15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 09:28

Documentaire de Julie Bertuccelli

 

 

la-cour-de-babel.jpgIls se prénomment Maryam, Xu-Li, Djenabou, Marko, Ramatoulaye, Tathsarani, Felipe....Ils ont entre 11 et 15 ans. Ils sont originaires de Serbie, Tunisie, Chili Irlande du Nord, de Chine, du Maroc ou de l'Afrique subsaharienne....Ils sont là en classe d'accueil dans un collège du X° arrondissement à Paris, pour apprendre le "français", décrocher ce Delf (diplôme d'études de langue française) sorte de sésame pour entrer dans une classe dite "normale" et poursuivre un cursus "normal"!

 

Dès la première séquence le spectateur est invité à pénétrer dans le microcosme d'une classe: Maryam doit orthographier son prénom sur le tableau; les autres élèves la suivront. Un tableau bientôt constellé de multiples identités, constellé  aussi de  calligraphies diverses, alors que se déclinent les différentes façons de dire "bonjour". Identité à construire dans la diversité telle est bien la finalité de cet enseignement dispensé avec "amour" (le terme ici n'est pas exagéré) par Brigitte Cervoni (dont nous entendrons surtout la voix; le personnage est souvent hors champ la caméra de Julie Bertuccelli préférant s'attarder sur le visage des élèves ou celui des parents; mais quand l'enseignante entre dans le cadre qu'elle est filmée de face, de profil ou en plan américain on mesure sa douce empathie et dans la scène finale, celle des adieux, elle ne pourra d'ailleurs contenir ses larmes...)

 

La réalisatrice a suivi la classe durant une année scolaire. La récurrence d'un plan sur la "cour" (vue en plongée) et sa végétation rythme la narration (à l'instar du passage des saisons). Mais il est une autre dynamique interne: la fusion progressive du groupe -au départ apparemment hétéroclite-; et le voyage à Chartres pour le festival scolaire Ciné clap (avec la remise d'un prix) va sceller une amitié si authentique (par-delà certaines "hostilités") que l'arrachement en fin d'année ne peut être que douleur!

 

Le film est construit aussi sur l'alternance entre séquences classe entière (avec des gros plans sur des visages lumineux souvent), séquences avec les parents (ceux-ci sont reçus lors de la remise des bulletins et en fin d'année) et scènes en face à face. Mais toujours (ou presque) dans l'intime du microcosme que représente la classe. Et c'est ici que se dessine en creux le "destin" de ces familles (certains témoignages sont bouleversants; on devine le rôle que jouent ou joueront les adolescents quand ils maîtriseront la langue, dans cette difficile adaptation!!!)

 

Un documentaire qui bouscule "nos" préjugés sur l'Immigration et sur l'Éducation nationale !

 

Colette Lallement-Duchoze

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