dévier de la « trame » que la documentariste portugaise (elle a  vécu au Cap-Vert et notamment du côté de Sao Vicente cette île de l’archipel d’où est originaire Césaria Evora) s’est imposée : mettre en évidence un parcours hors du commun, tout en privilégiant l’intimité du personnage; ne pas ternir un documentaire essentiellement « musical » par des afféteries ou des lourdeurs. Celles qui souvent au montage des archives et des témoignages divers  "encombrent"  le  "propos", précisément…et paradoxalement....par souci d'authenticité.

La documentariste Ana Sofia Fonseca a pu non sans difficultés se procurer une abondante quantité d’images inédites, -dont des archives photo comme vidéo confiées par des proches, (cf le dépliant à la disposition du public dans le hall de l’Omnia) ; abondance qu’elle va exploiter au service de thèmes dits universels (liberté), du contexte politique et social (le passé douloureux du Cap-Vert colonie portugaise ; les inégalités raciale et de genre ) et incarnés par une femme hors du commun dont la gloire tardive  (à plus de 50 ans) n’aura pas entaché la prégnance des origines et la puissance féministe.

On l’aura compris ce documentaire (souvent touffu et tout fou) va au-delà du « simple hommage » à la « diva aux pieds nus » Nous aurons pénétré la psyché d'une personnalité complexe, passionnée et passionnante,  aurons milité aux côtés d'une femme dans son combat pour l’émancipation et la liberté

 

Et voici que retentit par-delà les effluves, par-delà les langueurs océanes :

Sodade

Quem mostro’b /Ess caminho longe/ Quem mostro’b/ Ess caminho longe?/ Ess caminho Pa São Tomé

Sodade sodade sodade/ Dess nha terra d’São Nicolau

Qui t’a montré/ Ce long chemin / Qui t’a montré / Ce long chemin / Ce chemin pour São Tomé?

Sodade Sodade Sodade De ma terre de São Nicolau 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 10:19

d'Helena Klotz (France 2023)

avec Claire Pommet, Niels Schneider, Sofiane Zermani, Anna Mouglalis, Grégoire Colin et avec la participation de Mathieu Amalric

 

 

48ème festival de Toronto

Jeunes regards :  32e édition du Festival du Film de Sarlat

Jeanne a 24 ans. Elle vit dans une caserne en banlieue avec son père gendarme, son petit frère et sa petite sœur. Elle a fait le pari de réussir sa vie dans le monde de la finance. Pas pour la gloire ou le luxe, mais parce que c’est le moyen qu’elle a trouvé pour gagner sa liberté.

La Vénus d'argent

Nous suivons une motarde, cadrée de dos en plan large, puis voici son reflet devant une vitrine de costumes de luxe, étrangement il se confond furtivement avec celui du mannequin !!! vitrine fracassée, éclats de verre incrustés tels des stigmates, costume volé :  en quelques plans rapides le prologue de la vénus d’argent encode le film: changer de « classe » sociale, s’en approprier les nouveaux codes (ici l’uniforme à la fois marque distinctive et anonymat), sangler des signes extérieurs de « genre » (poitrine) Et de fait Jeanne Francoeur (étonnante Claire Pommet, dite Pomme,  pour son premier rôle à l’écran) est une sorte de « geek androgyne  partagé(e) entre deux milieux : d’une part la caserne -où exerce le père- avec cette récurrence de mini bataillons chantant la Marseillaise, appartement exigu où la passion des maths s’exerce en même temps que la fonction de grande sœur maternante-, et le milieu de la finance d’autre part à la Défense - univers glacial de l’enfermement la performance le machiavélisme l’éviction

 

Tels sont les deux mondes, masculins, les deux univers d’armes de destruction massive que côtoie ce « chevalier queer des temps modernes  avec l’intention sinon de « dominer » du moins de maîtriser, le second. C’est bien d’être ambitieuse mais tu sais comment on appelle le point le plus haut de l’Everest ? La zone de la mort dira son supérieur Farès au profil de requin (Sofiane Zermani)

Le titre d'ailleurs, -référence à la statuette figure de proue des Rolls-Royce-, résonne -et c’est presque un truisme-, comme un écho à l’univers du trading et de la finance internationale

 

Hélas le film ne tient pas le pari (asséné à coups de gros plans réitérés sur la blessure, sur le visage le regard) car le parcours initiatique de la jeune femme en achoppant sur le bloc de l’immanence glaciale, se heurte à tous les clichés –le monde de la finance aux couleurs métalliques bleutées est sera et restera simple décor ; l’autre « quotidien » et sa «romance biaisée» (rappel d’une relation sexuelle non consentie) est lui aussi si empreint de stéréotypes qu’il ne peut emporter l’adhésion

 

Bémols : mention particulière à Anna Mouglalis cette femme gardienne d'un monde ancien, le hiératisme des gestes et la raucité de la voix comme clins d’œil à Maria Casarès dans Le Testament d'Orphée ?

Sans oublier certains partis pris musicaux ( d’Ulysse Klotz) en décalage avec les images

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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