De Rebecca Zlotowski. Avec Tahar Rahim (Gary Manda), Léa Seydoux (Karole), Olivier Gourmet (Gilles), Denis Ménochet (Toni)
Imbriquer une thématique de documentaire -le dur labeur des parias du nucléaire, ceux de la maintenance formés rapidement, exposés en permanence aux radiations, malgré toutes leurs précautions-, et la passion amoureuse -avec ses moments de douce volupté et ses interdits- s'inscrit dans un champ lexical bien connu de tous: cœur, dose, danger, menace, contamination, fusion, fission, etc. La réalisatrice va jouer (ad libitum) sur les alternances contrastées: à la froideur minérale voire sépulcrale de la centrale (la paroi extérieure de Tricastin envahit plusieurs fois l'écran tel un monstre; l'intérieur labyrinthique, tel un géant prédateur, "menace" de "dévorer" les humains) s'oppose la luminosité d'une nature presque bucolique; aux corps harnachés de combinaisons, masques et gants d'un blanc livide répond la sensualité de corps à demi dénudés, allongés dans l'herbe tendre; au silence empreint de frayeur des ouvriers, au cœur du réacteur, répond leur joie de "vivre" quand ils se retrouvent "entre amis" avec leurs beuveries, leurs chansons, leurs galéjades, leur "rodéo". Et quand la Menace d'abord latente se concrétise, en écho c'est le couple adultère qui se délite...Les visages embués de pleurs ou fermés en disent long sur ce que sera inéluctablement le "futur"
Une dynamique certes séduisante!! D'autant que la distribution est cardinale: Olivier Gourmet (sublime) Léa Seydoux (Vénus sybarite) Tahar Rahim (naïf et tendre) Denis Ménochet (ah sa geule et son regard!). Et la musique de Rob (le martèlement du train sur les rails au tout début ...) qui imprime un rythme si particulier.!
Est-ce pour autant un "grand" film? Que n'ai-je lu ou entendu des propos dithyrambiques allant jusqu'à le comparer à ceux d'illustres devanciers (Renoir, Becker); ce n'est pas parce qu'un des personnages se prénomme Toni qu'on fait du Renoir....
Colette Lallement-Duchoze