26 décembre 2014 5 26 /12 /décembre /2014 07:12

De George Ovashvilli

Avec Ilyas Salman Mariam Buturishvili Tamer Levent

 

Couronné au festival tchèque de Karlovy Vary 2014.

En lice pour l'Oscar du meilleur film étranger

 

 

 

À la faveur des crues du fleuve Ungari qui sépare la Géorgie de l'Abkhazie, émergent des îlots de terre fertile que les paysans s'empressent de cultiver ...dit en substance le prologue.

la-terre-ephemere.jpg

 

Nous allons assister à cette exploitation d'une terre éphémère -avant qu'elle ne soit de nouveau engloutie par les forces vives de la nature. Voici un grand-père secondé par sa petite-fille. Peu de dialogues; le regard est parole; le silence a la force persuasive de l'éloquence. Le grand-père construit la cabane, retourne la terre l'ensemence, irrigue le maïs qui va émerger grandir avant de le récolter. Gestes séculaires répétitifs que rien ne semble entraver sinon par intermittences le bruit des fusils, aux accents menaçants, et la ronde des patrouilles. La force de ce film réside précisément dans un mélange de réalisme et de contemplation. L'îlot de l'espérance semble flotter comme après le Déluge (voir l'affiche); vu de loin il dessine une sorte de cartographie, microcosme d'une réalité historique (même si l'histoire n'est que suggérée au détour d'une réflexion ou d'un constat); filmé de très près il magnifie ce labeur (les travaux et les jours). Insularité et mutisme au service de plans et cadres majestueux dans toutes les variations de la lumière et l'infinité des ambiances : les brumes opalescentes fantomatiques, les échos feutrés de bougies, la lumière vive de l'été qui éblouit le champ de maïs. . Un champ qui participe d'une dramatisation dans ce film si dépouillé: il sert de refuge à l'homme blessé (Abkhaze? Géorgien? Russe?), de cadre à la course "amoureuse" entre l'étranger et l'adolescente; c'est de là qu'on peut épier sans être vu!!.La barque très présente, se pare elle aussi de toutes sortes de connotations (passerelle entre deux mondes, garantie de survie sur une île éphémère!). Et  les personnages comme en osmose avec la nature vont épouser sa respiration et ses rythmes (bourrasques, chaleur caniculaire); vêtements qui collent à la peau ou dont on se débarrasse pour un bain nocturne!

 

Le film se prête à une lecture plurielle, retenons au moins la philosophie de l'éternel recommencement; dans la dernière séquence l'arrivée d'un autre homme sur un îlot renvoie à la scène d'ouverture; gestes identiques à ceux accomplis par le grand-père un an auparavant; on déterre un objet, marque tangible d'un passage; mais ici la "poupée" exhumée -montrée plusieurs fois en gros plan dans le film- a la valeur symbolique de l'initiation: passage à l'âge adulte

 

L'île appartient au fleuve (propos du  grand-père)

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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