film de Philippe Appietto et Nathalie Sauvegrain avec Lou Lesage, Olivier Clastre, Diana Laszlo, Kevin Diana, Théo Costa-Marini...
Premier long métrage, cette comédie à la fois drôle et poétique a été tournée avec un petit budget, en 24 jours dans le Haut-Médoc -ce qui implique une préparation minutieuse du découpage. Voici un film décalé et qui de l'aveu même de la co-réalisatrice serait un anti "Les petits mouchoirs" :par son univers spécifique, où rock et surf omniprésents côtoient en la magnifiant parfois, l'authenticité des personnages; ceux-ci sont plus ou moins déjantés, hippies d'un autre âge que les réalisateurs rendent si attachants. La scène inaugurale qui sert de prologue donne le ton et va jusqu'à "encoder" le film: dans l'habitacle d'une Volvo customisée où pendouillent des colifichets, Oliboy, ado quadra, aux ongles peints en noir, chante la bouche dégoulinant de bière et de pétard; il recueillera une ado à la moue boudeuse (sexy aussi??) qui vient de se faire larguer sur l'autoroute...Peut commencer dès lors un "voyage"; tandem improbable, qui va s'installer au camping pour deux semaines; lui, surfeur le jour, déguisé en diva le soir, c'est cet olibrius d'Oliboy (Olivier Clastre qui interprète ses propres chansons dont "je t'encule"); elle, la jeune ado fugueuse, personnage éponyme du film (mais peut-être la seule adulte dans cet univers qui se veut "libertaire"...); d'abord en retrait et "spectatrice" elle accède à la "maturité" :elle ne sera plus "victime" d'un passé douloureux qu'elle maîtrisera en le transcendant (les réalisateurs évitent le pathos et la psychologie à la Rufo) ; son prénom lui-même, Océane, contient dans son écrin de mer et de sel, tous les possibles...
Si les réalisateurs ont été émerveillés par les paysages de cette région du Médoc, certains plans et cadrages rappellent -hélas!- le chromatisme des cartes postales! Les citations: nombreuses références à la littérature, au cinéma, semblent "plaquées" voire saugrenues (mais n'est-ce pas l'apanage de ce saltimbanque rockeur, admirablement interprété d'ailleurs?). Certains spectateurs reprocheront à ce film (certes vivifiant) les excès de trivialité, grossièreté (langage et comportements); on pourrait répondre, mutatis mutandis, à la Desproges "dire pipi, caca à la radio, c’est vulgaire ; alors on se bouche les oreilles. Ce qui revient à inverser l’ordre des choses et à proclamer que ce n’est plus la bêtise qui est vulgaire mais le verbe ».
Un film lumineux tout simplement!
Colette Lallement-Duchoze