27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 08:31

Documentaire réalisé par Stéphane Lifshitz 

 

 

les invisiblesVoici un documentaire tonique essentiel et surtout magistralement filmé

 

      Le cinéaste a choisi de filmer les intervenants dans leur décor quotidien, et de préférence leur cuisine, lieu de l'intime et de toutes les alchimies; ils sont assis en frontal, face à la caméra ou de trois quarts, isolés -Monique, Pierrot, Thérèse – ou côte à côte avec l'être aimé -Jacques et Pierre, Catherine et Elisabeth, Bernard et Jacques –en plans rapprochés. Des plans plus larges les saisissent en extérieur, lieu de leurs activités -Pierrot octogénaire bisexuel, à la gueule et au phrasé de Bourvil, n'a jamais quitté l'endroit où S Lifshitz le filme assis au premier plan tandis qu'au loin bêle son troupeau de chèvres.

 

En restituant leur parole, le réalisateur -toujours hors champ, il n'intervient pas- insère des images d'archives (les luttes pour la reconnaissance de leur identité qu'ont menées ces homosexuels alors considérés par l'OMS comme "malades" ou "délinquants"; il faudra attendre la dépénalisation par Mitterrand en 1981/82); leur parole  en off va commenter ces années de "militantisme". Images en noir et blanc. À ces documents d'archives s'ajoutent des photos: Thérèse et ses enfants; cette mère devenue lesbienne à 42 ans grâce "à une main qui s'aventure"; Monique, adolescente plus ou moins habillée à la garçonne pour "mieux séduire les filles".

 

Entre ces témoignages (où spontanément sont abordés tous les aspects de la sexualité: séduction, désir, plaisir, fellation, avec conviction toujours, avec humour souvent) l'écran peut être envahi par des ciels tourmentés ou magrittiens, par des arbres qui frémissent au vent, par des flots qui ondoient lumineux, par des vues panoramiques sur une propriété ou par un cadrage original qui transforme les cornes arquées des caprins en ballet !

 

Le film s'ouvre sur une éclosion: que d'amour prodigué par ces mains d'hommes, eux-mêmes amoureux comme au premier jour (ce jour du coup d'œil foudroyant dans le rétroviseur...) qui aident l'oisillon à sortir de sa coquille! Il se clôt sur une balade en bateau au large de Marseille: deux vieux amants enlacés regardent ensemble "dans la même direction" , tandis que la voix de Juliette Greco au timbre si particulier retentit triomphale, cardinale ("le Monsieur et le jeune homme")

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

 

 

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commentaires

E
<br /> Je souscris tout à fait à ce que dit Colette et j'ajoutrerai que ce film m'a paru,   plus que de l'homosexualuté elle-même, traiter du poids de la famlille et de l'importance de l'éducation<br /> au "genre" avec la peur de ce qui était considéré comme déviance et même perversité.<br />
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