Lettre de Serge Diaz ( 20 juin 2013) à Hervé Aguillard, directeur de l'Omnia, suite à l'édito n°54 (rappelons que le mardi 4 juin le tribunal administratif de Rouen avait annulé la DSP -délégation de service public - passée par la Ville en 2010 pour le cinéma Omnia)
Monsieur Aguillard
J’ai été choqué en lisant votre édito de la semaine de lire que l’Omnia était devenu “ le centre vivant du cinéma art et essai sur Rouen ”. Qu’il soit le centre le plus vivant, certes et je vous félicite, mais pas le seul...! Ce n’est pas la première fois que les cinéphiles de cette ville soulignent votre suffisance et votre mépris pour le cinéma le Melville. Il n’y a pas de gloire à frapper les blessés, votre succès, ne l’oublions pas, est dû à la compétence de votre équipe et de vous- même mais aussi à l’assassinat par Madame Fourneyron de l’agent historique d’un cinéma de qualité. Comment un cinéma d’art et essai avec un loyer exorbitant et sans aucune subvention pourrait-il faire face à la concurrence ? C’est miracle qu’il se maintienne vaille que vaille et c’est grâce à vos mêmes clients et à son personnel particulièrement héroïque.
Vous écrivez concernant la casse de la DSP “certains vieux rancuniers se réjouissent de ce qui nous arrive” . S’agit-il de vos anciens employeurs ou de Jean-Michel Mongrédien que vous avez contribué à faire partir ? Sachez que les cinéphiles, dont je fais partie, ne se réjouissent pas de ce qui vous arrive. Ils apprécient votre programmation, vont voir les bons films à l’Omnia et continuent d’aller au Melville. Et que vive le cinéma d’art et essai où qu’il soit !
Mépriser son ancien directeur est aussi mépriser vos nouveaux clients. Peut-être d’ailleurs JMM aurait-il dû, comme vous, répondre oui à toutes les exigences du cahier des charges pour l’emporter ? J’ai souvenir que des travaux importants (fauteuils, mise aux normes de sécurité et accès handicapés,...) faisaient partie de l’accord. J’avoue que les exigences nous paraissaient irréalistes, mais les naïfs sont aussi les plus honnêtes et mal leur en prend parfois.
Enfin, nous n’oublierons jamais que le festival du cinéma nordique a disparu, encore un dégât collatéral de Madame Fourneyron et ses amis, et que ce festival nous manque. Aucun autre festival n’a su le remplacer ni combler ce manque.
La situation d’aujourd’hui profite égoïstement aux cinéphiles de l’agglomération puisqu’un grand choix de bons films nous est proposé grâce à l’existence rive-droite de deux cinémas d’art et essai. Nous vous remercions de nous apporter de quoi alimenter notre plaisir, mais de grâce, soyez modeste(s); quant à l’agressivité, vous savez bien qu’elle n’aide pas à grandir.
Cordiales salutations
Serge Diaz (ex-membre du bureau de l’Association 2ème souffle)