28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 09:23

De Clio Barnard

Avec Conner Chapman (Arbor) Shaun Tomas (Swifty) Sean Gilder (Kitten) 

Film présenté à Cannes 2013 (Quinzaine des réalisateurs)

 

le géant égoïste

Caméra à l'épaule, Clio Barnard nous immerge dans le quotidien de deux ados aussi dissemblables -par leur morphologie et leurs ambitions- que complémentaires. A la "faveur " d'un renvoi de l'école, ils vont s'adonner (à cheval) à des activités illégales sous la férule du "géant égoïste" Kitten: la récupération ou le vol d'objets métalliques usagés. Swifty amoureux des chevaux (et à un moment un gros plan fait fusionner son visage avec la tête de l'équidé) participera à des courses "illégales" (elles aussi). Tout cela sur fond de crise, de chômage, de distorsion dans les rapports familiaux,  d'irresponsabilité des adultes (certains sont violents et/ou rapaces) dans la zone "industrielle" de  Bradford. Un film tendre et violent, qui jamais ne verse  dans le misérabilisme..

Un "film social britannique"? Et l'on pense tout naturellement à Ken Loach Mike Leigh (les pionniers incontestés) Certes. Mais...Dans ce premier long métrage Clio Barnard non seulement fait coexister réalisme, fantastique et onirisme, mais elle parvient au final à ouvrir sa narration à tous les possibles... Les plans récurrents sur la centrale électrique abandonnée et les lignes à haute tension qui émergent du brouillard comme des fantômes scandent la narration et servent de contrepoint à cet autre plan récurernt : la ligne d'horizon où se profile la procession immobile de chevaux (rêve et réalité). Le gros plan sur les mains qui se nouent se serrent (scène inaugurale) dit le réconfort qu'apporte Swifty à son pote Arbor; en écho à la fin le jeune Arbor toujours en proie à ses crises recherche une main salvatrice et en surimpression au visage de Swifty qui se dissout, celui du frère junkie! Voici un gros plan sur la mère et l'enfant; d'abord une sorte de Piéta inversée -Arbor console sa mère désemparée car elle est dépassée par les événements-; à la fin après la tragédie, l'étreinte consolatrice de la mère aimante aura valeur de "rédemption": (re) naissance d'Arbor

 

."Si vous vous ouvrez à l’amour, vous vous ouvrez aussi à la souffrance" affirmait la réalisatrice....

 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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