de Sergeï Loban
Avec Piotr Mamonov (le père) Sergeï Popov (le jeune producteur) Sergeï Kuzmenko (Roma Legend)
Comme dans le premier volet du diptyque les titres des deux chapitres "Respect" et "Association" renvoient plus à une attente, à une aspiration qu'à une réalité. Nikita rencontre son père (dramaturge reconnu) après 8 ans d'absence; balade et art de vivre en montagne; vite déçu, le fils accuse le père de le "vampiriser" car il accapare ses projets de cinéaste débutant, ce qu'illustre au montage le passage des commentaires aux scènes imaginées pour le futur film "les arnaqueurs"(Respect). Vous avez dit "association"? Ne serait-ce pas plutôt de l'arnaque? interroge Roma Legend. Non se défend le jeune producteur très volubile qui n'en est pas à son premier essai... (Association)
Y a-t-il un rapport entre la femme coupée en deux (pendant qu'on chante "le roi des aulnes" un enfant vivant apparaît entre le tronc et les jambes, contredisant la ballade de Goethe, c'est la scène d'ouverture), la parodie de "yellow submarine" et les chansons de Viktor Tsoï interprétées par un sosie? Boîte du magicien, boîte à musique, boîte à images? Théâtre des illusions? Le jeune producteur (Sergei Popov), a sa petite idée: "l'ersatz des stars"; pour son spectacle il cherche à promouvoir Roma Legend (Sergei Kuzmenko) au rang du rocker russe mort prématurément. "Tout a été dit, tout a été fait, en art comme en politique" (les successeurs de Lénine ne se réclament-ils pas toujours de lui? Le dôme copie conforme ne suscite-il pas le même enthousiasme que l'original?) L'argumentaire est bien léger voire spécieux !
Et l'on retrouve "furtivement" ou non, dans des scènes qui semblent se répéter mais qui sont filmées selon des points de vue différents, les personnages du premier volet (Vera et son Cyberstranger faisant de l'auto stop avant de louer une chambre dans la station balnéaire, le sourd posant pour un portrait griffonné par le jeune producteur -lequel est ici vu de dos-, la compagnie qui se produit au "shapito show", le chapiteau en flammes mais là on connaît l'identité du pyromane....etc.) Et selon le schéma de la circularité tous se retrouvent pour l'ultime parade sur la scène, -le cercle du cirque...- vus non plus de face mais en légère plongée et contre-plongée
Au total une fresque parfois bancale mais toujours déjantée; un énorme souffle circassien; et surtout selon les propos du cinéaste une ode aux "magnifiques losers".
La tempête qui risque d'engloutir Nikita, le groupe des sourds-muets, et bien d'autres ne serait-elle pas mutatis mutandis celle qui ravage leur psyché?
Colette Lallement-Duchoze