16 mars 2015 1 16 /03 /mars /2015 14:20

Premier long métrage du cinéaste estonien  Martti Helde

Avec Laura Peterson, Tarmo Song, Mitr Preegel, Ingrid Isotamm

Musique de Part Uusberg

Présenté au Festival "Premiers Plans" d'Angers (janvier 2015)

 

Des clauses secrètes du pacte germano-soviétique de "non-intervention" ont permis à la Russie d'occuper l'Estonie. Et le 14 juin 1941 sur ordre de Staline des familles chassées par milliers de leurs foyers sont envoyées dans des camps de déportation en Sibérie.

En l'absence d'archives (film ou documentaire) sur cette période, le cinéaste estonien a lu des témoignages , rencontré des "survivants" et surtout il a découvert des lettres, dont celles d'Erna! Ce sera le "matériau" de son film Crosswind

 

 

crosswind.jpgLes lettres d'Erna destinées à son mari -jamais envoyées car elle ignorait où il se trouvait- insistaient sur la notion de temps. Un temps comme aboli dans le camp de déportation (pour femmes) en Sibérie. Aussi pour en rendre compte, Martti Helde a-t-il opté pour un "dispositif" qui donne l'impression d'un temps suspendu: lents travellings latéraux, personnages comme figés dans une posture, une position  ou l'incomplétude d'un geste,  longs plans fixes et/ou "tableaux vivants", que renforcent le choix du noir et blanc et la musique de Part Uusberg. L'absence de dialogues est compensée par la voix off de l'actrice qui lit les lettres de cette épouse séparée de son mari, de cette femme  qui lutte pour "survivre", de cette mère angoissée par la santé fragile de sa petite fille.  Des lettres qui disent l'ineffable, des lettres qui modulent un tempo dans ce double exil: celui de la déportation et l'exil intérieur parsemé de réminiscences de l'intime. Elle appartient désormais à une autre époque cette robe aux motifs assortis à la vaisselle; bien loin aussi ce petit déjeuner  d'avant le basculement dans l'Horreur; horreur de la captivité dont le travail forcé, la faim, la misère et la mort sont le lot quotidien....

 

À l'instar d'Erna prisonnière dans la forêt de Sibérie le spectateur doit se sentir prisonnier de chaque plan" telle est la volonté du cinéaste. Certains spectateurs seront réfractaires dubitatifs ou dénonceront un "exercice de style superfétatoire". D'autres (dont je suis) se laisseront envoûter par la beauté tragique de la forme et habiter  par la Douleur !

Au retour des camps Erna est sans repères "que vaut la liberté si le prix à payer est la solitude"

Colette Lallement-Duchoze

 

Certes Crosswind est esthétiquement très réussi, le noir et blanc intense avec ses camaïeus de gris nous plongent dans une tristesse accablante. Mais quel ennui ! Un moyen métrage de 50 minutes (soit moitié moins) eut suffi. Car il n'est question que d'une longue litanie sur la souffrance, le malheur, l'arbitraire, sans que le film ne nous éclaire en quoi que ce soit sur les vraies raisons de cette déportation, les conditions de vie... hormis la faim. Le réalisateur accomplit un exercice de style mais pas un vrai film avec un scenario qui dépasserait l'anecdote au profit d'un témoignage sur un évènement historique cruellement mal connu. Le spectateur sort de la salle triste mais frustré, renvoyé seulement à de la compassion. Il n'est pas étonnant que Télérama, magazine à l'idéologie chrétienne très marquée ait aimé ce film.. On attend de ce très jeune (27 ans) réalisateur talentueux de sortir du diaporama la prochaine fois.              Serge Diaz   lundi  16/03/2015

 

 

 

Crosswind n'est pas un documentaire (le réalisateur  expliquait d'ailleurs à Angers pourquoi il avait choisi la fiction).  Donc  ne pas imputer à une oeuvre de  fiction d'éventuelles faiiblesses qui seraient peut-être  justifiées  pour un documentaire- Les lettres d'Erna ont valeur de témoignage; mais elles sont  si  éloquentes dans leur pudeur et si poignantes dans leur  prosaïque vérité qu'elles acquièrent une valeur universelle!  La gageure pour Martti Helde était de rendre compte du temps " pour Erna le temps s'est arrêté en Sibérie; sa seule réalité ce sont les souvenirs qu'elle a du passé"  Très bien dans ce cas je vais filmer ce qu'elle écrit, je vais figer le temps de façon à ce que le spectateur ressente exactement ce qu'elle décrit" L'enfermement du spectateur dans chaque plan est donc délibéré; certains se sentiront  asphyxiés ! d'autres seront comme aspirés!  Mais le réallisateur lui aura mené à bien son projet...                    Colette mardi 17/03

 

Je sors du cinéma. J'ai été subjuguée par ce film. je ne me suis pas ennuyée une seconde. il faut dire que pour connaitre un peu l'Estonie, j'étais peut-être plus sensible à l'histoire. je le recommande aussi pour ce choix de mise en scène et en images.

Isabelle Lepicard lundi 30/03

 

 

 

 

 

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L
je sors du cinéma. j'ai été subjuguée par ce film. je ne me suis pas ennuyée une seconde. il faut dire que pour connaitre un peu l'Estonie, j'étais peut-être plus sensible à l'histoire. je le recommande aussi pour ce choix de mise en scène et en images.
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S
<br /> Certes Crosswind est esthétiquement très réussi, le noir et blanc intense avec ses camaïeus de gris nous plongent dans une tristesse accablante. Mais quel ennui ! Un moyen métrage de 50 minutes<br /> (soit moitié moins) eut suffi. Car il n'est question que d'une longue litanie sur la souffrance, le malheur, l'arbitraire, sans que le film ne nous éclaire en quoi que ce soit sur les vraies<br /> raisons de cette déportation, les conditions de vie... hormis la faim. Le réalisateur accomplit un exercice de style mais pas un vrai film avec un scenario qui dépasserait l'anecdote au profit<br /> d'un témoignage sur un évènement historique cruellement mal connu. Le spectateur sort de la salle triste mais frustré, renvoyé seulement à de la compassion. Il n'est pas étonnant que<br /> Télérama, magazine à l'idéologie chrétienne très marquée ait aimé ce film.. On attend de ce très jeune (27 ans) réalisateur talentueux de sortir du diaporama la prochaine fois.<br />
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