de Daigo Matsui (Japon 2021)
avec Sosuke Ikematsu, Sairo Ito, Yumi Kawai, Reika Ohzeki
Prix du public Festival international du film de Tokyo (octobre 2021)
Les 26 juillet se suivent et ne se ressemblent pas. C'est le jour où un danseur professionnel et une conductrice de taxi se sont rencontrés , celui où ils se sont aimés, et celui où ils se sont séparés....
Une chronologie inversée ( de la rupture à la rencontre) le principe d'une narration centrée sur seule journée ( le 26 juillet date de l' anniversaire de Teruo) une histoire d'amour ( avec ses émerveillements ses douleurs ses attentes ses pièges, sa banalité et son caractère d’exception ) jusque-là rien d'original!
Mais le réalisateur a su mêler les ambiances, alterner les contraires et surtout faire du spectateur un témoin et un complice, en parsemant sa narration de détails comme autant d'indices, et c'est à ce dernier de reconstituer le puzzle apparent, de revisiter le film de Jarmusch ( Night on earth, le taxi, habitacle de tous les possibles, l'horloge, qui ponctue la temporalité, le premier fragment avec Gena Rowlands et Wivona Ryder (re)vu sur petit écran), et dans les flashbacks successifs, de sympathiser "aussi" avec les personnages dits secondaires (mais qui ont participé peu ou prou à cette histoire plus mélancolique que romantique ) : l'homme qui attend la femme sur un banc, les clients du taxi, le barman , et dont la présence est traitée à la manière de vignettes
7 rendez-vous, (le titre original "je viens juste de me souvenir" est moins médiocre) 7 étapes initiatiques 7 facettes d'une histoire, d'un parcours 7 façons de transcender l'ordinaire (même si chaque séquence débute "apparemment" par le même rituel matinal - plans sur le lit, sur la table basse, sur la pièce,- puis passage devant l'homme assis ) Il y a des moments de grâce absolue ( la danse improvisée dans une rue où les amoureux sont "seuls au monde") d'autres plus "conventionnels" (aquarium) Il y a des dialogues "convenus" mais qui font partie du répertoire amoureux (peu importe à quel point tu changes je t’aimerai toujours)
C'est aussi un film "d'atmosphère " et la capitale ne sera pas seulement décor mais l'écrin des états d'âme (ainsi au tout début la pluvieuse et grouillante mégapole se donne à voir et à entendre comme la musique d'une rupture - définitive ??? )
Ajoutons la prestation de l'actrice Saisi Ito, la raucité sensuelle de sa voix, son air clownesque (on pense à Gelsomina dans la Strada )
Tout cela pour affirmer qu'il eût été bien dommage de passer à côté de cette pépite -même si par moments j'ai eu l'impression d'assister à un " exercice de style" ( la dernière séance: c'était hier 15 août )
Colette Lallement-Duchoze