Documentaire réalisé par Shola Lynch 2011
A ceux qui déplorent l'absence d'ancrage biographique (ce que fut Angela jeune par exemple). je leur répondrai que ce documentaire n'est pas un biopic. Il s'ouvre sur la "condamnation" d'Angela Davis en août 1970 (on avait soi-disant toutes les raisons de la désigner complice de meurtres...); puis en un long flash back la réalisatrice met en évidence tout ce qui a précédé cette accusation, soit les "raisons inavouées" -l'ostracisme dont fut victime la jeune professeur militante, son renvoi de San Diego par le gouverneur Reagan "une Noire communiste" quelle horreur! entre autres-, avant de s'intéresser à la captivité puis au procès. En outre le titre "free Angela" renvoie aux slogans scandés par les manifestants défilant aux USA mais aussi en Europe réclamant la libération de celle qui était devenue une icône. Enfin le choix de la date n'est pas anodin: le documentaire salue, en le fêtant, l'anniversaire de l'acquittement (soit 40 ans).
Ces réponses valent aussi pour ceux qui reprochent à la réalisatrice d'avoir privilégié l'aspect iconique d'Angela, au détriment du politique (prétendu "parent pauvre" de son film)
Sur un rythme soutenu parfois "échevelé", le documentaire mêle interviews récentes d'Angela et des acteurs témoins (sa soeur, des ami(e)s, avocats) et images d'archives (la jeune Angela haranguant des foules enthousiastes, Hoover du contre-espionnage au FBI -qui avait participé aussi au meurtre de Martin Luther King-, Nixon, un Kennedy, Marcuse, Genet, etc.); de gros plans sur le visage d'Angela (avec ou sans son "casque" africain), sur celui de George Jackson, sur des phrases extraites de documents d'époque...
Les paroles récentes d'Angela jouent ainsi le rôle de commentaires ou de "contrepoint" (et l'Histoire tordra le cou aux propos comminatoires de Nixon); à (presque) 70 ans Angela poursuit le combat!!
Un film à ne pas rater!
Colette Lallement-Duchoze