Film de Cronenberg en compétition à Cannes,
Avec Julianne Moore (prix d'interprétation féminine) Robert Pattinson, Mia Wasikowska (Agatha) Evan Bird (Benjie) John Cusack (le père)
Fond bleu -ciel- émaillé d'étoiles et de figures géométriques, les génériques de début et de fin illustrent au sens littéral le titre "maps to the Stars". Starification? Le film investit un espace, celui d'en-bas, que Cronenberg peuple d'emblée de bizarreries: d'où vient cette jeune post-ado (Mia Wasikowska) qui claque 200 dollars pour se faire conduire en limousine vers la maison de...? Quelle est cette femme hystérique (Julianne Moore), "actrice sur le retour' qui cherche à "rejouer" le rôle de sa mère, star des années 60, fantôme qui la persécute? Et cet ado de 13 ans (cocooné par une mère irresponsable) qui a déjà subi des cures de désintox? Etc. La trame narrative qui s'élabore progressivement, mêle adroitement présent, passé et fantasme (au spectateur de démêler ce qui revient à l'un ou à l'autre). Quelques scènes-choc (le coach-gourou, John Cuzack, juché sa "proie" (Julianne Moore) qu'il triture , l'ado arrogant (Evan Bird) face à ses figures de "tutelle" impresario, producteur etc., la fille "revenante" ou "mutante" frappée violemment par le père) en disent long sur la famille Weiss, installée dans des décors design glacés, famille/microcosme qui renvoie, métaphoriquement, au monde d'Hollywood, la cité des stars! Monde où vont se (re)jouer des scènes de vie familiale marquées par l'inceste, où vont surgir la pourriture (vomissements, défécation) et ses stigmates (brûlures sur le visage et les bras d'Agatha, la sœur pyromane); la pourriture comme métaphore d'un milieu abject où, tous, à tous les niveaux (producteur, star, attaché de presse, etc.) et quel que soit leur âge (surtout les plus jeunes) flagornent pour obtenir un rôle, pour être "reconnus". .Hollywood! La cité du cinéma gangrenée par le Mal.(l'égoïsme surtout). Une fresque assez trash que scande -comme en contrepoint- le poème d'Eluard "Liberté"...
Comme souvent chez le réalisateur des plans aux cadrages très précis renvoient par analogie à des espaces mentaux, la présence d'un seul personnage au centre d'un plan semble insister à la fois sur la solitude et l'égoïsme. Alors que des effets spéculaires -le film en train de s'élaborer et des extraits d'autres films "bad baby sitter" par exemple- vont mettre en évidence la ténuité de la frontière entre réel et fiction (le jeune acteur n'interprète-t-il pas à l'écran, le trauma qu'il a réellement subi?). Mais c'est bien Agatha la sœur, gantée de noir, pyromane, consumée elle-même de l'intérieur, qui impose les règles du jeu: son arrivée coïncide avec le début du film, son union incestueuse en position de gisant vue en plongée le clôt; c'est elle qui récite le poème d'Eluard, qui s'incruste comme assistante chez l'actrice (Julianne Moore) pour mieux la "manipuler", la posséder et la déposséder. Ne serait-ce pas là une des fonctions majeures du cinéma?
"c'était un rêve mais c'est fou comme ça avait l'air vrai" (Benjie/Evan Bird)
"sur les marches de la mort j'écris ton nom : liberté" (voix off de Mia Wasikowska)
Colette Lallement-Duchoze
Marcel Elkaim le 30/06
Critique au vitriol (plutôt à l'hémoglobine) d'Hollywood mais d'un Hollywood phantasmé... Dès lors pourquoi tant de sang et de complicité dans l'horreur ? Trop c'est trop !