Donoma un film Djinn Carrénard
Synopsis : Une enseignante s’engage dans une relation ambiguë avec le cancre de sa classe de lycée professionnel ; une jeune femme déçue en amour décide de court-circuiter tous ses critères conscients et inconscients de choix, en sortant littéralement avec le premier venu ; la dernière histoire met en scène une jeune fille agnostique qui va être amenée à se poser des questions sur la religion chrétienne. Elle va au cours de son questionnement rencontrer un jeune homme un peu marginal et très croyant. Toutes ces histoires se croisent sans s’influencer, et trouvent une symbolique dans le lever de soleil qui donne son nom au film : Donoma (Le jour est là).
Ma critique : Les médias ont présenté ce film comme un film Ovni car fait avec 150 euros pour la petite histoire. J’ai été très surprise par l’audace, l’énergie, la poésie et l’ingéniosité que recèle Donoma. Je ne me suis pas ennuyée sur les 2h13. On y suit trois intrigues mêlant une douzaine de personnages.
Certes, il en résulte une image pas souvent bien cadrée, floue, un montage chaotique, des écrans noirs et un son imparfait. Les sous-titres attirent l’œil avant qu’on n'y fasse plus attention pour se concentrer sur l’histoire et le jeu des acteurs et finalement, ils nous aident aussi pour passer le barrage du langage saccadé des personnages comme dans l’ « Esquive ». Oui j’ai pensé aussi au film d’A. Kechiche. C’est un jeu d’amour et de hasard. Ici se déploie un véritable chassé-croisé de sentiments refoulés et pris au piège, des déclarations d’amour naïves, la recherche d’une âme-sœur spirituelle ou fraternelle et les premiers désirs sexuels déclenchés par idéalisme rebelle ou conformisme social.
Tous les moyens financiers et techniques qui manquent sont remplacés par des moyens de créativité. Les femmes ont la part belle dès le début. Elles ont l’ascendant mental sur des personnages masculins perdus et faibles dans des scènes crues et sans complexité avant que les choses ne se retournent contre elles. Les hommes sont mis à nu sous toutes les formes. Les systèmes de déclaration (la prof qui raconte son rapport ambigu avec son élève à la légère à ses copines, la mystique qui se dévoile à sa psy, la photographe qui fait la voix-off d’une relation muette dont elle établit elle-même les règles) permettent d’approfondir le traitement de chaque histoire.
Donc c’est un vrai tissage tragi-comique, intelligent et le tout en fait un film très solide malgré une pointe misogyne au final.
Béatrice Le Toulouse