3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 07:59

Un film de Bertrand Tavernier; avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup, Bruno Raffaelli, Anaïs Demoustier Julie Gayet

D'après le premier tome de la bande dessinée de Abel Lanzac et Christophe Blain  "quai d'Orsay" (Dargaud)

 

 

Après avoir vu le film de Tavernier, j'ai voulu acheter la BD dont il est l'adaptation;

je "sentais intuitivement" qu'elle me séduirait plus  ....Et de fait!

quai-d-Orsay.jpg

Si le cinéaste est fidèle à "l'esprit" des "chroniques diplomatiques" (un monde de farce et chausse- trapes; une interrogation sur la force persuasive du langage, entre autres), s'il respecte scrupuleusement (et ce fut un travail de réécriture à 6 mains: les 2 auteurs de la BD + Tavernier) le découpage en chapitres (annoncé à chaque fois par une pensée d'Héraclite), s'il transpose les dialogues (les paroles de chacun des protagonistes -ministre, chef de cabinet, conseillers et secrétaires- telles qu'on les lit dans les phylactères), si des détails (le stabilo entre autres) sont restitués avec minutie; il faut se rendre à l'évidence: certains graphiques propres à la BD ne peuvent pas toujours fonctionner à l'écran :ainsi le gemmick des papiers qui s'envolent à chaque passage du ministre – une vraie tornade-; trop répété il perd en efficacité et se vide de son contenu comique. En outre, les transformations du physique (dos qui s'élargit jusqu'à envahir l'espace d'une vignette, visage et mains qui se démultiplient par exemple) les changements de couleurs, les oppositions masse compacte et dessins ou contours épurés, les onomatopées, -avec leurs polices et leurs tailles qui s'enflent progressivement - inscrites dans des éclairs ou des nuages ou des stries, perdent leur pouvoir suggestif que ne sauraient compenser dans leur transposition,  les effets sonores, le recours au split-screen, les changements de cadre ou de point de vue

 

Thierry Lhermitte a beau être pétulant il est étonnamment loin  du personnage de la bande dessinée (une caricature de Dominique de Villepin en géant volcanique qui veut en imposer à l'univers, en Hercule naïvement (?) persuadé qu'Héraclite est la solution à tous les problèmes, même celui de l'anchois). En revanche j'ai apprécié l'interprétation de Niels Arestup: habitué à des rôles qui l'invitent à extérioriser les sentiments, il a trouvé ici (en Claude Maupas chef de cabinet) un phrasé une retenue une certaine pudeur qui contrastent -c'est délibéré- avec la force explosive du ministre. L'ensemble du casting révèle d'ailleurs  des choix judicieux (Bruno Raffaelli en Stéphane Cahut, Thierry Frémont en Guillaume Van Effentem, Anaïs Demoustier en Marina...et même Jane Birkin en Molly Hutchinson..)

 

Le principe "légitimité -ta ca ta ca tac, unité-ta ca ta ca tac,efficacité-tchac tchac tchac"que martèle le ministre Alexandre Taillard de Worms et qui sera la clef de voûte de son fameux discours à l'ONU, ne peut-il pas nous servir de critère pour apprécier le film? 

à défaut méditons avec Alexandre ces pensées d'Héraclite"le combat est le père de toutes choses"(fragment n°129 ) "fatigue, c'est: peiner aux mêmes tâches et par elles commencer" (fragment n°93) "si toutes les choses devenaient fumées, les narines les connaîtraient" (fragment n°78) "l'homme stupide, devant tout discours, demeure frappé d'effroi"(fragment n°173)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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