de Stéphane Lafleur (Canada)
Avec Julianne Côté, Marc-Antoine Grondin, F. La Haye
Présenté à Cannes (quinzaine des réalisateurs)
C'est l'été, un été caniculaire (on transpire on se baigne dans la piscine on actionne les ventilateurs). Nous sommes invités à suivre le parcours de Nicole, en charge de la maison familiale en l'absence des parents: Vélo (en compagnie de son amie) mini golf, piscine, job alimentaire (trier des vêtements pour une organisation caritative); mais aussi fréquentation de personnages assez folklos ou insolites: le frère qui transforme une pièce de la maison en studio d'enregistrement; le collègue de travail assez simplet et surtout Martin un gamin chérubin de 10 ans à la voix très mâle (ah la magie du doublage); il s'exprime tel un sage en recourant à des aphorismes sur l'amour et les bienfaits de l'attente, ou sur le temps qui passe
Dès la première scène qui joue le rôle de prologue, le ton est donné: celui d'une indolente étrangeté: Nicole est comme "l'étranger", réfractaire à toute forme d'engagement; le choix du noir et blanc (plutôt "cotonneux") et d'une caméra fixe ou de plans fixes participe aussi à/de cette "étrangeté" Nicole entrera dans le cadre, pour bien vite le quitter et y réapparaître après un fondu au noir. Et voici une source lumineuse jaillissante qui sera un des leitmotive du film: ah! les geysers d'Islande; aller sur cette île mais pour quoi faire? rien précisément!!!
Quelques intrusions oniriques, un humour quasi omniprésent (surtout dans les réparties saugrenues proférées avec naturel) qui va tempèrer en les dédramatisant, les désillusions, nonchalance languide, et cette musique en live, tout cela (malgré quelques longueurs dans la seconde partie) fait de "tu dors Nicole" une œuvre singulière où le temps peut être suspendu!
Colette Lallement-Duchoze