De Nicolas Birkenstock
Avec Philippe Torreton (André), Armande Boulanger (Violette) , Lola Duenas (Paula) , Elie Lucas Moussoko (Pierre). Musique de Thomas Roussel
"UN seul être vous manque...". Comment survivre à l'absence d'une épouse, d'une mère qui a "disparu" un matin, abandonnant l'apparent cocon familial? Telle est l'interrogation que soulève ce premier long métrage du jeune réalisateur Nicolas Birkenstock. Il invite ainsi le spectateur à être le témoin d'une lente et difficile reconquête -celle de soi- et d'une lente reconstitution -celle de la "cellule familiale"
.
André, le père (Philippe Torreton) complètement déboussolé opte pour le silence voire le mensonge (surtout ne pas alerter l'entourage), Violette, la fille, pour la révolte et Pierre, le fils, pour le mutisme. Le réalisateur procède par petites touches, par ellipses (au spectateur d'interpréter les silences, les blancs et certains raccords); il crée aussi des ambiances qui frôlent le fantastique (à un moment Pierre risque de s'enliser dans la boue), insiste sur des scènes à valeur symbolique (la récurrence des séances d'entraînement au trampoline avec ses figures imposées: chandelle, vrille et salto); mais surtout il met en évidence un habile décalage entre la luminosité de l'environnement (c'est l'été, on vit dans un moulin qu'on est en train de réhabiliter) et la sombre tristesse qui ronge les personnages confrontés au cataclysme de l'absence.
Mais quand les démarches (recours à la "magie" et plus prosaïquement et efficacement, à un détective) vont élucider l'énigme, le "charme" n'opère plus: c'est que le film bascule dans la platitude de l'évidence! La survie est comme amputée de son incandescence (alors que dans la dernière séquence, dans le gymnase où les parents assistent à la finale, le visage du père s'était illuminé tandis que sa fille était comme suspendue entre terre et ciel...)
Colette Lallement-Duchoze