Film de Helvécio Marins Jr. &Clarissa Campolina avec Maria Sebastiana,Maria da Conceição, Luciene Soares da Silva
"Ce n'est pas le temps qui s'arrête c'est nous qui nous arrêtons"– (c'est l'un des nombreux aphorismes de Bastu le personnage principal, une octogénaire encore ingambe)
Oui laissons-nous porter par cet hymne contemplatif à la Vie. Écoutons cette musique qui sourd des éléments naturels ou celle syncopée des batucadas. Regardons le scintillement des eaux du São Sebastião ce lieu des origines d'où surgit le "tourbillon" de dorades improbables!!..Car même si les réalisateurs se sont inspirés de la vie réelle des habitants de São Romão, dans le Sertão Nordeste, et s'ils ont fait jouer aux autochtones leur propre histoire, le travail du chef opérateur Ivo Lopes Araujo et celui des réalisateurs transmuent ces données en un joyau de lumière et d'ombre, en un récit quasi mythique. La caméra est souvent fixe, le cadrage joue sur avant et arrière-plans (avec de majestueuses profondeurs de champ); personnages (et objets) entrent dans le champ pour disparaître puis revenir (sous un autre angle); une porte obture le champ de vision, au spectateur de deviner ce qui est "caché" derrière; de gros plans sur des objets rudimentaires magnifient la quotidienneté. Quand Bastu part avec sa valise/reliquaire et qu'elle vide le contenu – ce qui a appartenu à Feliciano son mari défunt- dans les eaux, une chorégraphie de lumière et d'ondulation dit avec lenteur le mouvement perpétuel de la Vie. Et si l'on fait la part belle au rire franc de Bastu, à la raucité de sa voix, à son visage buriné mais non parcheminé, à l'agilité de son corps, mais aussi à la présence de Maria cette autre octogénaire musicienne et à celle des petites filles, "Tourbillon" serait une danse avec la Vie et la Mort, avec le Rêve et la Réalité mais aussi avec les "Mots"!!!
"Nous ne sommes ni jeunes ni vieux nous vivons c'est tout'.
À voir absolument!
Colette Lallement-Duchoze
PS: merci à Claude de me l'avoir conseillé...
Que rajouter de plus à cette analyse de "Tourbillon"... j'aimerais dire que c'est une œuvre qui me transporte loin et parle à mon âme de rêveuse. Je me suis imprégnée lentement de la démarche tranquille de Bastu déroulant ces façades décrépies, reflétant les belles lumières chaudes et rassurantes. Les chants des Batucadas sont enivrants et reviennent en boucle dans ma tête et me bercent encore. La beauté esthétique et sereine de chaque plan se savoure comme des peintures. La force des liens intergénérationnels des petits-enfants avec Bastu est fascinante. Les multiples pensées de sagesse de cette femme, qui tourne doucement la page du deuil de son époux, sont des bouffées vivifiantes et bien plus efficaces que n'importe anxiolytique.
Quel voyage !
Béatrice Le Toulouse